Le choc inflationniste continue de plomber l'économie française

Après un dernier trimestre atone (0%), la croissance du produit intérieur brut (PIB) est repartie à la hausse à 0,2% au premier trimestre. L'inflation a continué d'accélérer au mois d'avril laissant présager encore des difficultés du côté de la demande des Français. En zone euro, la croissance a fait quasiment du surplace au premier trimestre (0,1%) après un dernier trimestre 2022 décevant (0%). L'Allemagne échappe de peu à la récession.
Grégoire Normand
L'inflation alimentaire demeure le principal moteur de l'indice général des prix à la consommation en ce début d'année.
L'inflation alimentaire demeure le principal moteur de l'indice général des prix à la consommation en ce début d'année. (Crédits : Reuters)

L'économie française avance sur une ligne de crête. Après les craintes de récession en fin d'année 2022, l'activité oscille entre la stagnation et le faible rebond. La croissance du produit intérieur brut (PIB) a fait du surplace au quatrième trimestre 2022 (+0%) avant de légèrement accélérer au premier trimestre 2023 (+0,2%) selon les derniers chiffres de l'Insee dévoilés ce vendredi 28 avril.

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Il s'agit « d'une performance de croissance en demi-teinte », a souligné l'économiste de BNP-Paribas Stéphane Colliac. L'institut de statistiques a révisé à la baisse ses chiffres du troisième (-0,1 point) et quatrième (-0,1 point) trimestres 2022 et légèrement à la hausse ceux du premier trimestre (+0,1 point).

Après une année 2022 marquée par la guerre en Ukraine, le gouvernement table toujours sur une croissance de 1% en 2023 dans son dernier programme de stabilité pour la période 2023-2027 envoyé cette semaine à Bruxelles. Mais cette prévision est deux fois supérieure aux projections du consensus des économistes (+0,5%) comme l'a souligné le Haut conseil des finances publiques dans son dernier avis rendu public cette semaine.

Le commerce extérieur a tiré la croissance vers le haut au T1

Dans le détail, le commerce extérieur a poussé la croissance du produit intérieur brut vers le haut entre janvier et mars. « La progression du PIB est à mettre sur le compte du commerce extérieur, qui contribue de 0.6 point à la croissance grâce à des exportations plus dynamiques que des importations (+1.1% sur le trimestre versus -0.6%) », souligne l'économiste d'ING Charlotte de Montpellier dans une note. Les ventes de matériel de transport ont enregistré un bond spectaculaire de 9,5% tandis que les exportations agricoles ont plongé brutalement de 21%.

Le boom dans le matériel de transport s'explique en grande partie par une normalisation sur les chaînes logistiques amplement secouées depuis la pandémie. Cette embellie du commerce extérieur pourrait cependant être conjoncturelle. En effet, l'économie française souffre d'un déficit commercial record dû en partie à l'affaiblissement vertigineux de son tissu productif.

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L'inquiétante baisse de la consommation et de l'investissement des Français

Du côté de la demande, les indicateurs sont moins favorables. L'envolée des prix continue de peser sur la consommation des ménages. Après avoir reculé de 1% au dernier trimestre 2022, la consommation des Français a patiné (0%) au premier trimestre alors que c'est un moteur traditionnel de l'économie hexagonale. « La morsure du choc inflationniste a continué de peser, au travers d'une nouvelle baisse de la consommation en produits agroalimentaires, compensée toutefois par un rebond de la consommation en énergie, eaux et déchets, ainsi que des matériels de transport », indique Stéphane Colliac.

L'autre signe de difficulté chez les ménages est l'impressionnante poursuite de la baisse des investissements, principalement dans la construction et l'immobilier. Depuis le premier trimestre 2022, la formation brute de capital fixe (FBCF), c'est-à-dire l'investissement des Français, n'a enregistré aucun rebond. Le resserrement de la politique monétaire avec la forte hausse des taux d'intérêt a plombé les investissements dans le logement. La poursuite de ce durcissement dans les mois à venir pourrait mettre à mal le secteur de la construction et de l'immobilier déjà sous tensions.

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L'inflation repart en avril

L'indice des prix à la consommation est de nouveau reparti à la hausse en avril pour s'établir à 5,9% après 5,7% en mars selon une première estimation de l'Insee ce vendredi 28 avril. « Le glissement annuel des prix à la consommation en France reste pour le 11ème mois consécutif sur son plateau autour de 6% », a déclaré le chef du département de la conjoncture à l'institut de statistiques Julien Pouget. « Cette hausse est notamment due aux effets de base sur l'énergie, la baisse sur un an des prix des produits pétroliers étant moins marquée que celle de mars », ajoute Charlotte de Montpellier. En effet, la guerre en Ukraine avait propulsé l'indice des prix à l'énergie vers des sommets au mois de mars 2022. En comparant sur un an, la baisse au mois d'avril est moins spectaculaire que celle du mois de mars 2023 sur les prix de l'énergie.

Quant à l'alimentaire, les prix continuent de s'envoler à 14,9%. Ils sont certes en léger repli par rapport à mars, ils demeurent le principal moteur de l'indice général des prix à la consommation en ce début d'année. « La composition de l'inflation a changé. L'énergie a tiré l'inflation en 2022 et c'est désormais l'alimentaire qui tire cette inflation », a rappelé l'économiste Mathieu Plane de l'OFCE lors d'un récent point presse.

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La plupart des économistes s'attendent à un ralentissement de l'inflation à partir du second semestre 2023 sous l'effet notamment de la politique monétaire. Mais compte tenu des incertitudes géopolitiques notamment, ce ralentissement pourrait prendre plus de temps que prévu. Autant dire que l'économie française et européenne risquent de souffrir pendant encore de longs mois.

Grégoire Normand
Commentaires 8
à écrit le 28/04/2023 à 17:53
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Il ne faut pas dire choc, c'est de droite, c'est brutal, c'est capitaliste, non il faut dire pacte, c'est doux c'est juste c'est tolérant c'est de gauche, c'est Hollande qui a dit ca

à écrit le 28/04/2023 à 17:27
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"Le choc inflationniste continue de plomber l'économie française"... Ce qui plombe notre économie et tout le reste pour l'essentiel est à rechercher du coté de nos élites depuis une quarantaine d'années

le 28/04/2023 à 23:28
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Vous avez raison ils font des cadeaux fiscaux de clientelistes toutes étiquettes confondues mais financés par l’ endettement de l état depuis 50 ans . Dans la ce plupart des pays européens la loi leur interdit ses bidouillages budgétaires . Pas en F...

le 28/04/2023 à 23:28
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Vous avez raison ils font des cadeaux fiscaux de clientelistes toutes étiquettes confondues mais financés par l’ endettement de l état depuis 50 ans . Dans la ce plupart des pays européens la loi leur interdit ses bidouillages budgétaires . Pas en F...

à écrit le 28/04/2023 à 16:47
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Le titre est faux. Ce n'est pas l'inflation qui plombe l'économie française, c'est la paupérisation induite par la hausse du coût de l'énergie

à écrit le 28/04/2023 à 16:24
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Difficile a admettre quand on voit le prix du brut, du gaz les subventions à tout va Notre mr LEMAIRE ruine vraiment la FRANCE

à écrit le 28/04/2023 à 16:20
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Comment établir un budget prévisionnel avec autant d'instabilité et surtout de taxes dans tous les sens ?

le 29/04/2023 à 15:06
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ce sont justement les taxes qui améliorent les recettes de l'Etat. Si l'Etat nous taxait davantage, on serait pas autant endetté. Mais le libéralisme a inoculé une mentalité fiscalophobe chez les citoyens qui sont ainsi devenus des égocentriques.

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