Ce fût un lundi important pour Mistal AI. Et pour cause, le champion français de l'intelligence artificielle a présenté le 4 mars dernier son plus puissant modèle à ce jour d'IA, sobrement baptisé Mistral Large. Ce dernier, capable de rivaliser avec les meilleures références du marché, n'était alors accessible que sur la plateforme de la startup tricolore et sur Azure, le cloud de Microsoft.
Avant même cette présentation, le partenariat privilégié avec le géant américain avait suscité la satisfaction de la France. La secrétaire d'Etat au numérique, Marina Ferrari, s'en était ainsi félicitée dans La Tribune, affirmant le plein soutien du gouvernement.
Mais il a également attiré l'attention de l'Union européenne, la Commission ayant indiqué vouloir l'« examiner ». Car, si elle le juge nécessaire, elle pourrait ouvrir une enquête formelle afin de prévenir un éventuel abus de position dominante du géant des logiciels. Pour sa défense, Mistral a rappelé que son partenariat n'était pas exclusif, et que son modèle serait accessible ailleurs.
Résultat, mardi soir, c'était au tour de la plateforme spécialiste des données Snowflake de s'octroyer un accès à Mistral Large pour le proposer à ses clients. L'entreprise américaine, fondée par deux Français en 2012, a accompagné ce partenariat d'un investissement (au montant non communiqué) au capital de la jeune pousse (via Snowflake Ventures), à l'instar de Microsoft (qui avait mis 15 millions d'euros sur la table).
Mistral Large, un atout pour Snowflake
Méconnu du grand public, Snowflake propose un logiciel de gestion des données dans le cloud, afin de permettre à ses clients d'avoir une meilleure vue d'ensemble de leurs données et d'en tirer le plus de valeur possible. Précision importante : il ne s'agit que d'une couche logicielle au-dessus de l'infrastructure des fournisseurs de cloud. La plateforme est agnostique et peut être hébergée sur AWS, Microsoft Azure,Google Cloud ou encore OVHCloud et d'autres.
Snowflake a pris le virage de l'IA générative tête la première dès 2023. Elle affiche ni plus ni moins l'ambition d'être « le meilleur endroit pour exécuter, distribuer et monétiser une nouvelle génération d'applications basées sur les données », dixit son cofondateur Benoît Dageville. Parmi les nouvelles fonctionnalités se trouve par exemple Cortex, une boîte à outils pour créer des applications nourries à l'IA directement sur la plateforme. Mistral Large rejoint ainsi les autres modèles à disposition des clients de Snowflake pour construire leurs applications dopées à l'IA.
Pente à remonter
Le spécialiste des données est à la fois un concurrent de Microsoft Azure -puisque sa plateforme se chevauche avec plusieurs services du géant américain- et un de ses partenaires. Les deux entreprises avaient d'ailleurs signé l'an dernier un accord pour permettre aux entreprises d'utiliser les données de leur plateforme Snowflake pour alimenter l'outil Azure OpenAI, qui permet d'intégrer les modèles d'OpenAI (le créateur de ChatGPT) dans les applications.
Avec ce partenariat, Mistral Large est aujourd'hui accessible de trois manières. Chez Mistral en direct ; par le biais d'un unique fournisseur de cloud Microsoft Azure, et enfin, par celui d'un logiciel de gestion de données, Snowflake. Exactement comme les modèles d'OpenAI... en attendant peut-être un partenariat avec un autre fournisseur de cloud ?
De l'autre côté, l'annonce de ce partenariat ne peut que faire du bien à Snowflake, qui s'est effondré de plus de 25% en Bourse suite à l'annonce du départ de son directeur général Frank Slootman la semaine dernière. Dans le même temps, l'entreprise avait présenté des résultats financiers trimestriels mitigés, avec un chiffre d'affaires de 774,7 millions de dollars en augmentation de 33% par rapport à l'année précédente, plombé par des pertes également en augmentation de 15%, à hauteur de 275,5 millions de dollars.
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