France : l'inflation cède du terrain...mais persiste

Après avoir atteint 5,9% en avril puis 5,1% en mai sur un an, l'inflation a atteint 4,5% en juin. Et ce, grâce à un recul des prix de l'énergie, mais aussi des prix de l'alimentation. Une tendance positive que l'on retrouve dans plusieurs pays européens, comme l'Espagne où l'inflation a atteint en juin 1,9%, soit l'objectif que s'est fixé la BCE. La bataille contre la hausse des prix n'est pourtant pas encore gagnée.
Coline Vazquez
En juin, la hausse des prix de l'alimentaire en France a connu un ralentissement.
En juin, la hausse des prix de l'alimentaire en France a connu un ralentissement. (Crédits : Reuters)

[Article publié le vendredi 30 juin à 09H26 et mis à jour à 18H51] La tendance positive se poursuit en France sur le front de l'inflation, où elle a atteint 4,5% sur un an en juin, contre 5,1% en mai et 5,9% en avril, selon la première estimation communiquée par l'Insee ce vendredi. Un chiffre qui doit néanmoins encore être confirmé par l'institut dans son estimation définitive prévue mi-juillet. De son côté, l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), indicateur de référence pour les comparaisons entre pays européens, a progressé de 5,3% sur un an, contre 6% en mai.

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La hausse des prix a donc ralenti pour le deuxième mois d'affilée, mais surtout, elle est repassée pour la première fois depuis avril 2022 sous la barre des 5%. Pour autant, l'heure demeure à la prudence quant à l'évolution de la situation.

Vers un retour de l'inflation énergétique

Le ralentissement enregistré en juin s'explique en partie par celui des prix de l'énergie (-3% sur un an), détaille l'Institut national de la statistique et des études économiques dans son communiqué. Néanmoins, si « la tendance à la désinflation est très clairement engagée, et va continuer, elle sera probablement moins rapide en France que dans les autres pays européens, en raison d'effets de base moins favorables pour l'énergie », estime Charlotte de Montpellier, économiste chez ING qui prédit un retour dans le positif de l'inflation énergétique. « Les prix de l'énergie pour la suite de 2023 risque, en effet, de rester plus élevés que leurs niveaux en 2022, contrairement à ce qui s'observe dans les autres pays. Cela maintiendra probablement l'inflation totale plus élevée en France qu'ailleurs cet automne et à la fin de 2023 », explique-t-elle.

Les prix de l'alimentation toujours à un niveau élevé

Sur le front de l'alimentation, les chiffres publiés ce vendredi illustrent également une tendance positive puisque la hausse des prix de cette catégorie a connu un ralentissement en juin. Un signal fort car, si c'est d'abord l'énergie qui a tiré l'inflation à la hausse notamment du fait du déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022 avant de décroître dernièrement - les cours du gaz naturel et du baril de pétrole ont baissé respectivement de plus de 60% et de plus de 30% sur un an -, l'alimentaire a pris le relais depuis quelques mois. Et si la progression des prix de l'alimentation est passée de +14,3% sur un an en mai à +13,6% en juin, ils demeurent à un niveau élevé. D'autant que les produits alimentaires frais se sont renchéris plus vite qu'en mai (+11,1% après +10,7% en mai). De même, en zone euro, malgré la baisse de l'inflation générale, « la hausse des prix des produits alimentaires reste élevée, à 13,6 % en avril contre 15,5 % en mars », soulignait Christine Lagarde, présidente de la BCE, le 4 mai. L'inflation de l'alimentation devrait toutefois poursuivre son ralentissement en France dans les prochains mois, selon Charlotte de Montpellier au vu de l'évolution des prix des produits agricoles. Elle note également que la croissance des indices de prix à la production ralentit nettement et les intentions de prix des entreprises se modèrent très significativement.

Gare à ne pas crier victoire trop vite néanmoins. Si la baisse de l'inflation est notable, elle s'explique d'abord par un effet de base. Autrement dit, cela ne signifie pas que les prix baissent, mais bien que leur progression s'atténue. En France, l'inflation a ainsi ralenti à 4,5% par rapport au niveau de juin 2022, date à laquelle les prix étaient déjà en progression de 5,8% par rapport à juin 2022.

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Risque de hausse de l'inflation des services

« Si cette tendance est clairement encourageante et sera accueillie avec soulagement par la BCE, cela ne veut pas dire que la problématique de l'inflation est complètement dernière nous. Il reste une importante poche de risques, celle de l'inflation des services, qui risque d'augmenter dans les prochains mois et deviendra probablement d'ici la fin de l'année le principal contributeur à l'inflation française », pointe en outre l'économiste d'ING. En effet, l'augmentation du coût des services (+2,9%) et des produits manufacturés (+4,3%) s'est faite en juin à un rythme quasiment inchangé par rapport au mois de mai.

Christophe Blot, directeur adjoint du département Analyse et prévision à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), se montre, lui aussi prudent. Prenant l'exemple de l'Espagne qui fait office de meilleure élève au sein de la zone euro avec, en juin, une inflation à 1,9% sur un an, il explique à La Tribune :

« Il est un peu tôt pour faire un bilan complet. Le pays est encore dans une période d'ajustement. Attendons de voir comment cette dynamique va se poursuivre dans les mois à venir et si elle suit dans les autres pays ».

Et pour cause, l'inflation est repartie à la hausse en Allemagne en juin à 6,4% sur un an, selon des chiffres provisoires également publiés jeudi. L'indicateur augmente ainsi de 0,3 point de pourcentage par rapport au mois de mai et affiche une première hausse depuis le pic d'octobre dernier à 8,8%, a indiqué l'Office statistique Destatis.

Vers de nouvelles hausses de taux

De quoi compliquer la mission de la BCE d'atteindre 2% au sein de la zone euro. Car c'est bien une politique harmonisée que mène l'institution monétaire qui ne saurait donc infléchir son resserrement monétaire aux seuls bons résultats de quelques pays. Elle devrait donc procéder à de nouvelles hausses de taux dans les mois à venir. « Notre travail n'est pas fini. Sauf changement important dans nos perspectives, nous poursuivrons le relèvement des taux en juillet », avait, en effet, déclaré Christine Lagarde mi-juin lors du précédent relèvement de 25 points de base mi-juin. « Dans un futur proche, il est improbable que la banque centrale soit en mesure d'affirmer avec certitude que les taux ont atteint leur point haut », avait-elle ajouté.

Coline Vazquez
Commentaires 14
à écrit le 01/07/2023 à 15:47
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En France les commerçants les industriels les grandes distributions nous prennent pour des gogos.. consommons le minimum pendant 3 - 6 mois et les prix baisseront .

à écrit le 01/07/2023 à 9:18
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L'inflation ne tient pas compte des prix de l'alimentation et de l'énergie (IPC) - entre-autres - dans sa modélisation et, maintenant, nos apprentis-sorciers veulent les considérer pour donner l'impression d'un reflux. Par contre, le resserrement de ...

le 01/07/2023 à 10:58
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"accroit le cout du crédit pour les entreprises " question : que représente le cout du crédit dans la valeur finale d'un bien ou d'un service ? Les chefs d'entreprises l'ont un peu facile , hier c'était les salaires et les charges sociales, aujourd'h...

le 03/07/2023 à 10:56
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@Raymond. On ne peut mieux imager la situation en France. Ca va etre terrible pour ceux qui n'ont pas un petit pecule de cote.

à écrit le 01/07/2023 à 8:37
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Pourquoi ne pas mettre en comparaison l’inflation enregistrée en 2023 et celle enregistrée les mêmes mois en 2022 dans un échantillon de pays? En effet, la France a instauré l’an dernier un plafond tarifaire contrairement à d’autres pays. L’inflation...

le 01/07/2023 à 15:46
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Comment expliquez vous alors le différentiel avec l Espagne . Qu est-ce qui explique et justifie l écart de inflation entre l Espagne et la France ?…

le 01/07/2023 à 15:46
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Comment expliquez vous alors le différentiel avec l Espagne . Qu est-ce qui explique et justifie l écart de inflation entre l Espagne et la France ?…

à écrit le 01/07/2023 à 8:36
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La seule bonne nouvelle actuelle

à écrit le 30/06/2023 à 17:59
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Auriez-vous l'obligeance de nous rappeler comment l'INSE estime/bidouille le taux d'inflation pour ne pas mettre en difficulté le Pouvoir? Et tant que vous y êtes, nous dire également le taux d'inflation réel des produits de première nécessité: alime...

à écrit le 30/06/2023 à 11:27
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Les utilisateurs se sont bien fait avoir avec l'augmentation des granulés de bois (pellets). Au début de l'hiver les fabricants ont fait croire qu'il y avait tension sur la fourniture à cause de la forte demande et que l'augmentation des coûts (élect...

le 30/06/2023 à 11:47
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Quand on choisit une source alternative, il faut toujours veiller a stocker a l'avance. Cela evite de passer pour une poire.

à écrit le 30/06/2023 à 9:50
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Et donc en cumulé svp on en est à combien là ? + 50% ? + 60% ? Encore plus ?

le 30/06/2023 à 12:16
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Sur 50 ans sans doute !

le 30/06/2023 à 21:18
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Toujours pas de réponse donc, tu devrais faire tes courses toi-même vieux là ça se voit.

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