Paquet pouvoir d'achat : Macron dans l'impasse

Après la claque des législatives, le paquet pouvoir d'achat annoncé par l'exécutif début juillet va probablement se heurter aux forces vives des oppositions (Nupes, RN ou encore LR). La majorité présidentielle va devoir négocier un accord formel avec d'autres groupes parlementaires ou des accords de projets avec des élus prêts à soutenir les propositions du gouvernement.
Grégoire Normand
Après le second tour des législatives, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne vont être obligés de négocier des accords ou faire des majorités de projet à l'Assemblée s'ils veulent faire passer les réformes.
Après le second tour des législatives, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne vont être obligés de négocier des accords ou faire des majorités de projet à l'Assemblée s'ils veulent faire passer les réformes. (Crédits : Reuters)

La France est plongée dans un épais brouillard politique. Au lendemain des élections législatives, Emmanuel Macron va devoir apprendre à gouverner avec une majorité relative. Les résultats aux allures de séisme dessinent une Assemblée nationale fragmentée entre le camp Macron qui perd la majorité absolue, la percée de la Nupes et le score inédit du Rassemblement national (RN) sous la Vème République. Les députés du RN remportent ainsi 89 sièges au Palais Bourbon confirmant l'ancrage territorial du parti de Marine Le Pen. Au gouvernement, les rumeurs d'une démission d'Elisabeth Borne s'accélèrent. La Première ministre, qui a gagné de justesse dans le Calvados face au candidat de la Nupes est sur un siège éjectable. Sans surprise, ce scrutin a été boudé par les Français alors qu'une partie du pays subissait une vague de chaleur inédite par sa précocité.

Le taux d'abstention, de 53,79%, est en hausse de plus d'un point par rapport au premier tour (52,49%) mais n'a pas atteint le record du second tour de 2017 (57,36%).

« La majorité présidentielle a pâti dans les urnes d'une hostilité à Emmanuel Macron qui a notamment trouvé sa source dans les multiples mouvements sociaux qui ont émaillé le quinquennat 2017-2022. À la présidentielle, les sondages indiquaient que la volonté des électeurs de faire barrage à Emmanuel Macron était presque aussi forte que celle de s'opposer à Marine Le Pen. Aux législatives, la "déconnexion sociale" reprochée à la macronie a été sanctionnée dans les urnes. Les reports de voix au second tour des électeurs LR ou NUPES, dont les candidats avaient été éliminés, ont été particulièrement défavorables à la majorité », a expliqué Erwan Lestrohan, directeur conseil chez Odoxa interrogé par La Tribune.

Dans ce contexte troublé, le paquet pouvoir d'achat, premier chantier du quinquennat Macron II, risque de se heurter à toutes ces oppositions bien plus nombreuses que lors de la précédente mandature.

Lire aussi : Législatives : désaveu cinglant pour Macron face à un pays ingouvernable

Un paquet pouvoir d'achat à 9 milliards d'euros entravé

« La première urgence, c'est le pouvoir d'achat. Les lois d'urgence pour le pouvoir d'achat seront les premiers textes de ce quinquennat », avait promis la cheffe du gouvernement Elisabeth Borne en recevant les syndicats à Matignon à la veille du premier tour des législatives. Dix jours après, la donne a complètement changé pour le gouvernement en place. Ce paquet pouvoir d'achat dont les contours restent à préciser pourrait comporter la fameuse prime Macron désocialisée et défiscalisée jusqu'à 6.000 euros, le chèque alimentaire, le prolongement du bouclier tarifaire, la revalorisation des prestations sociales, l'indexation des retraites sur l'inflation ou encore le dégel du point d'indice des fonctionnaires.

Le vote de cette enveloppe estimée à environ 9 milliards d'euros (0,4 point de PIB) par l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) pourrait bien virer au casse-tête pour le gouvernement. En effet, plusieurs élus à droite (Les Républicains) pourraient considérer que le gouvernement amplifie sa politique du « carnet de chèques ». À la fin de l'année 2021, Valérie Pécresse alors candidate à la présidentielle avait accusé la majorité de « cramer la caisse » après l'annonce de tous les chèques pour faire face à la hausse des prix.

À gauche, certains élus, membres de la Nupes pourraient considérer que l'exécutif n'en fait pas assez pour les ménages les plus modestes en première ligne face à l'envolée des prix de l'énergie et de l'alimentaire. Enfin, les élus du Rassemblement national (RN) pourraient faire obstruction au paquet pouvoir d'achat en adoptant une ligne anti-macron.

Un paquet législatif en sursis : les différentes options

Sans majorité absolue, le gouvernement pourrait faire face à des tirs de barrage de tous les côtés pour faire adopter cette enveloppe. Dans l'hémicycle, la Macronie a perdu certains de ses piliers à l'instar de Richard Ferrand défait dans le Finistère et Christophe Castaner qui doit laisser sa place au candidat de la Nupes, Léo Walter, dans son bastion des Alpes-de-Haute-Provence. Les députés qui ont été élus ce dimanche vont entamer officiellement leur mandat mercredi prochain avant d'attaquer l'ouverture de la nouvelle session parlementaire prévue le mardi 28 juin.

Entre les deux, les tractations et les négociations entre les différentes formations politiques pourraient aboutir à des surprises dans l'Assemblée nationale. « Ces résultats vont contraindre le gouvernement à faire des arbitrages. La première option du président serait de faire des accords formels avec certains partis, comme par exemple Les Républicains, pour disposer d'une majorité absolue garantie. L'autre option, plus souple mais moins confortable, serait de recourir à une majorité dite  "de projet", réunissant au cas par cas les députés souhaitant soutenir un projet de loi ou de réforme », poursuit Erwan Lestrohan.

L'autre enseignement de ces législatives est qu'Emmanuel Macron va devoir apprendre à composer avec un parlement beaucoup plus fort que lors du précédent quinquennat. « Les résultats du second tour restaurent le régime semi-présidentiel de la Vème République qu'on jugeait trop favorable au chef de l'Etat depuis l'alignement des mandats législatifs et présidentiel. Ils redonnent un rôle de contre-pouvoir à l'Assemblée nationale. Beaucoup de Français voulaient rompre avec le logiciel de la verticalité du pouvoir. Ces résultats vont revigorer le jeu démocratique à l'Assemblée nationale », juge le sondeur.

Un calendrier pour le paquet pouvoir d'achat déjà remanié

Malgré l'urgence, le calendrier de ce paquet pouvoir d'achat a déjà été chamboulé. D'abord annoncé avant les élections législatives, ce texte a finalement été reporté une première fois le 29 juin, puis le 6 juillet. Ces premiers reports témoignent d'un cafouillage au sein de la majorité après la présidentielle où le candidat Macron avait obtenu la victoire après une très brève campagne.

Les négociations à venir entre les différentes formations politiques et l'arrivée de nouveaux ministres liés aux départs des candidats tombés au second tour comme Amélie de Montchalin à la Transition écologique ou encore Brigitte Bourguignon à la Santé pourraient une nouvelle fois percuter le calendrier législatif annoncé récemment par l'Élysée.

Un pouvoir d'achat en berne

L'inflation galopante propulsée par les prix de l'énergie et ceux de l'alimentaire a déjà fait reculer le pouvoir d'achat des Français au cours du premier semestre. Sur l'année, les économistes de l'OFCE tablent sur un recul de 0,8% si la situation géopolitique n'empire pas d'ici là. Il faut rappeler que l'évolution des salaires réels au cours du premier trimestre sont très loin de compenser l'inflation estimée à 5,2% au mois de mai. Pour rappel, seul le SMIC en France est indexé sur l'inflation.

Ce qui signifie qu'une grande partie de la population active a enregistré une baisse de son revenu depuis le début de l'année. Alors que la Banque de France et l'Insee ont prévu cette semaine de dévoiler leurs dernières prévisions macroéconomiques pour 2022, d'autres mauvaises nouvelles pourraient venir une fois de plus assombrir le début du quinquennat.

Grégoire Normand
Commentaires 19
à écrit le 22/06/2022 à 10:03
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Macron devrait démissionner et il faudrait une nouvelle élection présidentielle avec une vraie campagne. ça fait maintenant plus de 6 mois que la France n'est plus gouvernée et que l’exécutif se défausse. Soit on passe à une démocratie proportion...

à écrit le 21/06/2022 à 14:42
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Le gourou de la secte anticommuniste LFI, Mélenchon donc, après grâce à sa petite phrase provocatrice et débile (La Police tue…) a certainement fait perdre à la NUPES entre 50 et 100 députés au second tour des législatives (au PCF, au PS, à EELV et à...

à écrit le 21/06/2022 à 9:46
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La "NUPES" a sous-estimé... le rejet des français vis a vis de McKron: ils ont systèmatiquement voté, quand ils le pouvaient, pour son adversaire afin de s'en débarasser! Raison du score RN!

le 22/06/2022 à 8:59
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comme toujours reformer le bas par ideologie alors que c'est le haut qui a besoin de reforme m macron est tombé dans le piege du pouvoir la france a besoin de reforme mais c'est le pouvoir qu'il faut reformer

à écrit le 21/06/2022 à 9:44
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plutot une bonne nouvelle: Macron va devoir remballer ses depenses non financées. En plus ca n a plus de raison d etre car les elections sont passées et il n a plus de raison par ex d augmenter les retraites de 4 % car les vieux votent en masse pour ...

à écrit le 21/06/2022 à 9:12
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Pauvres chats. Ils vont devoir négocier avec le Parlement. Bref, comme dans n'importe quelle démocratie européenne !

le 21/06/2022 à 13:12
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le en meme temps de m macron et son soutient au minorite face au revendication des francais voila le pays et sa vision jupiterienne un désastre ha j'avais oublier le monde mediatique pour qui si la pensé n'est pas de gauche donc c'est un extremi...

à écrit le 21/06/2022 à 8:33
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Politique politicienne. Les majorités se font toujours chahuter par leurs oppositions, juste histoire mettre des bâtons dans les roues, toujours avec l'objectif d'affaiblir, avec en ligne de mire le coup d'après. Donc sans majorité, ça ne va pas êt...

à écrit le 20/06/2022 à 21:55
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En attendant, la NUPES s'est délitée dès aujourd'hui avec le refus de former un groupe unique à l'Assemblée Nationale. Jean-Luc MELENCHON s'est fait remercier par les siens dès le lendemain de l'élection. On a beau dire que c'était prévu, Emmanuel MA...

à écrit le 20/06/2022 à 21:43
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La France dans le brouillard ,cela ne change pas ,nous y sommes habitués depuis Mitterrand . Des faiseurs de fog ,on détruit l'industrie pour la reconstruire ,on détruit les énergies carbone pour réutiliser le charbon ect..il y en a un paquet de j'a...

à écrit le 20/06/2022 à 21:36
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Bonjour, Mr Macron vas pouvoir s'occuper des sujets régalien de notre pays ... Construction européenne, défense de la France , alliance militaire... Après tous avec un v Bon référendum, tout est possible.... Quitter l'OTAN...( Force au ordre des...

à écrit le 20/06/2022 à 20:00
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Ca va pis que mal pour le "moumouté".. F Asselineau ce soir "MACRON LÂCHÉ PAR L'OLIGARCHIE ? Vu la débâcle électorale,le journaliste économique mainstream François Lenglet rédige avec regret l'acte de décès de la réforme des retraites. ...

le 21/06/2022 à 16:04
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Voila un qui prend son cas pour une généralité. Pour autant que je sache, Asselineau a lui été lâché par tout le monde; Il n'a même pas pu se présenter aux présidentielles.

à écrit le 20/06/2022 à 19:23
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Qui est encore assez naïf, en France, pour croire qu'on peut enrichir les citoyens, simplement en leur distribuant de l'argent ? C'est le degré zéro de la gouvernance, le degré zéro de l'économie. S'il y a des gens qui croient encore en ces baliverne...

à écrit le 20/06/2022 à 18:38
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Le mieux serait de ne rien faire. Si pour quelques mois ou années aucune mesure dépensière n'était approuvé grace au blocage du parlement! La France a un déficit commercial record, pas besoin de rajouter du pouvoir d'achat pour l'augmenter.

à écrit le 20/06/2022 à 18:28
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S'il veut entrer dans une "économie de guerre' il n'a qu'a bloquer les prix! Mais non! Il veut nous vendre des tickets de rationnement!;-)

à écrit le 20/06/2022 à 18:21
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Fallait pas islamiser notre pays, ne pas faire des sanctions contre la Russie

le 20/06/2022 à 19:09
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Fallait voter pour tous ces euro-atlantistes européistes et cela, depuis longtemps...

le 20/06/2022 à 22:14
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@elsassfrei Fallait pas, faut qu'on!!!!

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