Le Medef lance à Strasbourg sa campagne pour les élections européennes

Le mouvement patronal veut donner de la voix pour influer sur le travail des futurs eurodéputés. En tournée nationale, il invitera ses adhérents à exprimer leurs attentes face au législateur européen. Sans surprise, la lutte contre les excès de la réglementation communautaire s'impose déjà au premier rang des revendications.
Fabrice Le Saché, vice-président chargé des affaires européennes au Medef, a lancé à Strasbourg sa campagne des élections européennes. Avec Alexandre Farro (Medef Grand Est), Sandrine Amrhein (Medef Alsace) et Valérie Debord, conseillère régionale du Grand Est.
Fabrice Le Saché, vice-président chargé des affaires européennes au Medef, a lancé à Strasbourg sa campagne des élections européennes. Avec Alexandre Farro (Medef Grand Est), Sandrine Amrhein (Medef Alsace) et Valérie Debord, conseillère régionale du Grand Est. (Crédits : Olivier Mirguet)

Le débat aurait mérité une audience plus étoffée, eu égard à l'incidence des travaux législatifs européens sur le quotidien des entreprises. Une quarantaine de patrons du Grand-Est ont répondu à l'invitation du Medef le 25 janvier à Strasbourg, pour le lancement d'une tournée nationale qui s'achèvera le 18 avril à Paris. Au fil des étapes organisées comme un tour de France (douze métropoles et l'outre-mer), le syndicat des patrons va tenter de consigner des doléances exprimées par les chefs d'entreprise. Au terme de l'exercice, sept semaines avant les élections européennes, le Medef recevra en audition à Paris les principales têtes de listes nationales. Le patronat français espère peser dans le débat européen et faire entendre ses propres revendications par la prochaine mandature, élue le 9 juin.

Fabrice Le Saché, vice-président du Medef en charge de l'Europe, a déjà donné le ton à Strasbourg. « Nous ne voulons pas d'une Europe qui surréglemente », a-t-il prévenu, promettant à ses adhérents de « réinvestir massivement » dans le lobbying et le travail d'influence au Parlement et à la Commission européenne. Le Medef a installé une petite équipe de six salariés à Bruxelles. « 70 % des réglementations qui touchent aux entreprises ont une origine européenne. Notre économie dépend à 60 % du marché intérieur, directement ou indirectement. On parle de compétition mondiale, de la Chine et des Etats-Unis, mais nos premiers partenaires commerciaux sont nos voisins. Le bon fonctionnement du marché intérieur est essentiel », a estimé Fabrice Le Saché.

Anticiper l'élargissement, ou le ralentir

Sans attendre les avis qui seront exprimés par les patrons au fil de son tour de France, Fabrice Le Saché a exprimé ses réticences quant à un élargissement possible de l'Union européenne. « La question c'est jusqu'où, et comment ? La prise de décision est déjà difficile à 27 ! On a une pleine solidarité avec l'Ukraine. Mais ce chemin pose des questions, on le voit bien avec les sujets agricoles », a-t-il prévenu. Le clin d'œil aux agriculteurs ne doit rien au hasard : à l'heure où le Medef débattait ce jeudi matin dans l'enceinte prêtée par le Parlement européen, la FNSEA bloquait l'ensemble des accès routiers à la capitale européenne.

« On a tous en tête des sujets liés à la surréglementation comme le devoir de vigilance, qui rend les entreprises françaises responsable de ce qui se passe chez le sous-traitant du sous-traitant de l'autre côté de la planète », a poursuivi Fabrice Le Saché, dans une mise en garde adressée avec insistance aux futurs eurodéputés. Autre sujet de crispation au Medef : la neutralité technologique des normes et règlements européens. « On est passé tout près du précipice avec le dogme anti-nucléaire », a jugé Fabrice Le Saché, référence aux quatre années de batailles européennes (et franco-allemandes) pour ou contre l'atome dans la taxonomie.

Une députée du PPE en osmose

Anne Sander, première questeur du parlement européen, a accepté le jeu du dialogue. L'élue française, qui n'a pas encore gagné sa place sur la liste des Républicains emmenée par François-Xavier Bellamy, s'est adressée au patrons par visioconférence depuis Bruxelles, où elle a pris part ce jeudi à une mini-session du parlement. « Nous sommes arrivés à un stade où production est devenu un gros mot dans certaines sphères », a judicieusement pointé l'élue, reconnaissant que l'Union européenne était allée « trop loin dans les législations sectorielles » du Green Deal (pacte vert). « Il faut mettre un coup de frein à la surenchère réglementaire », a convenu Anne Sander.

Plus tard dans la matinée, les représentants régionaux du Medef ont poursuivi leurs débats chez Soprema, entreprise du bâtiment emblématique d'une certaine réussite (4,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires) à Strasbourg. « Je considère qu'un Etat seul ne peut pas faire face à la mondialisation. Sans l'Europe, les entreprises françaises auraient beaucoup de peine », a reconnu son patron Pierre-Etienne Bindschedler, qui vient de racheter trois usines au Royaume-Uni. « Les normes européennes sont merdiques. Tout individu normalement constitué se dit que l'Europe, c'est le bordel. J'espère qu'au Medef, vous pourrez remettre en cause toutes les normes inutiles. Je vous souhaite bon courage », a-t-il poursuivi, à demi sérieux et à demi caustique. « Il faut freiner cette frénésie réglementaire », a acquiescé Fabrice Le Saché.

Commentaires 2
à écrit le 26/01/2024 à 7:24
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"Le mouvement patronal veut donner de la voix pour influer sur le travail " Non c'est bon merci bien hein ! Vu comme ils ont massacré le travail en se soumettant bassement, servilement aux marchés financiers il ne faut surtout plus leur confier une v...

à écrit le 25/01/2024 à 20:13
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Ils doivent être content de la censure du Conseil constitutionnel sur la loi immigration .

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