La France fait le pari de l’Inde

Emmanuel Macron sera l’invité d’honneur du défilé du « Republic Day », la fête nationale de l’Inde célébrée vendredi. L’occasion de renforcer les liens entre les deux pays.
Le 4 janvier à New Dehli, répétitions en vue du défilé de la fête nationale célébrée vendredi prochain.
Le 4 janvier à New Dehli, répétitions en vue du défilé de la fête nationale célébrée vendredi prochain. (Crédits : © RAJAT GUPTA/EPA/MAXPPP)

Les relations entre la France et l'Inde sont au beau fixe. Après avoir reçu Narendra Modi, invité d'honneur du défilé du 14-Juillet sur les Champs-Élysées l'année dernière, Emmanuel Macron sera l'hôte du Premier ministre indien lors de la célébration du 75e Republic Day, la fête nationale indienne, à New Delhi, vendredi 26 janvier. La veille, il se sera rendu à Jaipur, capitale du Rajasthan, le plus grand État du pays, une première pour un président français. Ce sera sa troisième visite officielle, après celle de mars 2018 et sa participation en septembre au sommet du G20 présidé par l'Inde. Initialement, c'était le président américain, Joe Biden, qui devait assister à l'événement. Mais les soupçons sur l'implication de New Delhi dans l'assassinat d'un opposant sikh, citoyen américain, ont remis en question le déplacement.

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Paris veut renforcer les liens établis depuis vingt-cinq ans avec un pays fidèle à sa politique internationale de non-aligné. Membre des Brics [Brésil, Russie, Inde et Chine] mais entretenant de bonnes relations avec les pays occidentaux, l'Inde est en train de devenir une puissance majeure Classée au cinquième rang mondial, son économie enregistre la croissance la plus dynamique, malgré la conjoncture morose. Elle devrait s'afficher, selon le Fonds monétaire international (FMI), à un rythme annuel de 6,3 % en 2024 et 2025, contrairement à la Chine dont l'activité ralentit. « L'infrastructure publique numérique de l'Inde [lire ici] et un solide programme gouvernemental d'infrastructures vont continuer à soutenir la croissance », argumente l'institution internationale.

Devenue en 2023 le pays le plus peuplé au monde devant la Chine, l'Inde dispose d'une population très jeune, dont la moitié a moins de 25 ans, alors que la République populaire est confrontée à une population de plus en plus vieillissante.

Si les entreprises françaises convoitent ce potentiel économique, Emmanuel Macron compte aussi défendre, comme il vient de le faire au Forum de Davos, l'attractivité de la France auprès des patrons des grandes entreprises indiennes, dont certains sont déjà présents dans l'Hexagone, pour les inciter à y investir.

Mais, du côté tant français qu'indien, il ne faut pas s'attendre à la traditionnelle moisson de contrats. L'accent sera mis sur la solidité du partenariat stratégique, « un pilier de stabilité dans un ordre mondial instable », comme l'a qualifié hier l'ancien ambassadeur indien en France Mohan Kumar dans le Times of India. Avec la fin de la « mondialisation heureuse », remise en question par la pandémie du Covid-19, la guerre en Ukraine et les risques géopolitiques croissants au Proche-Orient et en mer de Chine, les questions de sécurité et de souveraineté sont en effet une priorité. Dans la région indopacifique, zone de tensions avec la Chine, l'Inde est « un partenaire clé pour contribuer à la paix et la sécurité internationales », souligne l'Élysée.

« Le président a fixé un nouvel objectif de 30 000 étudiants indiens en 2030

Un conseiller de l'Élysée

Le programme de défense est un axe majeur pour la fourniture de matériels, dont les avions Rafale - leur vol sera un des points forts de la parade du 26 janvier - et des sous-marins (lire encadré). De même, la coopération spatiale et le secteur de l'aéronautique seront au cœur des échanges. Le spationaute Thomas Pesquet fera partie de la délégation qui accompagnera le président ainsi que des représentants d'Airbus, dont les ventes à l'Inde ont bondi de 53,4 % sur les dix premiers mois de 2023. Du côté indien, les besoins d'énergie décarbonée sont immenses au regard de l'urbanisation et du développement des infrastructures. La coopération dans le nucléaire civil est en cours de négociation, dit-on à l'Élysée.

Dernier axe de coopération : l'enseignement et la culture. « Le président a fixé un nouvel objectif de 30 000 étudiants indiens à l'horizon 2030 », indique l'Élysée. Un effort sur l'octroi de bourses sera mené, qui devrait faire de l'Inde le premier bénéficiaire de ces programmes. Du côté indien, on compte également sur l'expertise française dans le domaine muséal et de valorisation du patrimoine, nombre de villes possédant des trésors culturels et civilisationnels remontant à l'Antiquité.

Grands contrats d'armement : c'est trop tôt !

La visite d'Emmanuel Macron en Inde ne coïncidera pas avec la signature de grands contrats d'armement, dont les commandes de 26 Rafale Marine et de trois sous-marins Scorpène annoncées le 14 juillet à Paris par le Premier ministre indien, Narendra Modi. « Rien n'est prêt », expliquent plusieurs sources, même si la venue du président français à New Delhi pourrait accélérer le processus administratif indien, pas réputé pour sa rapidité. La signature de ces contrats attendra. Mais jusqu'à quand ? Difficile de le savoir, d'autant que New Delhi pourrait avancer les élections législatives prévues entre avril et mai. Une signature du contrat Rafale pourrait avoir lieu lors du second semestre 2024. Rencontré début décembre dans le cadre de l'Association des journalistes de défense (AJD), le PDG de Dassault Aviation, Éric Trappier, qui dispose déjà d'un carnet de commandes Rafale rempli, n'était pas inquiet. Pierre Éric Pommellet, le PDG de Naval Group, non plus. Mazagon Dock, son partenaire indien, a remis une offre à New Delhi pour trois Scorpène avec 60 % de contenu indien. Enfin, Dassault Aviation est déjà tourné vers une nouvelle commande pour l'armée de l'air indienne, qui devra cette fois-ci coller à la stratégie « Make in India » de Narendra Modi. Il est probable que le Rafale soit un jour fabriqué en Inde. Michel Cabirol

Commentaires 7
à écrit le 22/01/2024 à 13:29
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Macron a raison de vouloir se rapprocher des Brics. C'est la que se joue l'avenir, les Etats-Unis et l'OTAN faiblissant sur la scene internationale. Toutefois mettre son arrogance de cote est indispensable, car la France qui n'a plus d'industrie e...

à écrit le 22/01/2024 à 8:16
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Tout comme les américains qui l'ont annoncé il y a quelques années. Quand je dis que nous devrions nous mettre sous tutelle directe des Etats Unis vu qu'on fait tout comem eux ! Comme ça zou on se débarrasse de tous nos politiciens devenus tellement ...

à écrit le 21/01/2024 à 12:53
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L'Inde qui joue sur les deux tableaux, qui ne met pas ses œufs dans le même panier entre occident et Brics et courtisé par Washington pour qu'il quitte les Brics. Macron n'est la que pour remplacer Biden trop vieux pour passer du temps en festivité e...

à écrit le 21/01/2024 à 12:26
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Une nouvelle commande de rafales en vue ?

le 22/01/2024 à 8:19
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Ben non c'est nous qui l’accueillerions avec les honneurs... ballot. Heureusement que le Damien que je connais est nettement plus éveillé hein...

à écrit le 21/01/2024 à 9:05
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Tout comme les américains qui l'ont annoncé il y a quelques années. Quand je dis que nous devrions nous mettre sous tutelle directe des Etats Unis vu qu'on fait tout comem eux ! Comme ça zou on se débarrasse de tous nos politiciens devenus tellement ...

le 21/01/2024 à 12:37
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Vous ne pouvez pas vous empêchez d'en placer une contre la France. La France a toujours été en pointe vers l'Inde, soutiens et coopérations : essais nucléaires, lanceurs spatiaux, satellites, chasseurs et sous-marins. Et l'Inde le sait et s'en rapp...

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