Plan de relance : quels impacts sur la croissance et l'emploi ?

Bercy estime que l'ensemble des mesures du plan de relance représente un montant de 5 points de PIB sur la période 2020-2025. 240.000 emplois seraient crées à l'horizon 2022. La reprise de l'épidémie pourrait compromettre ces chiffres.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

L'horizon s'assombrit encore pour le gouvernement. Avec la multiplication des foyers de contamination depuis la rentrée et la mise en oeuvre de mesures plus drastiques pour limiter la propagation du virus, la reprise montre déjà des signes d'essoufflement. Après un rebond plus fort qu'attendu cet été, la plupart des indicateurs économiques signalent un ralentissement de l'activité dans de nombreux secteurs. L'Insee dans ses dernières prévisions anticipent une récession de 9% pour l'année 2020.

> Lire aussi : Covid-19 : l'Insee prévoit une effondrement de l'économie de 9% pour 2020

Face à ce choc, le gouvernement compte bien sur la mise en oeuvre de son plan de relance pour prendre le relais des premières mesures d'urgences décidées au printemps. Lundi 29 septembre, Bruno Le Maire a présenté les grandes lignes du budget 2021 qui décline les grands axes de la stratégie économique de l'exécutif. Pour accompagner ce collectif budgétaire, les économistes de la direction générale du Trésor ont rendu public lors du week-end dernier le rapport économique et social pour 2021. A l'intérieur, figurent des simulations pour évaluer l'impact macroéconomique du plan de relance à 100 milliards d'euros. Selon les économistes de Bercy, le plan de relance représente un montant absolu de 5 points de produit intérieur brut sur la période 2020-2025. Les gains seraient particulièrement concentrés sur la période 2020-2022 (trois points) et le reste sur la période 2023-2025 (deux points).

Peu d'effets à court terme

Même si Bruno Le Maire a assuré lors de la présentation du budget que plusieurs milliards d'euros du plan de relance allaient être décaissés avant la fin de l'année, il semble que cela aura peu d'impact sur la croissance. Les économistes du ministère des finances expliquent que "en 2020, les effets du plan de relance devraient être faibles, en lien avec un décaissement limité du plan à cet horizon". A ce stade, ce sont principalement les mesures d'urgence annoncées au printemps et parfois prolongées qui permettent de limiter l'impact de la crise. "Il y a le plan de relance et les mesures d'urgence pour soutenir le revenu des ménages et celui des entreprises. Concernant l'année 2020, les mesures d'urgence ont davantage d'impact que celles du plan de relance. Les principales dispositions du plan de relance auront davantage d'effet les prochaines années. C'est un plan dont l'impact va jouer sur plusieurs années" a rappelé le chef du département de la conjoncture à l'Insee Julien Pouget ce mardi 6 octobre.

160.000 emplois crées en 2021 et 240.000 d'ici 2022

La pandémie a entraîné des dégâts colossaux sur le marché du travail. Selon les dernières perspectives de l'Insee, plus de 730.000 emplois seraient détruits au cours de l'année 2020 avec un premier trimestre particulièrement noir (500.000 emplois en moins). Quelques secteurs comme l'hôtellerie-restauration, l'aéronautique, le transport ont été particulièrement touchés. Face à cette hécatombe, le gouvernement a déjà mis en oeuvre des mesures d'urgence dans un premier temps pour limiter la casse et travaille sur des dispositifs pour faciliter la reconversion des salariés qui travaillent dans des secteurs qui risquent d'être durablement touchés par la récession. D'après la direction de Bercy, le plan de relance devrait permettre de créer 160.000 emplois en 2021 et 240.000 à l'horizon 2022. Rapportées aux emplois détruits, ces perspectives indiquent que le chômage devrait rester relativement élevé encore jusqu'à la fin du quinquennat. Il devrait ainsi atteindre 10,7% de la population active à la fin de l'année selon les derniers calculs de l'Insee.

"Un choc persistant"

Les prévisions de la direction du budget restent évidemment soumis à de multiples aléas. Depuis le début de la crise en mars, les économistes sont plongés dans un brouillard épais. Ils tentent de construire des prévisions à partir de nouveaux indicateurs comme les transactions de carte bancaire ou les données haute fréquence (données Google de transport par exemple). A cela s'ajoute, l'évolution de l'épidémie qui amène les autorités de l'Etat et locales à adapter régulièrement les mesures de restriction. Ce qui amplifie les difficultés. En outre, la vitesse de la reprise va dépendre des avancées de la recherche pour trouver un traitement efficace et un vaccin. Pour le chef économiste de Ostrum Asset Management, Philippe Waechter, interrogé par La Tribune, "ce plan dans l'absolu est remarquable. Dans le détail, on voit mal d'où peut venir l'impulsion. La question centrale est la capacité des ménages à dépenser leur épargne dans les mois à venir. La situation se fragilise maintenant. Quel est le facteur qui peut changer la donne en matière de macroéconomie ? Toutes les mesures sont plutôt positives mais si le monde ne va pas mieux, le plan de relance passera à côté de son objectif. Il y a un choc qui est persistant. Le troisième trimestre devrait être bon. Le dernier trimestre en revanche pourrait avoisiner les 0% de croissance. L'acquis de croissance sur l'année 2020 pourrait ainsi diminuer. Le reconfinement partiel ne va pas inciter les gens à sortir davantage. Les services vont manquer à la reprise."

Les travailleurs précaires, oubliés du plan de relance

Par ailleurs, de nombreux salariés ont déjà perdu leur emploi depuis le printemps. Si les prestations sociales et les stabilisateurs automatiques ont permis de limiter la casse dans un premier temps, beaucoup de travailleurs au statut précaire (intérim, saisonniers, CDD, indépendants) risquent de passer entre les mailles des filets de sécurité. "Beaucoup de mesures ont été prises pour les personnes qui sont salariés. Pour les autres, le risque est vraiment palpable. Pour ceux qui ont des situations préservées, la consommation va revenir à un niveau normal. Pour ceux qui sont en risque, cela devrait d'être plus compliqué. Dans le plan de relance, il n'y a pas d'élément pour redonner cette confiance" ajoute l'économiste.

Grégoire Normand
Commentaires 3
à écrit le 08/10/2020 à 12:17
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Le plan Marshall Bayrou de secours, de relance Armstrong, la dope ça perturbe l'organisme qui le paye toujours... un jour.

à écrit le 07/10/2020 à 8:57
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un plan de relance qui melange choux et patates y a des serveuses qui vont perdre leur travail, on leur explique qu'elles vont devenir ouvrier du batiment pour poser du polystyrene a 50.000 euros par logement pour faire la transition ecolo, ou qu'el...

à écrit le 07/10/2020 à 8:03
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Impact sur la croissance : zéro - impact sur l emploi : quasi nul. Si en plus, il n'y a aucune solidarité... On sait comment ça fonctionne .

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