De Katy Perry à Elvis Costello, 200 musiciens craignent de se faire remplacer par les IA

« Quand elle est utilisée de manière irresponsable, l'IA constitue une importante menace pour notre vie privée, notre identité, notre musique et nos revenus », écrivent des musiciens représentés par l’ONG Artist Rights Alliance dans une lettre ouverte adressée à l’industrie de la tech. Une contestation de plus des artistes à l’encontre de l’utilisation « prédatrice » de l’intelligence artificielle.
Parmi les signataires de la lettre ouverte : Katy Perry, Elvis Costello, Billie Eilish, Norah Jones, Nicki Minaj...
Parmi les signataires de la lettre ouverte : Katy Perry, Elvis Costello, Billie Eilish, Norah Jones, Nicki Minaj... (Crédits : © Pilar Olivares / Reuters)

Le mouvement de révolte contre les intelligences artificielles s'intensifie. Après les grèves d'Hollywood il y a quelques mois, c'est au tour de l'industrie de la musique de faire entendre collectivement son mécontentement. Plus de 200 artistes ont signé ce mardi une lettre ouverte adressée aux entreprises technologiques, développeurs et plateformes de streaming. Les signataires appellent ces derniers à s'engager « à ne pas développer ou déployer de technologie, de contenu ou d'outils de génération de musique par IA qui sapent ou remplacent les auteurs-compositeurs et les artistes, et qui les privent d'une juste rémunération ». Le média américain Axios souligne qu'il s'agit de l'une des positions les plus fortes prises par l'industrie musicale à l'encontre de l'intelligence artificielle générative.

Parmi les signataires, on trouve : Katy Perry, Elvis Costello, Billie Eilish, Norah Jones, Nicki Minaj, Ja Rule, Jason Isbell, ou encore Pearl Jam... Tous les genres musicaux ou presque sont représentés. Tous sont membres de l'Artist Rights Alliance, une organisation qui défend les droits des artistes « à l'ère numérique ».

« Saboter la créativité et saper le travail des artistes »

Ils reconnaissent que l'intelligence artificielle, si utilisée intelligemment, peut bénéficier à la créativité. « Malheureusement certaines plateformes et certains développeurs d'IA utilisent la technologie pour saboter la créativité et saper le travail des artistes, des auteurs-compositeurs, des musiciens et des détenteurs de droits, écrivent-ils. Quand elle est utilisée de manière irresponsable, l'IA constitue une importante menace pour notre vie privée, notre identité, notre musique et nos revenus ». Les artistes pointent directement du doigt les entreprises utilisant, sans leur accord, leurs voix et musiques pour entraîner de nouveaux modèles. Ces efforts ont pour but de remplacer le travail des artistes, écrivent-ils.

La lettre intervient quelques jours après l'annonce d'OpenAI, le créateur de ChatGPT et l'un des leaders du secteur, d'un outil permettant de cloner une voix en quelques secondes. Celui-ci n'est pas encore sur le marché. Mais des équivalents existent déjà, dont les outils d'Eleven Labs, Replica Studio ou Papercup.

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Ces derniers mois, plusieurs artistes dont The Weeknd, Drake, Ariana Grande et Jay Z ont, en effet, été victimes de deepfakes musicaux, des morceaux créés par IA reprenant leurs voix et leur style musical sans leur consentement.

Ces cas ont d'ailleurs déjà poussé l'État du Tennessee à adopter il y a quelques jours une loi encadrant l'utilisation de l'IA générative dans l'industrie musicale. Baptisée « Elvis Act », elle met à jour la loi de l'État sur la protection des droits personnels pour inclure la protection de la voix des auteurs-compositeurs, des interprètes et des professionnels de l'industrie musicale contre l'utilisation abusive de l'IA.

Mais dans le cas de la lettre signée par les 200 artistes, celle-ci n'a pas d'objectif législatif, explique Jen Jacobsen, directeur exécutif de l'Artist Rights Alliance. « Nous appelons nos partenaires technologiques et numériques à travailler avec nous pour faire de ce marché un lieu responsable, pour préserver la qualité de la musique et ne pas remplacer les artistes ».

Un bras de fer entre artistes, studios et entreprises de l'IA qui durent depuis des mois

Ce n'est pas le premier mouvement contestataire à l'encontre de l'intelligence artificielle dans le monde. La crainte de voir son travail repris pour créer des contenus synthétiques faisait déjà partie des points relevés par des acteurs et scénaristes lors du mouvement de grève à Hollywood il y a quelques mois.

À l'issue de cette grève, la Screen Actors Guild (SAG-AFTRA) a obtenu un accord statuant notamment sur l'utilisation de la technologie. Celui-ci garantit aux artistes le consentement et une rémunération juste en cas de déploiement de l'intelligence artificielle, sans empêcher son utilisation. D'ailleurs, il y a quelques jours, Sam Altman, PDG d'OpenAI, était en pleine opération séduction auprès des géants d'Hollywood pour vendre les mérites de Sora, son IA créatrice de vidéos.

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Commentaires 2
à écrit le 03/04/2024 à 9:58
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Pour l'instant le deep learning ne permet pas encore à tous les protagonistes de se remettre profondément en question et donc remettre en question la société du spectacle qui nous asservi. Tout dépendra en effet de ce que les propriétaires de ce nouv...

à écrit le 02/04/2024 à 18:57
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Elvis Costello doit avoir dans les 70 ans, l'IA ne va pas beaucoup le toucher😂.

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