Medef : ce qui attend Patrick Martin, le nouveau patron des patrons

Elu avec 73,98% des voix Patrick Martin succède à Geoffroy Roux de Bézieux à la tête du Medef. Lui qui fut son bras droit depuis 5 ans connaît bien la maison patronale et les dossiers. Dès mardi, ce chef d'entreprise lyonnais de 63 ans sera à Matignon pour une rencontre avec les partenaires sociaux et Elisabeth Borne. Il devrait, aussi selon nos informations, être reçu par la Première ministre dès cette fin de semaine pour un tête à tête de félicitations.
Fanny Guinochet
Patrick Martin l'a emporté avec près de 74% des voix
Patrick Martin l'a emporté avec près de 74% des voix (Crédits : Laurent Cerino/ADE)

Cela fait 5 ans qu'il attend. Sans surprise, à l'issue d'un vote au Hangar Y de Meudon, Patrick Martin est devenu ce jeudi le numéro 1 du Medef. Costume noir sobre, sa voix rauque de fumeur, le chef d'entreprise n'a pas caché sa joie de l'emporter face à Dominique Carlac'h, à peine créditée d'un peu plus de 23 % des suffrages. Lui, le favori pour remplacer Geoffroy Roux de Bézieux, a remporté le scrutin sans équivoque.

Sa particularité ? Patrick Martin s'est présenté comme le candidat des territoires, - son entreprise a conservé son siège social à Bourg en Bresse, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes-. Il est le premier dirigeant d'un Medef territorial à prendre la direction de l'organisation patronale nationale.

Appartenant à une lignée de métallurgistes, il a repris en 1997, l'entreprise familiale Martin-Belaysoud, laquelle, après plusieurs opérations de croissance externe, génère aujourd'hui plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires et compte plus de 3.000 salariés. Si Patrick Martin se prépare depuis longtemps à ce mandat patronal, la tâche qui l'attend est immense.

Un tête à tête avec Elisabeth Borne dès cette fin de semaine

Selon nos informations, il pourrait démarrer par un rendez-vous à Matignon. En effet, Patrick Martin pourrait être reçu dès cette fin de semaine par Elisabeth Borne. La première Ministre souhaite féliciter le nouvel élu, comme elle l'a fait avec la nouvelle chef de file de la CFDT Marylise Léon, qui a succédé à Laurent Berger en juin dernier. Le même type de rencontre avait été également proposé à Sophie Binet en avril dernier par Elisabeth Borne, mais, en plein conflit contre la réforme des retraites, la syndicaliste avait décliné l'invitation.

Patrick Martin, lui, ne boudera pas son plaisir de recevoir les honneurs du numéro un, même si officiellement, et conformément aux statuts, il ne prendra la présidence du Medef que le 17 juillet prochain.

Priorité au dialogue social

Il n'empêche, il tient à être aux côtés de Geoffroy Roux de Bézieux, pour la rencontre le 12 juillet prochain, à Matignon, avec les syndicats. Cette fois, il s'agit d'évoquer l'agenda social de la rentrée.

Pendant toute la campagne, Patrick Martin a martelé son intention de faire vivre le dialogue social et le paritarisme. Dans son discours, ce jeudi 6 juillet, le sexagénaire a d'ailleurs promis de porter, « la voix puissante et respectée des entreprises. »

A charge pour lui toutefois de trouver la bonne place face aux deux nouvelles représentantes syndicales : Sophie Binet de la CGT et Marylise Léon de la CFDT. Entre ces deux figures féminines qui incarnent une forme de renouveau dans le paysage social, la difficulté sera de ne pas apparaître comme le patron "has been".

Travailler plus à international

Autre ambition, mieux faire entendre les intérêts des entreprises françaises à l'international et notamment en Europe. Patrick Martin, qui a bénéficié de l'appui de Geoffroy Roux de Bézieux répond ainsi à l'un des regrets du sortant : ne pas avoir suffisamment été là, pour défendre la doctrine du Medef à Bruxelles.

Pendant sa campagne, Patrick Martin a ainsi promis de nommer un membre de sa garde rapprochée dédiée à ce sujet. Le jeune entrepreneur Fabrice Le Saché, déjà présent au Medef en tant que vice-président, pourrait hériter de cette mission.

Montrer que les entreprises sont la solution ...

« Etant donné les crises que traverse notre pays, nous avons besoin des entreprises. Elles sont la solution, au moins une partie », assurait Patrick Martin quelques minutes après être élu.  Ainsi veut-il par exemple, mettre l'accent sur la formation et l'employabilité des salariés. Il souhaite aussi que les entreprises soient plus impliquées dans l'orientation des jeunes.

Un des premiers sujets qu'il pourrait également porter, sous la pression de l'UIMM, premier adhérent du Medef, devrait être également l'emploi des séniors.

Le mandat patronal de Geoffroy Roux de Bézieux, bien que marqué par de nombreuses crises, avait vu les entreprises plébiscitées dans l'opinion. En sera-t-il de même dans les mois prochains ? Dans un contexte de tensions sociales et budgétaires, le gouvernement poursuivra-t-il sa politique pro-business ? Rien n'est moins sûr, avec de surcroît une Assemblée nationale qui demande régulièrement une hausse de la fiscalité pour les grands groupes qui réalisent des superprofits.

Il n'empêche. Dans la lignée de Geoffroy Roux de Bézieux, le nouveau patron des patrons entend poursuivre le lobbying en faveur des baisses d'impôts de production. « Ce n'est pas un mantra, mais nous avons pu voir que cela donnait d'excellents résultats », plaide Patrick Martin.  Tout en lançant : « Assumons nos convictions libérales, sociales, environnementales... »

Fanny Guinochet
Commentaires 3
à écrit le 07/07/2023 à 8:00
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La laisse en plus du collier.

à écrit le 06/07/2023 à 17:12
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Si c'est pour être le béni-oui-oui du pouvoir européiste en délaissant notre responsabilité locale ! Nous allons disparaitre !

le 07/07/2023 à 0:46
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C'est deja fait.

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