IA générative : le gouvernement lance un appel à projet de plusieurs dizaines de millions d'euros

Le ministère de l'Economie va lancer ce jeudi un appel à projet de plusieurs dizaines de millions d'euros pour développer des applications basées sur l'intelligence artificielle. Une annonce qui fait suite au rapport rendu mi-mars par le Comité de l'IA générative estimant que la France devrait investir 5 milliards d'euros par an sur 5 ans si elle veut rester dans la course face aux Etats-Unis et à la Chine.
Marina Ferrari, secrétaire d'Etat en charge du Numérique, précise que l'appel à projets « ciblera les applications de l'IA générative qui présentent les meilleures opportunités de marché ».
Marina Ferrari, secrétaire d'Etat en charge du Numérique, précise que l'appel à projets « ciblera les applications de l'IA générative qui présentent les meilleures opportunités de marché ». (Crédits : DR)

La France cherche ses champions de l'IA. Un appel à projet de plusieurs dizaines de millions d'euros pour développer des applications basées sur l'intelligence artificielle générative va être lancé. Le but : trouver les futurs Mistral AI, championne française et européenne de l'IA, au sein de l'écosystème numérique français.

« Nous ciblerons les applications de l'IA générative qui présentent les meilleures opportunités de marché », a affirmé à l'AFP Marina Ferrari, secrétaire d'Etat en charge du Numérique, qui s'apprête à dévoiler cet appel à projet ce jeudi à Paris lors d'un discours à l'IA Day, un événement organisé par l'association de start-up France Digitale. « Nous soutiendrons également les projets collaboratifs, prioritairement dans les domaines du droit, de la santé, du chiffre et de la programmation informatique », a-t-elle détaillé.

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« Un effort réaliste »

Pour l'exécutif, l'objectif est de s'assurer que les outils développés dans ce cadre puissent être répliqués chez d'autres utilisateurs d'un même secteur d'application, voire dans d'autres secteurs, pour optimiser l'investissement d'argent public. Dans le détail, Bercy indique que les projets devront présenter une assiette de travaux comprise entre 1 et 5 millions d'euros. Cette opération vise à faire émerger des technologies souveraines spécialisées, dans la lignée d'entreprises comme Jimini (documents juridiques), Bioptimus (biologie) ou Nabla (assistant médical).

Cette annonce fait suite au rapport rendu mi-mars à l'Elysée par le Comité de l'intelligence artificielle générative, qui estimait que la France devrait investir cinq milliards d'euros par an sur cinq ans si elle voulait rester dans la course face aux Etats-Unis et à la Chine. « C'est un effort réaliste », cette somme représentant 0,3% des dépenses publiques, avait alors plaidé l'économiste Philippe Aghion, co-président du comité, à l'issue d'une rencontre à l'Elysée, au cours de laquelle 25 propositions ont été présentées.

Malgré des efforts louables, la France investit actuellement trois fois moins en IA que les Etats-Unis en proportion du PIB, avait-il rappelé. « Le risque, c'est de nous retrouver dépourvus d'entreprises spécialisées dans l'IA et de voir nos entreprises perdre en compétitivité alors que l'objectif du gouvernement est de faire de la France un acteur majeur du secteur. »

Former « sans délai, massivement et en continu »

Ce comité réunit une quinzaine d'experts, parmi lesquels Cédric O, ancien secrétaire d'État au Numérique désormais consultant, Yann LeCun, directeur du laboratoire d'IA de Meta, Joëlle Barral, directrice scientifique chez Google, ou encore Arthur Mensch, cofondateur de Mistral AI.

Au-delà de l'enjeu économique, le rapport insiste sur la nécessité de sensibiliser le grand public et de former « sans délai, massivement et en continu » aux métiers de l'IA. Il propose, par exemple, de développer les formations dans le supérieur ou d'encourager les enseignants à l'utiliser. « Sans cela, nos autres recommandations ne pourront pas donner leur plein effet », a constaté Anne Bouverot, présidente du conseil d'administration de l'École normale supérieure (ENS), également à la tête du comité. Les experts souhaitent faire de la France et l'Europe « un pôle majeur de la puissance de calcul » en facilitant l'installation de centres de calcul privés, indispensable au bon fonctionnement de l'IA.

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Le prochain sommet international sur l'IA, que la France doit accueillir d'ici un an, aura vocation, selon les experts du comité, à poser les bases d'une « gouvernance internationale », autour d'une coalition mondiale d'acteurs privés et publics.

Le modèle de langage de Mistral AI disponible sur Bedrock (Amazon)

Le modèle de langage Mistral Large de la startup française Mistral AI est désormais disponible sur Bedrock, l'outil de création et de déploiement d'applications d'intelligence artificielle (IA) générative d'Amazon, qui arrive en France, ont annoncé des responsables de deux entreprises mercredi.

« Parmi nos clients, on a beaucoup de clients d'AWS », le service de cloud du géant américain du commerce, a fait valoir Arthur Mensch, cofondateur de Mistral AI, lors de l'ouverture de la 11e édition du « AWS Summit » à Paris, un salon professionnel dédié à l'IA, au cloud et au numérique. Mi-mars, la société française, valorisée à quelque 2 milliards de dollars selon des sources financières, avait déjà affirmé qu'elle ne comptait pas « abandonner » le principe du libre accès au code, alors que son entreprise a lancé avec Microsoft une offre payante de sa technologie. Cette annonce répondait à une plainte du milliardaire Elon Musk contre OpenAI - le créateur de ChatGPT, qui a aussi des liens étroits avec Microsoft - et ses cofondateurs Sam Altman et Greg Brockman, leur reprochant d'avoir abandonné la mission originelle de la société.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 05/04/2024 à 11:26
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A tous les coups ce sera pour DigitalKin.ai !

à écrit le 04/04/2024 à 23:12
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L'initiative française de lancer un appel à projets en intelligence artificielle générative, avec une enveloppe financière qui semble généreuse à première vue, s'avère être, en réalité, une goutte d'eau dans l'océan des investissements nécessaires po...

à écrit le 04/04/2024 à 15:04
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Qui va s'en mettre plein les poches et pour quoi faire ?

le 04/04/2024 à 23:52
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Bon commentaire ! Quand le gouvernement français jette quelques millions dans l'IA, face aux milliards nécessaires évoqués par les experts comme Cédric Villani, pour ne citer que lui en France, on frôle l'absurde. Villani a été clair : sans 2 milliar...

à écrit le 04/04/2024 à 14:38
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un concurrent francais de chatgpt, y en a un, d'ailleurs il ne va pas rester francais tres longtemps! pour le financement, la gauche de haollande a casse les reins aux business angels, maintenant elle offre les bequilles, felicitations! tout ca poiur...

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