L'économie française marque le pas au premier trimestre

L'économie française a enregistré une croissance de 0,3% sur les trois premiers mois de 2019 et connaît un léger ralentissement par rapport à celle du quatrième trimestre 2018, revue en légère hausse, à 0,4%, selon les données publiées, ce mercredi 29 mai, par l'Insee.
Grégoire Normand

L'atterrissage se fait en douceur pour l'économie française. Selon les derniers chiffres de l'Insee publiés ce mercredi 29 mai, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,3% au premier trimestre 2019. C'est un chiffre conforme aux premières estimations de l'organisme public. L'activité ralentit légèrement par rapport au quatrième trimestre 2018. L'Insee a en effet relevé de 0,1 point la croissance du quatrième trimestre 2018 à 0,4%, qui avait été annoncée à 0,3% dans sa dernière estimation publiée fin avril.

L'acquis de croissance pour l'ensemble de l'année 2019, à savoir l'évolution du produit intérieur brut (PIB) si l'activité stagnait complètement au cours des trois prochains trimestres de l'année, se maintient à 0,8%, comme en première estimation. Contacté récemment par La Tribune, l'économiste de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Mathieu Plane, expliquait que :

"Pour 2019, on s'attend à un rebond du pouvoir d'achat des ménages très net soutenu par les mesures socio-fiscales, la prime exceptionnelle, un ralentissement de l'inflation. [...] On part d'un niveau d'épargne élevé. Les ménages ont reconstitué des capacités financières sur 2019. Si les incertitudes se lèvent, les ménages vont avoir des capacités pour consommer. Du côté des entreprises, l'épargne est historiquement élevée. A cela s'ajoutent les 20 milliards du CICE. Cela va contribuer à améliorer la trésorerie des entreprises. La politique monétaire annoncée comme plus accomodante que prévu devrait faciliter les conditions des entreprises."

Demande intérieure, moteur de la croissance

Dans le détail, les chiffres de l'Insee indiquent que la demande intérieure a stimulé l'économie française entre janvier et mars. Les dépenses de consommation des ménages a accéléré (0,4% après 0,3%) alors que les dépenses des administrations publiques a ralenti (0,2% contre 0,4% auparavant). La demande intérieure contribue à elle seule à 0,4 point de la valeur ajouté au premier trimestre.

Du côté des investissements (formation brut de capital fixe), la tendance est au ralentissement. Les dépenses d'investissement des entreprises non-financières (ENF) sont passées de 0,8% au dernier trimestre 2018 à 0,7% au premier trimestre 2019. Celles des ménages stagnent après avoir plongé en fin d'année (-0,3%). Pour les administrations publiques, le rythme ralentit passant de 1% à 0,7% entre le T4 2018 et le T1 2019.

> Lire aussi : Le déficit commercial plonge au premier trimestre

Enfin, le commerce extérieur a plombé l'activité entre janvier et mars avec une contribution négative au PIB (-0,3 point). Les importations (1,4%) ont accéléré plus vite que les exportations (0,4%). Ce qui a assombri le résultat de la balance commerciale tricolore après une année 2018 plus favorable. Sur l'ensemble de l'année, l'OFCE anticipe une contribution légèrement négative du commerce extérieur à l'activité hexagonale (-0,1 point).

Le revenu disponible soutenu par les dispositifs annoncés par le gouvernement

Après plusieurs semaines de crise sociale et démocratique sans précédent, Emmanuel Macron a multiplié les annonces en faveur des foyers aux revenus modestes le 17 décembre 2018. Cet arsenal de dispositifs s'est traduit dans les chiffres de la croissance. Ainsi, les économistes de l'institut de statistiques expliquent que si le revenu disponible brut des ménages a marqué le pas au premier trimestre (+1% après 1,3%), il demeure à un niveau dynamique. Le revenu disponible par unité de consommation, qui sert à mesurer le pouvoir d'achat des ménages reste également à un niveau soutenu (0,7% contre 1% précédemment).

Ce rythme est permis par une masse salariale reçue par les salariés, c'est à dire le revenu brut des salariés sans les cotisations patronales, qui a accéléré de 1,1% contre 0,6% précédemment en raison de primes exceptionnelles versées par certaines entreprises. Les prestations sociales ont également accéléré (0,9% après 0,7%) "sous l'effet de la revalorisation du montant de la bonification individuelle de la prime d'activité". La désocialisation des heures supplémentaires décidées en fin d'année 2018 ont également contribué à doper le porte-monnaie des ménages. "En revanche, les impôts sur le revenu et le patrimoine rebondissent par contrecoup de la baisse de la taxe d'habitation fin 2018", ajoute l'Insee.

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Les prix à la consommation se stabilise

Après avoir connu un pic en juillet 2018 (2,3%) en raison notamment de la flambée des prix du pétrole, l'indice des prix à la consommation (IPC) freine à 1% en mai contre 1,3% en avril et 2% en mai 2018 en glissement annuel. "Cette baisse de l'inflation résulterait d'un ralentissement des prix des services, de l'énergie et de l'alimentation et d'un recul un peu plus marqué de ceux des produits manufacturés. En revanche, les prix du tabac accéléreraient", précisent les experts de l'Insee.

Au total, les mesures exceptionnelles annoncées en fin d'année et le coup de frein de l'inflation des prix ont boosté le pouvoir d'achat des ménages pour cette première partie de l'année. Malgré ces nouvelles favorables, le taux d'épargne atteint des records au premier trimestre à 15,3% alors qu'il était déjà un niveau très élevé en fin d'année (14,9%). L'épargne de précaution accumulé par les Français pourrait se traduire dans la consommation si la confiance poursuit son redressement.

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Les marges des entreprises dans le vert

La compétitivité des entreprises connaît à nouveau une embellie. Après avoir connu un taux de marge en progression sur l'année 2018, ce ratio évolue encore positivement passant de 31,5% en décembre 2018 à 32,6% à la fin du mois de mars. Ce bond signale que les firmes devraient nettement améliorer leurs résultats en 2019.

En effet, la transformation du Crédit d'impôt pour la compétitivité des entreprises (CICE) en baisse de cotisations patronales pérennes devraient permettre aux sociétés de retrouver des couleurs. Reste que le taux d'épargne demeure à un niveau élevé (24,1% contre 22,4% en fin d'année). Les incertitudes qui pèsent actuellement sur la conjoncture mondiale pèsent sur la confiance des dirigeants.

> Lire aussi : L'économie mondiale risque encore de s'essouffler selon l'OCDE

Le déficit public dans le rouge

Sans surprise, le déficit public s'est dégradé entre janvier et mars. La principale explication avancée par l'institution est que les recettes publiques ont diminué en raison de la transformation du CICE en baisse de charges patronales comme évoqué précédemment. "Les recettes d'impôts sur les sociétés sont en baisse après une fin d'année en forte hausse", ajoute l'Insee.

Grégoire Normand
Commentaires 7
à écrit le 31/05/2019 à 2:04
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Le bon de 6% au 1er Juin, de l'électr, peut se transformer en très forte baisse : EN EFFET !!!!!Presque 40% de TAXES : doublées en 6 ans Et 2.3 Milliards offerts aux agents EDF : Electr gratuite à 88%. Ajoutons y leur temps de travail, et leur C....

à écrit le 31/05/2019 à 2:03
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Le bon de 6% au 1er Juin, de l'électr, peut se transformer en très forte baisse : EN EFFET !!!!!Presque 40% de TAXES : doublées en 6 ans Et 2.3 Milliards offerts aux agents EDF : Electr gratuite à 88%. Ajoutons y leur temps de travail, et leur C....

à écrit le 30/05/2019 à 12:15
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Pour compenser la perte de recette via les entreprises il faut «  taxer «  les industries polluantes et les «  gafas » qui font du chiffres d’affaires en France et revoir toutes les taxations des «  entreprises «  en ligne , faire un autre statut des...

à écrit le 29/05/2019 à 20:52
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En France tout vas bien à part Macron un problème l Insee qu ils arrête de mentir pour les riches la ok pour les retraites riant € € pour 1000 € de retraités le R N arrive ??🙏

à écrit le 29/05/2019 à 17:07
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le chômage a grimpé en Allemagne. pas vraiment encourageant. ça freine un peu partout dans le monde.

à écrit le 29/05/2019 à 15:44
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"La désocialisation des heures supplémentaires décidées en fin d'année 2018 ont également contribué à doper le porte-monnaie des ménages". On peut rappeler aussi que cette désocialisation des heures supplémentaires (et complementaires d'ailleurs )...

le 29/05/2019 à 20:11
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excusez moi mais "désocialisation" est usurpé, en effet les 10% (9.7% pour être précis) CSG/CRDS sont taxées, après reste à peu près 10 points d'exo. et ça peu de personnes s'en aperçoivent.

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