PME : la pénurie de main d'oeuvre qualifiée s'accentue

Plus de la moitié des PME françaises rencontrent des difficultés de recrutement de profils très qualifiés selon une récente enquête d'opinion. Face à ces obstacles, les politiques publiques menées ne répondent pas forcément aux freins évoqués par les chefs d'entreprise.
Grégoire Normand
Plus de 93.000 entreprises rencontrent ou ont rencontré des difficultés de recrutement de profils hautement qualifiés.
Plus de 93.000 entreprises rencontrent ou ont rencontré des difficultés de recrutement de profils hautement qualifiés. (Crédits : Reuters/Pascal Rossignol)

Les obstacles au recrutement s'intensifient. Selon un récent sondage OpinionWay, plus de la moitié (52%) des petites et moyennes entreprises ont rencontré des difficultés de recrutement pour les profils hautement qualifiés. Et les écarts entre Paris et les autres régions sont très marqués (27% contre 60%). La hausse de l'activité en 2017 a entraîné un fort besoin de main d'oeuvre. Malgré un taux de chômage élevé et un nombre de demandeurs d'emploi encore conséquent, les entreprises peinent encore à recruter des profils spécifiques. De multiples secteurs connaissent des tensions et la récente polémique suscitée par les propos d'Emmanuel Macron adressés à un jeune horticulteur a mis en exergue les problèmes d'appariement entre l'offre et la demande sur le marché du travail.

Manque de qualification des candidats

Les entreprises sont confrontées à de multiples freins à l'embauche. Parmi les raisons évoquées par les chefs d'entreprise interrogés, celle qui revient le plus souvent (45%) est l'insuffisance de qualifications professionnelles des candidats.

Outre le manque de compétences, les chefs d'entreprise (36%) signalent également l'absence d'actes de candidatures pour les postes à pourvoir. Le troisième motif mentionné (31%) est le manque de motivation des candidats et d'adhésion au projet d'entreprise. Enfin, les exigences salariales arrivent en quatrième position.

Le bâtiment particulièrement concerné

Outre le manque de profils hautement qualifiés, de nombreux secteurs sont également confrontés à ce type de difficultés. Dans une enquête menée fin 2017, l'Insee mettait l'accent sur le secteur du bâtiment qui doit faire face à un véritable manque de personnel. Selon les résultats de l'étude, 50% des répondants du secteur ont signalé cette barrière spécifique. Ils sont 38% dans l'industrie et 29% dans les services. Au total, 32% des patrons interrogés signalent ce frein à l'embauche.

Le second facteur évoqué concerne l'incertitude économique pour un quart des répondants et 22% indiquent que les coûts liés à l'emploi pourraient constituer un frein à l'embauche. Enfin, 17% des interrogés soulignent une réglementation trop importante.

Une réponse politique inadaptée ?

En dépit d'une activité économique plus dynamique en 2017, le chômage en France reste encore bien supérieur à la moyenne européenne. Selon les derniers résultats de la Commission européenne publiés il y a quelques jours, le taux de chômage dans l'Union européenne est tombé à 6,8% au sens du bureau international du travail en août dernier contre 8,1% en zone euro et 9,3% en France. Paris arrive ainsi en quatrième position du Vieux Continent derrière la Grèce, l'Espagne, et l'Italie.

La libéralisation du marché du travail entamée par les différents gouvernement successifs en France n'a pas forcément fait ses preuves au regard des faibles résultats obtenus dans les autres pays européens. S'il est encore tôt pour évaluer les conséquences de la réforme du code du travail promue par le gouvernement d'Édouard Philippe sur l'évolution du chômage, les exemples étrangers peuvent apporter un éclairage.

En Italie, plusieurs réformes relatives au marché du travail ont été mises en place depuis 2012 pour permettre plus de "fléxisécurité". C'est d'ailleurs un modèle régulièrement cité par Emmanuel Macron pour justifier ces réformes sur le plan économique. Selon une récente étude la direction générale du Trésor, les effets sur l'emploi sont "ambigus". Si les réformes ont pu avoir des conséquences favorables sur la productivité ou les salaires, l'impact sur les créations d'emploi semble plus limité. En s'appuyant sur une étude réalisée par la banque d'Italie, les économistes de Bercy signalent que "la dynamique de l'emploi est à ce stade principalement soutenue par la reprise économique et les mesures incitatives sur les cotisations."

Grégoire Normand
Commentaires 34
à écrit le 08/10/2018 à 15:29
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le btp ne manque pas d'employés qualifiés, le btp a licencier par centaines de milliers des employés, pour les remplacer par du travailleur détaché, voir par des auto-entrepreneur travaillant exclusivement avec leur ancien employeur... Le btp met dep...

à écrit le 08/10/2018 à 7:18
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Le malaise français, perpétuel avec l argent. Foutus curetons. Créer une société est une aventure choisie, un parcours du combattant, les banques, les clients, les fournisseurs, les délais, les impayés, les employés, les bons et mauvais choix et l...

à écrit le 07/10/2018 à 20:04
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Il existe une autre difficulté qui relève de la même cause que la désertification médicale : faire venir dans des petites villes éloignées de grands centres des profils rares ( techniciens sur machines numériques par exemple) qui préféreront les c...

à écrit le 07/10/2018 à 18:09
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PME : la pénurie de main d'oeuvre qualifiée s'accentue lorsque l'on voit la médiocrité absolue des rédactions annonces d'emplois, l'on comprends pourquoi les médiocres patrons sont en échec dans leurs recrutements, et pleurnichent il est vrai q...

à écrit le 07/10/2018 à 12:34
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En ce qui concerne les qualifications les chefs d'entreprises devraient prendre conscience que c'et aussi leur affaire et que rien ne les empêchent de former des candidats !! Il y a quelques années un chef d'entreprise qui peinait à trouver des plom...

le 07/10/2018 à 17:07
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ouai le patron il forme un gars à ses frais et puis le gars se barre une fois formé, un classique quand on a été petit patron...

le 07/10/2018 à 19:59
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A que si ! j'e suis employeur depuis plus de trente ans j'ai formé et forme encore ....et j'arrive à fidéliser mes équipes en leur offrant des conditions de travail qui ne leur donnent pas envie d'aller voir ailleurs et cela ne se limite pas au mont...

à écrit le 07/10/2018 à 12:19
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Plusieurs causes dont: éducation nationale=école de la paresse cout de la vie trop important par rapport aux salaires pas d'offres "a la carte" au niveau horaires,soit temps plein soit rien du tout beaucoup de secteurs protégés pour lesquels se ...

à écrit le 07/10/2018 à 11:19
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Article complètement démagogique. Les raisons du manque de candidats sont en effet beaucoup plus terre à terre... Voici le profil de recherche des entreprises françaises: - Age: 25-30 ans - 15 années d'expérience avec toutes les qualifications r...

le 09/10/2018 à 12:07
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- bilingue anglais, un autre langue serait un plus - 42 heures par semaine rémunérées sur une base de 35 heures - disponible pour des prestations horizontales

le 11/10/2018 à 17:45
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des CDD à vie

le 24/10/2018 à 13:40
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Vous faites erreur. 20.000 €/an c'est énorme. Moi, comme je reçois de très nombreuses candidatures je demande aux travailleurs de payer les frais de gestion du personnel et aussi le chauffage l'hiver.

le 24/10/2018 à 13:46
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"bilingue anglais" n'est pas farfelu. Je me rappelle un ancien de maths sup/spé qui faisait 20 pages d'intégrales avant de câbler un transistor, mais faisait toutes ses mesures avec l'alimentation électrique éteinte car il confondait la signification...

à écrit le 07/10/2018 à 9:13
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C est bien pour ça que la réforme de la formation professionnelle est cruciale tout comme celle de l école primaire et du système éducatif globalement. Car le constat est simple 5% de chômage pour ceux qui ont le bac et plus soit plein emploi et y a ...

à écrit le 06/10/2018 à 21:05
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Il faut juste que les entreprises reprennent leurs rôle de formateur. Il y a des dizaines d'années, les entreprises n'attendaient pas que les jeunes soient formés, elles formaient en interne car il n'y avait rien à attendre des écoles, puisqu'elles n...

à écrit le 06/10/2018 à 18:24
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Macron, n'a rien compris au film. Sa réforme a consisté à rendre plus facile, moins couteux et sans danger pour les entreprises les licenciements de détail comme de masse. Il a également détruit toute une partie du code et la médecine du travail. ...

le 07/10/2018 à 13:15
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Devenez employeur et vous verrez que votre avis est partiellement faux. Aucun président n a encore fait ce que demande les TPE PME PMI. Macron n est absolument pas un libéral contrairement à ceux que les medias tentent de faire croire. Enfin les e...

à écrit le 06/10/2018 à 17:54
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mouton à cinq pattes, flexibilité en accordéon, rémunération au lance pierre... Que les chefs d'entreprises balaient devant leur porte... Pas étonnant que les jeunes se détournent de certains métiers comme l'hôtellerie, transport routier avec des sem...

à écrit le 06/10/2018 à 17:00
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prenons une profession : chauffeur routier. Maintenant c'est 1200 € .. avec toutes les formations qu'on leur demande pour désengager le patron en cas de pépins (FCO...) , faut pas s'étonner qu'un jeune aime mieux aller voir ailleurs. Sans parler du ...

le 07/10/2018 à 14:16
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Raison pour laquelle vous voyez de plus en plus de black fraichement arrivés d'Afrique aux volants de camions bétonneuses , camions poubelle etc...

à écrit le 06/10/2018 à 13:38
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Que les patrons augmentent les salaires et améliorent les conditions d'emploi (CDI, 35h effectives...), n'est-ce pas la loi du marché dont ils parlent sans cesse ? Qu'ils arrêtent aussi de refuser les jeunes et les seniors. Surtout, qu'ils arrêtent d...

le 06/10/2018 à 14:08
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Bonjour, Je ne suis absolument pas de votre avis. Une réthorique qui me semble démagogique et en dehors de toute réalité des TPE PME PMI. De nombreux postes sont non pourvus dans une majorité de sociétés qui offrent des postes interessants. Une pa...

le 07/10/2018 à 14:44
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Des emplois qualifiés non pourvus? C'est un bon gros mensonge en dehors de la réalité du marché du travail. Si vous offrez un salaire décent, vous débauchez chez la concurrence un salarié compétent qui n'a pas un poste ou il peut valoriser ses com...

à écrit le 06/10/2018 à 12:29
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Toutes les offres reçoivent des candidatures et souvent par dizaines. C'est le profil des candidats qui ne plait pas ou le prix qui est trop cher. Les employeurs ne seraient-ils pas trop difficiles? Quand on voit les difficultés d'insertion ...

le 06/10/2018 à 16:07
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Le problème de manque de qualification n'est pas un simple problème d'être trop difficile. on passe peut être d'horticulteur à serveur "en traversant la rue", mais on ne passe pas d'horticulteur à manipulateur d'imprimante 3D en milieu industriel ...

à écrit le 06/10/2018 à 11:52
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Il est amusant de noter que les entreprises qui se plaignent de la pénurie de main d œuvre sont pour la plupart celles qui ont les salaires - conditions sociales les plus basses ou refusent l alternance - professionnalisation des parcours ... effecti...

à écrit le 06/10/2018 à 10:33
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La question serait : comment motiver les jeunes pour des professions à l’ancienne : charpentier , menuisier, tailleur en textile ...? Il faudrait proposer à ses PME qui ont du mal à trouver du personnel , de proposer un contrat de professionnalisati...

à écrit le 06/10/2018 à 10:32
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Ce n'est que le résultat prévisible du dumping salarial pratiqué par l'Europe. La baisse des salaires dans les secteurs cités a forcé les étudiants à s'orrienter vers d'autres secteurs plus profitables. Les salariés se comportent aujourd'hui comme le...

le 06/10/2018 à 13:23
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Votre explication indique qu'il y a en effet certaines causalités au niveau de l'offre et de la demande sur le marché du travail, ce dernier n'étant pas réellement un "marché" au sens strict. Ce qui est une réalité par contre, c'est que la concurre...

à écrit le 06/10/2018 à 10:16
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cela confirme que la France n'est pas dans le milieu de gamme, contrairement à ce que l'on veut nous faire croire. avoir un environnement exigeant (coût du travail, réglementation, etc...), ça pousse vers le haut. 25% de la dépense de R&D des entrep...

à écrit le 06/10/2018 à 9:52
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voir récents articles de Ouest France, par exemple : https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/emploi-rennes-peine-recruter-dans-tous-les-secteurs-d-activite-5975193 https://www.ouest-france.fr/bretagne/auray-56400/auray-dans-beaucoup-de-m...

à écrit le 06/10/2018 à 9:51
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Après avoir détruit les "qualifications" pour une rentabilité de court terme voilà la pénurie pour la même raison! Rien de mieux pour culpabiliser les salariés et demandeurs d'emploi!

à écrit le 06/10/2018 à 8:31
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en theorie, c'est vrai ett tt le monde sait que la france a un gros pb de formation, vu que le but de l'education nationale, ou plutot des profs, c'est de tirer la couverture a eux pour avoir plus de pouvoir. le nivellement par le bas contribue a ce...

à écrit le 06/10/2018 à 8:15
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Cette pénurie est NORMALE, d'ailleurs ce n'est pas une pénurie. Arrêtez avec ce discours, on en a plus qu'assez.

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