Les perspectives de recrutement des cadres atteignent des sommets en 2018

Les recrutements de cadres pourraient atteindre jusqu'à 271.000 en 2018 selon l'Association pour l'emploi des cadres. Un niveau jamais atteint depuis le début des années 2000.
Grégoire Normand
À partir des réponses de 11.000 entreprises interrogées entre octobre et décembre 2017, l’Apec estime que les recrutements de cadres pourraient, en 2018, être compris entre 248.000 et 271.000.
À partir des réponses de 11.000 entreprises interrogées entre octobre et décembre 2017, l’Apec estime que les recrutements de cadres pourraient, en 2018, être compris entre 248.000 et 271.000. (Crédits : Statista*)

Les bons indicateurs se multiplient pour l'économie française. Selon la dernière note de conjoncture de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), les recrutements des cadres ne vont cesser d'accélérer pour battre des records en 2018. Concrètement, l'association estime que l'embauche des cadres pourrait être comprise entre 248.000 et 271.000 cette année après 240.100 en 2017. Pour 2019 et 2020, cette tendance haussière devrait se poursuivre dans un contexte économique favorable.

Pour le directeur général de l'Apec, Jean-Marie Marx, si "des aléas subsistent sur l'environnement international [...] tout nous incite à tabler sur une croissance pérenne, ce qui permettrait aux recruteurs d'effectuer plus de 276.000 embauches de cadres à l'horizon 2020".

Les services en avant

Dans son étude, l'organisation explique que tous les secteurs profiteraient de cette dynamique. Les entreprises du secteur des services pourraient totaliser jusqu'à 196.600
embauches de cadres sur l'ensemble de l'année. Dans le même temps, la
construction et l'industrie devraient être soutenues par la bonne santé économique et accroître sensiblement leurs recrutements de personnel d'encadrement. La construction a retrouvé des couleurs. Le secteur est soutenu par le fort investissement des ménages dans les biens immobiliers profitant ainsi des taux bas.

Le secteur des services présente des perspectives d'embauches estimées entre 4% et 14% selon les scénarios pour 2018 après une hausse de 10% en 2017. Le recrutement des cadres est particulièrement dynamique dans l'industrie malgré la dégradation du secteur dans l'économie française. Les intentions de recrutement se situent entre 2% et 12% après une augmentation de 12% l'année dernière. Du côté du commerce, les projections d'embauche demeurent stables. C'est d'ailleurs le seul secteur à connaître ce phénomène. La montée en puissance du commerce électronique et les transformations en cours dans la grande distribution peuvent en partie expliquer l'atonie de ces perspectives.

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Des profils très recherchés en informatique

Les profils les plus recherchés en 2018 seraient concentrés dans l'informatique, les études et recherche et développement sachant que la France accuse du retard dans ce domaine par rapport à quelques voisins européens comme l'Allemagne ou la Suède.

En termes de compétences, les métiers liés à la data (data scientist, data analyst) devraient être très convoités par les entreprises tout comme les chefs de projet. L'entrée en vigueur du Règlement général sur la protection des données (RGPD) dans les mois prochains devrait être au centre des préoccupations d'un grand nombre d'entreprises sur le territoire français.

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Ce sont surtout les cadres ayant 1 à 10 ans d'expérience qui seraient les plus recherchés par les recruteurs. Les débutants avec moins d'un an d'expérience commenceraient à profiter d'un marché de l'emploi en meilleure santé.

L'Ile-de-France a le vent en poupe

Sans surprise, l'Ile-de-France s'imposerait toujours comme la première région en termes de volume, avec près d'un recrutement sur deux de cadres. La région francilienne prévoit en effet d'embaucher entre 116.000 et 126.800 cadres selon les estimations. Sur la seconde marche du podium arrive la région Auvergne Rhône-Alpes (entre 29.000 et 31.800 recrutements prévus) et enfin l'Occitanie (entre 16.000 et 17.700) sur la dernière marche. À l'opposé, la Normandie et la Bourgogne Franche-Comté apparaissent comme les régions les moins porteuses en termes de volume d'embauche.

Une conjoncture favorable

Pour les responsables de l'association présents lors du point presse, l'ensemble des résultats permet d'observer "qu'on reste à un haut niveau [de recrutement; NDLR] dans la durée". Pour expliquer cette tendance, ils avancent trois principales raisons :

  • une croissance portée par un contexte mondial favorable, un climat des affaires au plus haut, et des niveaux d'investissement et de consommation élevés attendus pour le premier trimestre 2018 en ce qui concerne la France ;
  • la reconstitution des marges des entreprises. Cela leur a permis selon l'association le redressement de l'investissement productif dans les sociétés (+4,4% en 2017). "Le rétablissement de la situation financière des entreprises, associé à des conditions de financement favorables, à des carnets de commandes regarnis et aux tensions  de l'appareil productif, devraient renforcer ce mouvement" ;
  • la recherche de nouveaux profils liés à la transformation de l'économie ;
  • la mobilité des cadres. " Les mouvements reprennent avec plus de fluidités entre les régions". En revanche, les départs à la retraite auraient "un très faible impact" sur cette dynamique.

 Des aléas et défis à relever

Dans le contexte "d'un marché de l'emploi des cadres très bouleversé", l'Apec a identifié plusieurs difficultés et défis à relever.

En ce qui concerne l'activité, "les exportations françaises peinent à constituer un moteur de croissance pérenne. Elles ont, jusqu'à présent pesé sur l'évolution du PIB, et les mesures censées soutenir la productivité des entreprises exportatrices n'ont pas encore produit pleinement leurs effets". La deuxième crainte concerne la reprise des pays émergents qui "n'offre pas toutes les garanties et leur fragilité pourrait obérer la dynamique du commerce mondial".

Enfin, l'Apec a particulièrement insisté sur les difficultés de recrutements des cadres sur certaines fonctions et dans certaines régions qui peinent à attirer quelques types de profils.

"Ces tensions sont à mettre en lien avec l'accélération de la transformation numérique, la transition énergétique, et les évolutions des organisation et de leur mode de management qui nécessitent des compétences nouvelles".

Pour faire face à ces difficultés, l'Apec recommande aux entreprises de recourir plus facilement à l'alternance et l'apprentissage. la structure préconise également de "travailler l'attractivité de l'entreprise, la marque employeur et la qualité de vie au travail".

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(*) Un graphique de notre partenaire Statista.

Méthode : Cette enquête a été réalisée auprès d'un échantillon permanent de 11.000 entreprises du secteur privé. Cet échantillon est représentatif de la répartition par région, par taille et par secteur d'activité des salariés du secteur privé (source Acoss).
Les entreprises ont été contactées entre le 23 octobre et 8 décembre 2017.

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 15/02/2018 à 8:43
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apres le declaratif, faut aller voir dans les faits.... je ne doute pas un instant que les annonces regorgent de postes pour stagiaires, ou de recherche de bac, bac+2, pour des profils bac+5......... faut toujours faire la comparaison avec l'interna...

le 15/02/2018 à 9:08
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Tout à fait d'accord avec toi. Le gros frein au recrutement est le mauvais profilage du poste par les DRH. Alors que l'entreprise a besoin de profils de techniciens confirmés, les DRH s'obstinent à vouloir recruter des profils psychologiques. La volo...

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