Les chefs d'entreprises ne croient pas aux prédictions du gouvernement !

En dépit de l'amélioration de la conjoncture, les dirigeants de PME et d'ETI n'ont toujours pas un moral à toute épreuve. Entre septembre et mars, le baromètre LCL-La Tribune-Ipsos qui mesure la confiance des chefs d'entreprises progresse peu. Près d'un sur deux anticipe une simple stabilisation de l'activité de leur entreprise cette année.
Fabien Piliu
Tous les dirigeants de PME et d'ETI ne voient pas encore la reprise venir

Comme Sœur Anne, la tendre héroïne du conte La Barbe bleue de Charles Perrault, les dirigeants de PME et d'ETI ne voient rien venir. La reprise de l'activité ? Le retour des embauches ? Ce ne sera pas pour cette année si l'on juge par les résultats de la dernière mouture du baromètre exclusif LCL-La Tribune réalisée par Ipos. Certes, l'indice synthétique qui mesure le moral des ménages a progressé de 4 points en septembre et mars. Mais à 90, il se situe toujours très loin de sa moyenne de longue période, fixée à 100.

Pourtant, le PIB devrait progresser de 1% cette année ! Très loin du 0,4% enregistré en 2014. Un peu plus optimiste que le gouvernement, l'OCDE a précisé mercredi 18 mars que l'activité pourrait même augmenter de 1,1% en 2015 !

Le problème, c'est que les chefs d'entreprises ont l'habitude des discours volontaristes, des projections optimistes, voire fantaisistes de l'exécutif. Une coutume qui ne date pas de mai 2012. Il suffit de comparer les projections des derniers locataires de Bercy et les statistiques de l'Insee pour comprendre que l'art de la prévision est éminemment difficile dans le domaine économique.


La destruction d'emploi est toujours à l'oeuvre

Sur le terrain, c'est-à-dire à la lecture de leurs carnets de commandes en France, et pour celles qui exportent, à l'étranger - sur 3 millions d'entreprises, seules 121.000 exportent -, les chefs d'entreprises se gardent bien de tout enthousiasme excessif. L'heure est à la modération, en dépit d'un léger frémissement de la demande. Seuls 26% des chefs d'entreprise interrogés anticipent une hausse de leur activité cette année. Une proportion quasi-équivalente - 25% - table sur une baisse. Ils sont 48% à envisager une stabilisation de leur activité. Dans ce contexte, tirer des plans sur la comète est compliqué.

Résultat, si les achats d'équipement progressent, " la destruction d'emplois est toujours à l'œuvre ", observe Yves Fradier, le responsable du service des grandes enquêtes chez Ipsos.
L'inflexion de la courbe du chômage n'est donc pas pour demain, malheureusement pour les 3,48 millions de demandeurs d'emploi en catégorie A, un chiffre daté de janvier. Quant à la montée en gamme du made in France, que permet l'innovation, elle est encore hypothétique. Enregistrée par l'Office européen des brevets, la progression de 4% des demandes de brevets est surtout tirée par les efforts des grands groupes et des instituts de recherche publics. En effet, 69% des PME et ETI interrogées par Ipsos comptent valoriser leur démarche d'innovation en 2015.

Les mesures du gouvernementales pour l'instant sans effet majeur

Pour l'instant, n'en déplaise au gouvernement et en particulier au ministère de l'Economie, les mesures contenues dans la politique de l'offre du gouvernement semblent donc avoir un effet pour le moins discret, permettant seulement de limiter la casse. La crise de 2008-2009 et ses soubresauts ont fait trop de dégâts dans le tissu productif français pour que l'activité redémarre par la simple grâce de quelques mesures fiscales.

Parmi ces mesures, citons les allégements de cotisations patronales en vigueur depuis le 1er janvier prévus par le Pacte de responsabilité, l'augmentation de 4% à 6% du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE). S'ajoutent à ces deux mesures qui permettent de réduire le coût du travail, la montée en puissance des nouveaux outils à l'exportation que l'exécutif vient de lancer parmi lesquels le crédit export.

La loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques dite Loi Macron peut-elle également stimuler l'économie, et ce dès cette année ? En charge de l'étude d'impact ex ante, France Stratégie est plutôt prudente. La réforme du travail dominical ?

« L'extension des horaires d'ouverture pourrait se traduire par une hausse de la demande globale de travail et donc in fine par des créations d'emplois ou une augmentation des heures travaillées. Les études empiriques portant sur quelques expériences étrangères confirment ces prédictions aucun effet sur les prix à la consommation n'est en revanche décelé. »


II faudrait que les maires utilisent pleinement leur droit d'ouvrir les commerces de leurs communes douze fois par an pour cette mesure tant décriée dans les rangs mêmes de la majorité produisent des effets sur l'emploi.

L'ouverture de l'offre de transport par capital aurait des effets pour l'emploi, mais à certaines conditions. Il faut que l'offre bondisse de 50% - comme ce fut le cas au Royaume-Uni après l'ouverture du marché - et que la productivité progresse de l'ordre de 10 % pour que cette mesure créée 22.000 emplois.

La loi Macron est surtout un message

Les effets de la réforme de la justice prud'homale sont hypothétiques, comme l'explique France Stratégie :

" A priori, les objectifs visés par le projet de loi, de diminution des délais des procédures et d'amélioration de la prévisibilité des jugements, devraient aboutir à une meilleure sécurité juridique pour les salariés et à une réduction des coûts de licenciement pour les entreprises. En conséquence, la durée du chômage devrait diminuer et les effets sur l'emploi devraient à terme être positifs. L'amélioration de la prévisibilité des jugements en réduisant les coûts de recours pour les deux parties et en améliorant la qualité des saisines a des effets bénéfiques pour les salariés et pour les employeurs. Elle devrait se traduire par un accroissement de l'emploi. Néanmoins, comme nous l'avons souligné plus haut, la réduction des délais des procédures ne se traduit pas nécessairement par une diminution des coûts de licenciement pour les entreprises car elle peut accroître la fréquence des recours de la part des salariés "

Quant aux mesures touchant les professions réglementées et l'urbanisme commercial, les effets sont quasi nuls sur l'activité et l'emploi.

Bref, plus qu'un coup d'accélérateur ou même un aiguillon pour l'activité, la loi Macron témoigne surtout de la volonté et de la capacité - même s'il a fallu que le gouvernement dégaine l'article 49.3 de la constitution le 19 février pour faire adopter la loi - de l'exécutif à réformer quelques structure de l'économie française.

Heureusement, la conjoncture est favorable

Quant à la baisse des cours de certaines matières premières, et notamment du brut, et à la dépréciation de l'euro face au dollar - depuis un an, l'euro a reculé de 23% face au dollar - et, ils semblent également sans effet.

Dans ce contexte, c'est un pronostic mi-figue, mi-raisin qu'Axelle Lacan, économiste chez LCL formule.

" Si la consommation des ménages restera le moteur de la croissance française en 2015, la contribution de l'investissement serait à nouveau négative, plombée par l'ajustement de l'investissement des ménages. Les ventes de logements neufs ont baissé en 2014 [environ -4% en volume], du fait notamment du niveau élevé des prix, de la hausse du chômage et du succès très mitigé du dispositif Duflot pour l'investissement locatif ".

Et de poursuivre :

" L'acquis négatif laissé en fin d'année est tel, qu'il ne sera pas compensé par les performances modestes attendues en 2015. Du côté des entreprises, la demande progresse, mais à un rythme modéré. La profitabilité reste dégradée. Et la confiance est toujours fragile, les variations de stocks, modestes, en portant également la trace. Enfin, malgré la dépréciation de l'euro, la contribution du commerce extérieur serait nulle, le déficit structurel de compétitivité empêchant la France d'en tirer pleinement parti ".

Fabien Piliu
Commentaires 39
à écrit le 25/03/2015 à 13:39
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La France est un pays ou tout est fait pour aider les entreprises:Cice,crédit impot recherche,subventions,contrats de l'état,etc..Les entrepreneurs français ne sont tout simplement pas au niveau!

à écrit le 25/03/2015 à 8:40
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Baisse du coût du pétrole, baisse de l'US $, baisse des charges, sécurisation juridique des litiges…..si avec çà rizn ne bouge, je ne sais pas ce qu'il faut faire !

le 25/03/2015 à 12:43
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Il faut que le gouvernement se mette à faire de VRAIES réformes, car pour l'instant, les seules améliorations, celles que vous citées, viennent de l'extérieur !!! (pétrole, parité dollar,...) Sécurisation des litiges ?? Les possibilités de class-act...

le 25/03/2015 à 13:05
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@ @JPMa Evidement la baisse des hydrocarbures va dans le bon sens, mais ca ne fait pas une reprise gagnante, notamment en parts de marché par rapport à la concurrence étrangère qui est féroce. Ce qui va faire la différence: le bras armé du gouvern...

le 25/03/2015 à 13:10
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@ @JPMa La baisse des hydrocarbures, hors pétroliers et parapétroliers, profitent aussi à nos concurrents, et ne résout donc absolument rien.

à écrit le 24/03/2015 à 22:22
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si ça peut vous rassurer, les croquants de base, leso bscurs, les sans-grade, le bétail à tondre, n'y croient pas non plus ..

à écrit le 24/03/2015 à 21:35
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La semaine dernière dans ma rue, il y avait un chantier d'électricité publique: en regardant les véhicules de l'entreprise, je me suis aperçu qu'ils étaient immatriculés au Portugal: que veut-on? Doit on continuer à indemniser des chômeurs français, ...

le 25/03/2015 à 7:13
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on peut faire les deux: a la fois utiliser des entreprises françaises et conserver des tarifs bas. il y a une telle gabegie chez edf (subventions du CE, conditions accordées aux employés...).

le 25/03/2015 à 8:09
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On pourrait plutôt, mais nos "chers" gouvernants ( de tout bord ) ne semblent pas concernés.

à écrit le 24/03/2015 à 20:32
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A

à écrit le 24/03/2015 à 19:44
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la france a le record d'europe des impôts et charges sur les ménages et les entreprises, le record d'europe de dépenses publiques qui sont improductives car depuis 30 ans de budget en déficit c'est la dette qui se creuse aussi, donc il est rigoureuse...

à écrit le 24/03/2015 à 19:20
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Matamore Valls et Utopique Hollande ne sont pas de bons gestionnaires du pays. Leurs propos sont exclusivement destinés à leurs électeurs. Le résultat du premier tour des élections départementales le prouve. 13% des votants ont soutenus le PS. Comme ...

à écrit le 24/03/2015 à 19:09
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Matamore Valls et Utopique Hollande ne sont pas de bons gestionnaires du pays. Leurs propos sont exclusivement destinés à leurs électeurs. Le résultat du premier tour des élections départementales le prouve. 13% des votants ont soutenus le PS. Comme ...

à écrit le 24/03/2015 à 17:08
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qui peut croire une bande de fonctionnaires coupés des réalités ?

à écrit le 24/03/2015 à 16:22
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Il faut être complètement cinglé pour croire à la reprise avec un carcan fiscal pareil. La seule croissance possible c'est celle du chômage. Cela risque de mal finir. Barrez-vous les jeunes !

à écrit le 24/03/2015 à 13:50
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Le quotidien libéral Wall Street Journal ce matin considére le programme socialiste comme la seule option en faveur des réformes économiques et d'une croissance en France: "La droite-centriste française UMP et l'extrême-droite FN ont remporté ensem...

le 24/03/2015 à 17:08
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Je comprends que pour un journal étranger et libéral ce soit compliqué à comprendre, mais même nous français avons compris tardivement que nos partis de gouvernements étaient tous les 2 socialistes avec les résultats que l'on sait ces 40 dernières an...

le 24/03/2015 à 17:09
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Plié de rire ! Avec+ 500.000 chômeurs en 2 ans et demis, 100 milliards d'impôts en plus, une fuite des cerveaux et des entrepreneurs, que peut apporter le socialisme à la France qui travaille ??? Désespoir, tristesse, pauvreté. Par contre pour les fo...

le 25/03/2015 à 12:29
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Quand cessera-t-on de parler de ce clivage droite-gauche qui n'existe plus depuis belle lurette. Lorsque M. Mitterand a décrété la rigueur en 1983, il a adopté l'économie de marché, la même que celle de la droite ! les partis dits de gouvernement ne ...

le 25/03/2015 à 12:56
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@Pat34 Avec l'annonce, depuis le début de l'année, de 4 centres de recherche étrangers qui viennent s'installer en France, dont une biotech américaine sur le cancer (200 personnes), vos infos ne semblent plus vraiment objectives, même si dans certai...

à écrit le 24/03/2015 à 12:47
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"Les chefs d'entreprises ne croient pas aux prédictions du gouvernement" Surtout pour ce qui est de la majorité des dirigeants de PME et d'ETI qui roulent majoritairement à droite, surtout en période électorale. Donc, rien de nouveau, posture élect...

à écrit le 24/03/2015 à 11:12
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Les entreprises françaises sont t'elles capables d'exporter? Et bien malgré l'arrivée d'Alibaba qui pourrait booster le marché français pour les pme, je dis non! Nous ne maitrisons pas la logistique qui faisait partie avant des fonctions de l'état,...

à écrit le 24/03/2015 à 10:32
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La réalité Franco-Française est simple: tant que nous aurons 57,1% de dépenses publiques lorsqu'elles sont de 45,2% en Allemagne et bien moins importantes en Grande-Bretagne, il nous faudra au moins 2 fois plus de croissance que nos voisins pour "déc...

à écrit le 24/03/2015 à 9:56
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le titre de La Tribune : "Les chefs d'entreprises ne croient pas aux prédictions du gouvernement ! " une autre rédaction serait possible : " Les chefs d'entreprises ne croient pas aux mensonges du gouvernement au service du Medef CAC40 ! Pour le r...

le 24/03/2015 à 10:40
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Qui peut croire encore un système arrivé au pouvoir par le mensonge (à part la clientèle du PS) ?

le 24/03/2015 à 14:23
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Qui peut croire que ceux qui n'ont rien fait pendant 10 années, pourra

le 24/03/2015 à 14:33
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Comment, ceux qui n'ont rien fait pendant 10 années, dont les sarkozystes durant le dernier quinquenat, peuvent prétendre faire mieux que le gouvernement actuel? Je n'ai pas vraiment entendu de propositions sérieuses, pas plus qu'un bilan objectif et...

à écrit le 24/03/2015 à 9:48
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une reprise sans emplois ... n'est pas une reprise !

le 24/03/2015 à 17:13
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Si 2 explications, les vents sont favorables mais ce sont les bateaux les plus légers qui vont avancer, je préfère cette option. Il y en a une seconde qui est plus inquiétante, c'est que cette croissance soit artificielle, ce qui correspond à une ou ...

à écrit le 24/03/2015 à 9:24
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le pb est bien plus profond que juste une conjonction des astres favorable ou pas comme lyon69 l'a dit, aucune reforme n'a ete faite ( reformer les taxis c'est pas une reforme...) pour le reste, faut pas oublier que ca n'interesse plus personne de ...

à écrit le 24/03/2015 à 9:18
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BONNE ANNALYSE???

à écrit le 24/03/2015 à 9:08
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''II faudrait que les maires utilisent pleinement leur droit d'ouvrir les commerces de leurs communes douze fois par an'' Oui mais il vaudrais aussi plus d'argent pour les acheteurs, s'il n'y a pas d'argent pour acheter plus, cela ne sert a rien d’o...

à écrit le 24/03/2015 à 9:08
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Personne n'a un moral a toute epreuve dans le meme temps les choses s'ameliore et le gvt en est en partie responsible. C'est un debut don't il faut se rejouir car la route est encore longue!

à écrit le 24/03/2015 à 8:59
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Derrière tout cela se cache Bruxelles qui se glorifie de toute les réponses apportés aux lobbys mais dont les petites entreprises ne bénéficie pas!

le 24/03/2015 à 13:37
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Bruxelles est à l'image de la bureaucratie française. C'est le gouvernement qui gère en France, et il ne le fait pas. Il se laisse bercer par l'Administration par nature socialiste.

à écrit le 24/03/2015 à 8:55
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Le problème, c'est qu'on voit bien 2 améliorations dans la conjoncture : - la baisse du prix du pétrole ; - la baisse du Dollar face à l'euro. Or, ce sont 2 améliorations qui risquent d'être temporaires (surtout le prix du pétrole), et surtout, ce...

le 24/03/2015 à 13:54
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La baisse du prix du pétrole incite à investir pour réduire la quantité de travail. Cela crée du travail pour investir et ça en économise après.

à écrit le 24/03/2015 à 8:43
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Les agences immobilières ferment dans de nombreuses régions,les petits commerces les artisans idem, les marchés se dépeuplent mais tout va bien et il est surtout interdit de faire dans le misérabilisme...tout dans la méthode coué!

à écrit le 24/03/2015 à 8:37
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Pourtant ils continuent à pomper joyeusement dans les caisses vides de l'état sans jamais de contrepartie. Les déficits ils y crient après mais ils y contribuent allègrement Et nous on paye au nom de la sacro sainte compétitivité Vraiment ça comme...

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