"La société du 21e siècle ressemblera à celle du 19e siècle" Hervé Novelli

Dans un entretien accordé à La Tribune, Hervé Novelli, l'ancien ministre des PME décrypte l'engouement des citoyens pour l'entrepreneuriat et sur la montée en puissance du travail des indépendants. Il insiste sur la puissance des réseaux, qu'il juge seuls capables de peser sur le monde politique.
" Il faut préparer l'avenir en créant des outils, notamment dans le domaine de la protection sociale, qui permettent au salariat et au travail indépendant de coexister pendant les prochaines décennies ".

LA TRIBUNE - Depuis 2007, l'engouement pour l'entrepreneuriat est très fort. Est-ce un effet de mode ?

Hervé NOVELLI - Je ne le crois pas. La société se transforme. Le salariat n'est plus la seule règle. Une fois de plus, l'Histoire fait son apparition dans notre quotidien. La société du XXIème siècle ressemblera à celle du XIXème siècle, époque pendant laquelle les citoyens louaient leur force de travail. Simplement, la plateforme Internet a remplacé la place du village, sauf que l'offre et la demande ne se rencontrent plus au niveau local mais au niveau mondial.

La fin du salariat est-elle programmée ?

Qui le sait ? Il ne faut pas être manichéen. En revanche, il faut préparer l'avenir en créant des outils, notamment dans le domaine de la protection sociale, qui permettent au salariat et au travail indépendant de coexister pendant les prochaines décennies.

Beaucoup de citoyens optent pour l'entrepreneuriat par défaut.

C'est un fait. Mais où est le problème ? Le travail indépendant est une bouée de sauvetage pour les demandeurs d'emplois. C'est la raison pour laquelle il faut soutenir vaille que vaille les initiatives individuelles.

L'écosystème en place est-il efficace ?

Les corps intermédiaires sont à mon sens dépassés. Ils n'ont pas compris que les enjeux liés à l'émergence rapide du travail indépendant que facilitent les nouvelles technologies. Les partenaires sociaux se posent encore des questions sur leur représentativité... les réseaux consulaires sont inefficaces. Fort de ce constat, et convaincu de la puissance des réseaux, j'ai créé avec plusieurs associés WikiPME, une plateforme Internet dont l'ambition est de fédérer de façon numérique l'ensemble de la communauté entrepreneuriale de notre pays.

Que propose WikiPME ?

Nous avons décidé de canaliser les problématiques des entrepreneurs afin de leur mettre à dispositions des conseils d'experts et des services pour développer son et optimiser ses coûts notamment dans le domaine du financement, mais aussi des mises en relation entre PME au-travers d'une place de marché géolocalisée. Enfin un espace d'expression proposant des informations dans le domaine de l'innovation et des tribunes éditoriales qui commentent l'actualité des entrepreneurs. En quelques clics, vous pouvez retrouver une PME avec qui l'on peut envisager de lancer un projet export ou un projet innovant.

Ces services sont gratuits ?

Notre plateforme est gratuite et le restera. Nous avons adopté le même modèle que LinkedIn, auquel nous croyons : il s'agit de conserver une offre gratuite, proposant des services fonctionnels et facilitant le développement des entreprises de nos membres, enrichissant leurs business, augmentant leur visibilité et à terme, y ajouter des fonctionnalités payantes. Un modèle freemium en somme.

Combien d'entrepreneurs ont-ils adhéré à cette communauté ?

Actuellement, 20.000 entrepreneurs nous ont rejoints, je les remercie une nouvelle fois, car comme le nom l'indique, il s'agît d'un Wiki (Collaboratif) et nos membres nous aident et enrichissent quotidiennement notre communauté. Nous espérons rassembler 100.000 membres d'ici la fin de l'année.

Qui sont vos soutiens ?

Outre les cinq associés, une dizaine de grands comptes participent à l'aventure. Ceux-ci en plus d'un soutien financier, nous accompagnent, nous mettent à disposition des services innovants destinés à nos membres et renforcent la communauté. De plus, nous sommes en passe de finaliser une levée de fonds, comme il l'avait été dit en novembre. Nous avons levé plus d'1 million d'euros qui permettra à WikiPME de passer rapidemment à la vitesse supérieure, et d'étendre notre réseau.

Cette expérience a-t-elle un objectif politique ?

Je ne pense pas que les entrepreneurs doivent faire de la politique. Ce n'est pas une bonne idée. Plutôt, ce n'est plus une bonne idée. En tant que chef d'entreprise, j'ai pu faire avancer mes idées dans ce domaine. Mais Les temps ont changé. Aujourd'hui, je crois davantage à la puissance de feu des réseaux. Ce sont eux qui ont fait reculer le gouvernement sur le projet de loi El-Khomri. C'est le mouvement des Pigeons qui a fait plier Bercy sur la taxation des plus-values de cession en 2013. Avec WikiPME, nous espérons bien faire avancer les valeurs portées par l'entrepreneuriat lors de la prochaine campagne présidentielle, mais aucunement interférer dans la vie politique en se posant en syndicat entrepreneurial, ou encore moins comme un parti. Nous sommes des délégués de classe qui aspirent à porter haut et fort les messages des entrepreneurs.

Commentaires 18
à écrit le 06/04/2016 à 11:22
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Qui est monsieur Hervé Novelli ? Cordialement

à écrit le 02/04/2016 à 0:19
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De fait, les lois sociales sont à revoir pour tenir compte des évolutions de carrières et de statuts.

à écrit le 01/04/2016 à 19:13
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Bien d'accord avec Hervé. Il suffit de regarder l'état des villes, de l'environnement! Nous sommes bien au début du 19 siècle ou peut-être même à la fin du 18ème !!!

à écrit le 01/04/2016 à 14:44
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Mr Novelli , vous qui avez porté le projet des auto entrepreneurs, pourriez vous allez dire aux socialistes qu'ils ont dénaturé votre projet en obligeant à nouveau à faire un stage bidon de formation d'un coût de 380 euros ! Ils ne comprennent décidé...

à écrit le 01/04/2016 à 10:01
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De quel genre de metier parle t on !Ceux qui n'ont pas besoin de grosses mises de fonds ,mais ils sont trés loin d'etre majoritaires .Sans capital, il est extremement difficile de se lancer dans quoi que se soit .De plus ,dans la guerre des prix donc...

à écrit le 31/03/2016 à 22:22
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"La société du XXIème siècle ressemblera à celle du XIXème siècle"....Ressemblera, le futur est superflu, nous y sommes déjà. La précarité, le recul social, une nouvelle forme d'esclavage, la revanche d'un patronat qui en demande toujours plus, oui, ...

à écrit le 31/03/2016 à 19:20
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Je rigole, les "entrepreneurs" (nouveau nom des patrons dans la novlangue) ne feraient pas de politique ! C'est sûr que lorsque l'on demande une baisse de la TVA, des prélèvements sociaux, de mettre fin au CDI, de faciliter les licenciements, et j'...

à écrit le 31/03/2016 à 17:49
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Espérons qu'il y ait un Zola pour un Germinal du XXIe alors !

à écrit le 31/03/2016 à 16:54
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La société du 19e siècle était totalement différente. Les allocations diverses et variées notamment n'existaient pas. On allait au boulot à pied par tous les temps. Nous sommes aujourd'hui dans une société de pleureuses dans laquelle on se plaint de ...

le 31/03/2016 à 23:17
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En vous lisant je ferais même une comparaison avec la préhistoire.

le 01/04/2016 à 18:18
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Dommage, cotre analyse avait l'ai plutôt pertinente au début... Malheureusement votre xénophobie nauséabonde m'a dégouté. J'ai arrêté de lire.

à écrit le 31/03/2016 à 16:34
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L'énergie remplace le travail. Les prélèvements doivent être effectués sur le travail ET sur l'énergie.

à écrit le 31/03/2016 à 15:04
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Ce monsieur a raison : on revient à l'exploitation maximum des prolétaires, ceux qui ne possèdent pas les affaires, par les propriétaires. Avec les mêmes conséquences in fine : de la misère, des conflits civils violents, et des dictatures communiste...

à écrit le 31/03/2016 à 14:04
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Monsieur Novelli, c'est le genre "pousse toi de là que j'm'y mette" affligeant !

à écrit le 31/03/2016 à 13:07
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La différence qui existera selon moi avec le société du 19eme siècle c'est cette façon très simple pour chacun de consommer et de produire avec très peu d'intermédiaires réduits à des plateformes de mise en relation dont le coût baissera très vite e...

le 31/03/2016 à 14:10
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Monsieur, votre système idéal ne fera que de précariser les Français, car avec votre idéal de Societe, ceux qui apportaient de la valeur ajoutée dans un système de production industrielle avec les corps intermédiaires qui s'imposent aura pour conséqu...

le 31/03/2016 à 22:34
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@Emmanuel_R Chimères. Un système qui ne sait plus créer (ou sporadiquement) de la croissance, qui pour survivre a besoin de QE et de taux négatifs, qui ne sait produire que de la précarité, dont le système financier est à l'usage exclusif de quelq...

le 31/03/2016 à 23:21
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Certes, louer sa tondeuse à son voisin, au lieu de lui prêter gracieusement, c'est déjà grâce à la tondeuse détenir le capital en quelque sorte. Les exemples sont pléthores et le nivellement se fait par le bas. L'économie du partage...des miettes.

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