L'alimentaire devrait pousser l'inflation vers des sommets au moins jusqu'en juin (Insee)

Les prix dans l'alimentaire (+15,5%) devraient grimper trois fois plus vite que l'indice général des prix à la consommation (5,4%) jusqu'en juin, selon la dernière prévision de l'Insee. Pour la deuxième partie de l'année, les statisticiens restent prudents sur leurs projections d'inflation compte tenu des incertitudes sur les prix de l'alimentaire. L'Insee a confirmé la croissance du PIB à 0,2% au second trimestre 2023.
Grégoire Normand
La faiblesse de l'activité économique s'explique notamment par l'atonie de la consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance française.
La faiblesse de l'activité économique s'explique notamment par l'atonie de la consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance française. (Crédits : Reuters)

L'économie française traverse toujours une zone de turbulences. Entre une activité atone, une inflation au plus haut et un un moral en berne, l'Insee a dressé un tableau morose de la conjoncture dans son dernier point dévoilée ce vendredi 5 mai. La croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait accélérer de 0,2% au second trimestre comme au premier trimestre 2023. L'institut de statistiques n'a pas révisé ses chiffres de prévision par rapport à sa dernière estimation pour le second trimestre. Dans son programme de stabilité envoyé à Bruxelles il y a quelques jours, le gouvernement table toujours sur une croissance de 1% en 2023. Mais cet objectif semble difficile à tenir.

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L'énergie marque le pas

L'inflation continue de miner le moral des ménages et des entreprises. Après avoir atteint un pic à 5,9% en avril, l'indice des prix à la consommation pourrait ralentir d'ici la mi-juin pour atteindre 5,4%. L'inflation a complètement changé de composition depuis plusieurs trimestres. Après avoir nettement contribué à la fièvre des prix, l'énergie marque le pas.

En revanche, l'alimentaire et les services ont pris le relais dans l'indice général. Il faut dire que le conflit a propulsé l'indice des prix des produits alimentaires vers des sommets (autour de 15%) tandis que l'énergie devrait passer de 7% en avril à -1,6% en juin.

Et l'Insee demeure relativement prudent sur le second semestre 2023 compte tenu des incertitudes. « Le léger tassement de l'inflation d'ensemble prévu pour la mi-2023 ne présume pas de son évolution au cours de la seconde moitié de l'année », soulignent les économistes.

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé cette semaine vouloir « casser la spirale des prix inflationnistes » en prolongeant le trimestre anti-inflation le 15 juin. Dans le cadre de cette opération commerciale, les supermarchés s'engagent à vendre une sélection de produits « les plus bas possibles ». Mais ce dispositif est critiqué par des associations de consommateurs. Et les relations entre les industriels et la grande distribution sont particulièrement tendues actuellement.

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La demande plombée par l'inflation

La demande, traditionnel moteur de l'économie hexagonale, continue de souffrir. L'envolée des prix depuis l'éclatement de la guerre en Ukraine a plombé la consommation des ménages. Dans l'alimentaire, la chute est particulièrement spectaculaire (-9% entre mars 2022 et mars 2023).

Obligés de se serrer la ceinture, les Français ont réduit leur volume d'achats mais aussi la qualité des produits. Il faut dire que la désindexation des salaires, hormis le SMIC, a entraîné une chute des revenus dans la plupart des secteurs. Selon la direction statistique du ministère du Travail (Dares), le salaire mensuel de base a fléchi de 1% dans l'industrie et le tertiaire et de 2% dans la construction sur un an.

Du côté des entreprises, l'investissement pourrait encore marquer le pas au printemps. L'Insee n'anticipe pas « d'impulsion à la croissance ». Même constat du côté des ménages qui ont nettement freiné les investissements dans la construction et l'immobilier.

La remontée des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne a considérablement durci les conditions financières dans la plupart des Etats de la zone euro. La poursuite de ce durcissement, certes à un niveau moins élevé qu'auparavant, pourrait peser encore pendant de longs mois sur l'investissement des entreprises et des ménages.

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Hausse modérée de l'emploi au premier trimestre

Entre janvier et mars, l'emploi salarié a augmenté légèrement (0,2%) au même rythme qu'au dernier trimestre 2022. L'économie française a ainsi crée 42.000 emplois. « Il s'agit du neuvième trimestre consécutif de hausse de l'emploi salarié privé », souligne la Dares. La dynamique générale est principalement portée par le tertiaire marchand et non marchand. En revanche, l'agriculture et la construction ont détruit des postes. Quant à l'industrie, le solde entre les créations et les destructions d'emplois est nul. Après avoir augmenté plus vite que la croissance, l'emploi continue de montrer des signes de fatigue.

Dans le détail, l'intérim s'est replié nettement ce trimestre: -2,6% (soit 21.400 emplois). Un recul qui compense intégralement la hausse des deux trimestres précédents. L'emploi intérimaire est inférieur de 2,4% à son niveau du premier trimestre 2022 mais supérieur de 1,9% à son niveau d'avant la crise. La Banque de France et l'OFCE s'attendent désormais à une remontée du chômage au cours du second semestre.

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Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 05/05/2023 à 13:12
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Et oui : L'argent ne se mange pas, je l'ai toujours dit

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