« Le chômage devrait peu reculer en 2018 »

Un climat des affaires au plus haut, des promesses d'embauches en augmentation, des chefs d'entreprise qui retrouvent le moral... Depuis l'élection d'Emmanuel Macron, les indicateurs économiques de la France connaissent une réelle embellie. Dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee a d'ailleurs révisé à la hausse ses prévisions de croissance pour 2017. Propos recueillis par Grégoire Normand.
Grégoire Normand
(Crédits : JEAN-PAUL PELISSIER)

Pour 2018, l'acquis de croissance serait de 1,7 % au bout de six mois, soit plus qu'un an plus tôt. En revanche, plusieurs facteurs d'incertitude, comme un possible ralentissement du pouvoir d'achat des Français, pourraient freiner la croissance du PIB en fin d'année. Par ailleurs, malgré un maintien de l'activité autour de 2 %, le chômage peine à reculer. L'économiste de Natixis, Véronique Janod, revient pour La Tribune sur les perspectives économiques de la France pour 2018 et ses difficultés à réduire son taux de chômage encore supérieur à celui de nombreux voisins européens.

LA TRIBUNE - Comment vos prévisions de croissance ont-elles évolué pour 2017 ?

VÉRONIQUE JANOD - Concernant la France, nous venons de relever légèrement notre prévision de croissance pour 2017 à 1,9%. Outre les révisions de la croissance des trimestres précédents - désormais évaluée à 0,6% du premier trimestre au troisième 2017 -, plusieurs facteurs viennent expliquer cette révision à la hausse, comme la poursuite de l'amélioration du climat des affaires selon les derniers chiffres Insee pour le mois de décembre. Nous attendons un rebond en novembre de la consommation des ménages en biens, en raison entre autres de la faiblesse des températures et de la montée en charge de l'ouverture des magasins le dimanche.

Quels sont les facteurs qui pourraient freiner cette croissance en 2018 ?

Il existe des inquiétudes sur l'évolution de la consommation pour cette année. Les allègements fiscaux pour les entreprises seront mis en oeuvre immédiatement, tandis que ceux concernant les ménages ne se mettront en place que progressivement et plutôt à la fin de 2018. En effet, la hausse de la CSG doit s'appliquer à partir de janvier, alors que la baisse des cotisations salariales maladie et chômage se fera en deux temps, en janvier et en octobre. De même, la baisse d'une partie de la taxe d'habitation et la revalorisation de certains minima sociaux ne se concrétiseront qu'au second semestre. Ce calendrier risque d'être peu favorable à la consommation des ménages, notamment au premier semestre.

Enfin, si le prix du baril de pétrole est attendu en légère baisse en début d'année, il devrait remonter au cours du second semestre pour atteindre 66 dollars fin 2018, selon nos analystes, engendrant une remontée de l'inflation en milieu d'année, peu favorable au pouvoir d'achat des Français.

Concernant la croissance, via le pouvoir d'achat des ménages par exemple, il convient de rester attentif aux arbitrages à venir de l'État, notamment concernant la réduction de son périmètre. La baisse simultanée des prélèvements sociaux et des dettes implique inévitablement de réduire les dépenses de l'État et une réduction de son périmètre d'action est envisagée, conduisant certaines activités à retourner dans le domaine privé. Or l'ouverture à la concurrence de certains marchés peut s'avérer délicate, surtout si une véritable concurrence ne parvient pas à s'instaurer, engendrant le risque d'émergence d'oligopoles, comme c'est le cas dans le transport en autocars [l'exemple des « cars Macron », ndlr].

Existe-t-il un autre facteur d'incertitude ?

Oui, il s'agit des difficultés qui caractérisent le marché du travail français. Les créations d'emplois ont été relativement fortes en 2017, en lien avec la reprise. Le taux de chômage en France métropolitaine, selon les données de l'Insee, devrait passer de 9,8 % en moyenne en 2016 à 9,3 % en 2017. On constate également une augmentation de la masse salariale. Pour autant, le chômage ne baisse pas comme attendu. Il est remonté à 9,4 % au troisième trimestre, après être tombé à 9,2 % au deuxième trimestre. Cette remontée du chômage laisse transparaître l'existence de problème d'appariement entre les compétences offertes par les demandeurs d'emploi et celle recherchées par les entreprises. Le bilan du plan 500000 formations, lancé sous François Hollande, a montré que résoudre ce problème n'est pas aisé et ne peut être réalisé qu'à l'aide de formations adaptées et vraisemblablement plus longues qu'initialement envisagé. Si l'ancien exécutif avait perçu l'enjeu d'améliorer la formation, l'actuel gouvernement semble également s'en préoccuper au regard de sa volonté de réformer la formation professionnelle et l'apprentissage. Le plan 500000 formations proposait principalement des cycles de cours de courte durée (quelques mois), un cadre temporel pas nécessairement adapté pour doter les demandeurs d'emploi des nouvelles compétences recherchées sur le marché du travail. Les chefs d'entreprise signalent en effet, depuis fin 2015, des difficultés croissantes de recrutement, d'après les récentes enquêtes de l'Insee. Ce problème de compétence, qui se reflète également dans la forte hausse des taux d'emplois vacants, laisse difficilement présager de fortes baisses du chômage à court terme en 2018. Selon nos estimations, le chômage devrait peu reculer en 2018 (pour atteindre en moyenne 9,3 %) et en 2019 (9,1 %).

Quelles sont les tendances à prévoir en termes d'investissement pour les entreprises et les ménages ?

L'investissement connaît une dynamique positive en France tant au niveau des entreprises que des ménages. Cette tendance devrait se maintenir. Le CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) va être renforcé en 2018 (hausse du taux du CICE de 6% à 7%), soutenant l'investissement des entreprises (estimé en moyenne à 5,4% en 2017 et 4,2% en 2018) qui continuent de profiter de bonnes conditions de financement. La politique monétaire accommodante devrait rester favorable aux entreprises en 2018 avec le maintien de taux faibles, qui ne devraient pas remonter avant mi-2019. Du côté des ménages, leurs investissements ont décéléré au second semestre 2017, mais restent dynamiques, profitant toujours de la faiblesse des taux d'intérêt. Ceci devrait se poursuivre, laissant présager un léger recul des investissements des ménages dans l'immobilier de 5,2%, en 2017, à 4,2%, en 2018.

Au niveau de la fiscalité des entreprises, quelle est la volonté du gouvernement ?

La politique fiscale présentée dans le projet de Loi de finances 2018 reflète la volonté du gouvernement de ramener la fiscalité française dans la moyenne européenne, alors qu'elle s'en était écartée à la hausse. Cela transparaît dans le projet de réduire progressivement le taux d'impôt sur les sociétés. Toutefois, ce recours à la politique fiscale pour améliorer la compétitivité au niveau du coût des entreprises n'est pas propre à la France qui, à l'échéance visée - en 2022 -, pourrait rester légèrement au-dessus de la moyenne européenne.

Grégoire Normand
Commentaires 37
à écrit le 23/01/2018 à 11:32
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Le plan 500 000 formation de François Hollande n'a strictement rien réglé il a seulement permis de tronquer le nombre de demandeurs d'emploi. Les mesures ont été un prises par le précédant gouvernement ont été des repoussoirs pour les entrepreneurs ...

à écrit le 21/01/2018 à 19:32
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Pas de croissance pas d'emploi en plus avec toute les taxes qe l'on a en ce moment le pouvoir d'achat des français va ce trouver bloquer et en plus la loi travail va encore plus faciliter les licenciement et beaucoup d'emploi sont au smic dans ce pa...

à écrit le 21/01/2018 à 12:33
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Triste France incapable au rapport de ses voisins de diviser par deux son chômage même en croissance meilleure que prévue Explications : inadéquation de plus en plus flagrante entre offres et chômeurs Persistance de matraquage fiscale puisqu'en 8...

le 21/01/2018 à 15:22
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Voilà que le mot d'ordre "on peut pas licencier" a laissé place "on trouve pas ce qu'on veux". En réalité, les entreprises - en moyenne - n'embauchent pas surtout car elles n'ont pas besoin : il n'y a pas d’expansion assez notable pour avoir besoi...

le 21/01/2018 à 15:31
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j'ai confondu faible et forte élasticité je crois (j'ai pas fait ES) mais cela n'est que du vocabulaire, on aura compris ce que je dis avec la définition avant...

à écrit le 20/01/2018 à 12:13
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"Le plan 500000 formations proposait principalement des cycles de cours de courte durée (quelques mois), un cadre temporel pas nécessairement adapté pour doter les demandeurs d'emploi des nouvelles compétences recherchées sur le marché du travail." ...

le 21/01/2018 à 12:32
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Entièrement d'accord ! Le niveau minimum aujourd'hui pour trouver un vrai boulot, c'est le BTS, et encore ça dépend lequel ... on ne forme pas à ce niveau sans des bases solides. Former des bouchers, des pâtissiers ... etc, très bien, mais combien en...

le 21/01/2018 à 14:04
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Si vous êtes au chomage, ne comptez JAMAIS sur Pole emploi pour des formation débouchant sur un emploi ( sauf emploi bull-shit) " allez voir à l'AFPA" " allez voir la région et son plan" "allez voir le département pour une aide" stop ou encore

le 21/01/2018 à 18:11
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Alors, j'ai recherché ce que c'est que la "Programmation Neuro Linguistique "! Jamais entendu parler de ça auparavant... en fait des mots qui "font" bien savant, pour dire que si vous suivez ce type de formation, vous avez une chance de trouver un jo...

le 22/01/2018 à 10:28
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Formation bidon = emploi bidon ( centre d'appels)

à écrit le 19/01/2018 à 20:35
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Il y a une vérité première, sans pouvoir d'achat il n'y a pas de clients et sans clients pas d'activité économique pérenne. On paie et on va continuer de payer encore longtemps une politique de rigueur qui flingue le pouvoir d'achat collectif des ...

le 26/02/2018 à 13:26
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Bien monsieur , vous avez entierement raison

à écrit le 19/01/2018 à 19:28
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Citons George Orwell, « dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire ». L’UPR par son travail d’information et son combat politique, malgré l' ..oubli éhonté des médias de masse, fait figure d’acte révolu...

à écrit le 19/01/2018 à 19:16
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Une crise financiere comme en 2008 et ca voudrait changer la donne.

à écrit le 19/01/2018 à 19:08
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C est plus une histoire de conjoncture internationale qui s arrange depuis quelques annees que d un macron

le 26/01/2018 à 18:09
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Une importante crise financière va faire son retour. 2008-2018, tous les 10ans. Je suis amateur tradeur en bourse et je vois qu'il va se passer une grosse crise, une bulle sur les marchés financier debute depuis Octobre 2017.

à écrit le 19/01/2018 à 14:40
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Il faut quasiment 1,5 point de croissance pour commencer à créer de l’emploi et encore, c’était dans le monde d’avant. Depuis il y a eu augmentation de la productivité, on décale progressivement l’âge de départ à la retraite et l’avenir est à la rob...

le 19/01/2018 à 18:40
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La politique économique libérale s'accentue d'année en année, avec des miettes sociales pour faire passer la pilule .

le 19/01/2018 à 19:20
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@ velkavatar Je suis pas mal d’accord avec votre analyse. J’ajouterais qu’avec un chômage structurel autour de 8,5% je vois mal sortir de cette spirale surtout que l’employabilité des Français est désastreuse et ne tend surtout pas à s’améliorer....

le 19/01/2018 à 19:24
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@ velkavatar Je suis pas mal d’accord avec votre analyse. J’ajouterais qu’avec un chômage structurel autour de 8,5% je vois mal sortir de cette spirale surtout que l’employabilité des Français est désastreuse et ne tend surtout pas à s’améliorer....

le 19/01/2018 à 19:30
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Un monde bien d avant alors car en 2011 il y avait 1, 7 % de croissance après deux crises financieres il faut aussi le rappeler. Un autre petit rappel. Le taux de chomage fin 2011 etait moins eleve qu aujourd hui

à écrit le 19/01/2018 à 14:23
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"Espérance de vie en hause constante depuis un siècle, sortie de 2 Milliards d'humains de la pauvreté depuis 30 ans, pouvoir d'achat en hausse constante depuis le début de la révolution industrielle, les aléas conjoncturels sont parfois durs, mais la...

à écrit le 19/01/2018 à 13:54
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le chomage structurel de la france est a 10%, alors ca risque effectivement de ne pas descendre beaucoup......... cela dit on peut commencer par s'occuper des 3 millions de chomeurs directs et indirects que hollande a crees volontairement et conform...

à écrit le 19/01/2018 à 11:09
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Il faut augmenter la cotisation foncière des entreprises et utiliser ces sommes pour revitaliser les centres ville.L'état peut difficilement intervenir pour l'entreprenariat s'il n'est pas doté de moyens financiers substanciels.Alors seulement,le c...

le 19/01/2018 à 13:56
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je propose plutot un mesure patriote juste et sociale les rentiers de la republique gagnent en moyenne 22.000 euros contre 20.000 dans le prive il faut donc reduire les inegalites en votant un impot forfaitaire social de 10% sur tous ces rentiers b...

à écrit le 19/01/2018 à 10:39
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Nos technocrates jonglent avec les chiffres, la réalité est que notre pays est le champion du monde des prélèvements obligatoires . Impôts, taxes, autant de raison pour que la croissance soit molle. 57 % du PIB prélevé par l'état, et la dette qui aug...

le 19/01/2018 à 13:32
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Tout à fait d'accord avec vous. J'ajouterais que les chiffres de la croissance donnent très peu d'indication sur la santé réelle d'une économie. Pour s'en convaincre on a qu'à comparer les taux de croissances (assez similaires) de la France...

le 19/01/2018 à 13:33
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Tout à fait d'accord avec vous. J'ajouterais que les chiffres de la croissance donnent très peu d'indication sur la santé réelle d'une économie. Pour s'en convaincre on a qu'à comparer les taux de croissance (assez similaires) de la France ...

à écrit le 19/01/2018 à 10:16
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"Par ailleurs, malgré un maintien de l'activité autour de 2 %, le chômage peine à reculer". Catégorie seniors : +3 % en 2017 à pôle emploi .Et vu ce qui est signé chez PSA par exemple pour cette categorie ,c'est pas gagné.On peut d'ailleurs s'éton...

à écrit le 19/01/2018 à 10:07
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"Le CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) va être renforcé en 2018 (hausse du taux du CICE de 6% à 7%)" Toujours sans aucun contrôle sur ces sommes ,bien sur.

à écrit le 19/01/2018 à 10:06
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Les entreprises françaises veulent des moutons à cinq pattes : Bac+20 surdiplômé, 4 langues courantes, polyvalent et manœuvrable à volonté, salaire au plus bas, etc. Ils serait temps que les entreprises et D.R.H. reviennent sur terre et prennent l'ex...

à écrit le 18/01/2018 à 16:42
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Le chomage est lié à la démographie. Pour réduire le chomage, il faut réduire l'age de départ à la retraite et trouver un moyen de financer les retraites et pour cela, il faut appliquer la note n°6 du CAE. Il n'y a pas d'autres solutions.

à écrit le 18/01/2018 à 14:50
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Chomage de masse qui s’institutionnalise, pouvoir d'achat qui diminue à cause de la lutte contre le "koudutravail" et donc des salaires, les analystes les plus optimistes prédisent une crise majeur financière dans les deux ans, ça fait belle lurette ...

le 19/01/2018 à 14:01
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Le chomage de masse, c'est du 20/30%, en France on évolue dans les 8/10% depuis 15 ans, ce n'est pas du chomage de masse. Compte tenu du fait qu'il y a 4% de taux "naturel" (personne entre 2 jobs), on n'a 4/5% de "vrais chomeurs", ce n'est pas drôle ...

le 19/01/2018 à 14:37
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Oups désolé, erreur d'aiguillage, j'ai posté ma réponse comme un commentaire normal, c'est donc plus haut.

à écrit le 18/01/2018 à 13:04
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Un diagnostic réaliste sur le marché de l’emploi peu favorable au nouveau président . Il devient de plus en plus urgent de s’attaq à la baisse de la dépense publique

à écrit le 18/01/2018 à 12:19
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On l’espère que ça baisse... Il y a vraiment aucun intérêt en Europe pour les banques mondiaux , pour personne de «  bloquer » le marché du travail pour tous et toutes . Ne pas «  bloquer » c’est permettre au monde de dépasser les «  crises finan...

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