80% des Français pensent qu'un changement de leurs conditions de travail améliore leur état de santé

Les Français sont particulièrement soucieux de leur santé et ont conscience de leur capacité à agir pour préserver ce capital personnel, selon une étude réalisée par AG2R La Mondiale avec Harris Interactive. S'ils ont une confiance quasi-unanime envers le système de santé français (médecins, pharmaciens, Sécurité sociale et mutuelles), ils considèrent en revanche que le manque de revenus est le facteur le plus pénalisant sur la santé. Ils sont également plus nombreux qu'avant la pandémie à faire état d'une détérioration de leur santé physique et psychologique en raison d'un surmenage au travail.
Une Française essaie des lunettes chez l'opticien.
Une Française essaie des lunettes chez l'opticien. (Crédits : DR)

Au sortir d'un an et demi de crise sanitaire, les Français sont particulièrement soucieux de leur santé qu'ils considèrent comme un capital personnel à préserver et sur lequel ils ont un certain pouvoir d'action, si l'on en croit les résultats d'une étude menée par la mutuelle et prévoyance AG2R LA MONDIALE (assureur de 15 millions de particuliers et 500.000 entreprises) avec l'institut de sondages Harris Interactive, du 20 août au 6 septembre 2021 (auprès de 7.161 personnes).

Pour autant, la pandémie n'a pas impacté la confiance des Français dans le système de santé national, et a même eu tendance à renforcer leur appréciation de la Sécurité sociale et des mutuelles. Près de la moitié des Français reste toutefois méfiante à l'égard des vaccins, crainte qui est encore plus forte parmi les catégories socioprofessionnelles inférieures. Autre enseignement de l'étude: 89% des Français considèrent que l'état de santé est fortement dépendant du manque d'argent et que les individus les plus précaires renoncent souvent à des soins en raison de leur incapacité à avancer les frais de consultation ou par méconnaissance des dispositifs d'aide à leur disposition.

En outre, la question de la santé au travail est devenue encore plus sensible qu'avant la crise, avec une part conséquente de Français ressentant un fort niveau de stress lié à leur activité professionnelle et, pour nombre d'entre eux, une plus forte pression à la connexion en dehors de leur amplitude horaire, effet pervers du télétravail.

La santé perçue comme un capital personnel

Si l'on en croit les résultats de l'étude, les Français considèrent que leur santé est un capital personnel et qu'ils doivent agir personnellement au quotidien pour le préserver. Plus des trois quarts des Français ont ainsi conscience que leurs habitudes de vie (hygiène, alimentation, exercice physique...) ont une influence sur l'évolution de leur état de santé et qu'ils ont donc une réelle marge de manœuvre.

Parmi les éléments influant sur l'état de santé, les produits consommés, à l'image du tabac, de l'alcool ou encore de l'eau, font l'objet d'une attention particulière chez 80% des Français, constituant ainsi les éléments auxquels la population accorde le plus d'importance.

Des sources de craintes différentes selon les CSP

Des différences sont tout de même perceptibles selon les catégories socioprofessionnelles. Ainsi, alors que les CSP supérieures ont tendance à considérer que les risques majeurs pour la santé viennent en premier lieu d'une alimentation peu équilibrée ou d'un manque d'activité physique, les CSP inférieures sont davantage inquiètes de l'impact des vaccins, des ondes électromagnétiques ou encore de la médecine alternative, dont le fonctionnement assez complexe leur semble plus "opaque".

Certaines sources d'inquiétude transcendent toutefois les CSP. Sur le sujet des vaccins par exemple, bien que les craintes soient plus fortes parmi les CSP inférieures, la méfiance est assez généralisée dans la population, puisque près de la moitié des Français est inquiète des risques potentiels des vaccins sur leur santé. Même constat concernant les craintes sur l'utilisation des données personnelles de santé: les trois quarts des Français jugent crédible le risque d'utilisation des données issues de la médecine préventive dans un but mercantile.

Une appréciation positive à l'égard du système de santé

De manière générale, les Français ont une appréciation majoritairement positive à l'égard du système de santé national: 70% d'entre eux considèrent que le système de santé fonctionne bien en France aujourd'hui, une opinion qui est encore plus forte parmi les plus jeunes et les plus âgés (74% des 18-24 ans et 72% des 65 ans et plus partagent cet avis). Ce ressenti est avéré dans la durée et a même eu tendance à se renforcer sous l'effet de la pandémie, augmentant de 7 points entre août 2019 et septembre 2021.

Point intéressant à noter: parmi les acteurs de la santé, une hiérarchie de confiance est très marquée: seuls les médecins et pharmaciens suscitent une confiance quasi-unanime parmi les Français, tandis que les médecins du travail sont moins perçus comme fiables. Parmi les acteurs institutionnels, un gap similaire est notable entre la Sécurité sociale et les mutuelles, d'une part, qui recueillent la confiance de trois quarts des Français, et, d'autre part, des acteurs privés et publics - tels Santé Publique France ou le Ministère de la Santé -, qui suscitent nettement moins de confiance.

« Voir que les Français ont le même niveau de confiance dans la Sécurité sociale que dans les mutuelles est une source de satisfaction pour nous en tant que complémentaire santé », explique à La Tribune Philippe Dabat, membre du Comité de direction groupe d'AG2R La Mondiale, en charge des assurances de personnes.

« D'autant que la grande majorité des Français a compris qu'il y avait un chaînage entre Sécurité sociale et mutuelle, et 96% des Français ont aujourd'hui une mutuelle personnelle ou professionnelle, ou encore la Complémentaire santé solidaire (CSS), qui fusionne la CMU-C et l'ACS depuis le 1er novembre 2019 », précise-t-il.

L'état de santé perçu comme dépendant du manque d'argent

Malgré la perception très positive du système de santé, une immense majorité de Français considère que la situation économique est le facteur ayant les effets les plus importants sur l'état de santé. Plus de huit français sur dix déclarent ainsi que le manque d'argent et le fait d'être au chômage jouent un rôle clé sur la santé. Précisément, 83% des Français estiment qu'être au chômage impacte négativement l'état de santé.

À ce sujet, Philippe Dabat explique : « Même si le dispositif 100% Santé a été déployé en février 2019 pour démocratiser l'accès aux dispositifs auditifs, optiques et dentaires pour l'ensemble de la population, une part des Français les plus précaires continue de renoncer à aller chez le médecin parce qu'il leur est impossible d'avancer les frais ». Et d'ajouter: « En outre, un autre problème tient au manque d'information d'une partie de la population sur les dispositifs d'aide existants et au découragement que peut susciter la complexité des démarches ».

Un constat qui est prouvé par les chiffres puisque selon les données de la Sécurité sociale, sur les 10 millions de Français aujourd'hui éligibles à la Complémentaire santé solidaire, seuls 7,7 millions font valoir leurs droits, ce qui signifie que près d'un quart des Français éligibles à la CSS ne bénéficie pas de cette aide à l'heure actuelle.

La santé au travail, un sujet encore plus sensible qu'avant la crise

Autre enseignement de l'étude: les Français sont nombreux à se sentir stressés par leur travail, et ressentent le besoin d'être accompagnés pour améliorer leur bien-être au travail. Deux tiers d'entre eux sont d'ailleurs ouverts à recevoir des conseils et un suivi pour améliorer leur santé au quotidien, laquelle inclut le bien-être au travail. Plus stressés pour des raisons professionnelles qu'il y a 20 ans, 9 Français sur 10 estiment que l'anxiété pour raisons professionnelles présente un risque important pour leur santé, et ils sont 8 sur 10 à penser qu'une amélioration de leur état de santé passe par un changement de leurs conditions de travail.

Et contrairement aux idées reçues, la généralisation du télétravail après la crise n'a pas permis de tempérer les problématiques de santé du travail. Un baromètre de l'absentéisme et de l'engagement publié par AG2R La Mondiale en septembre, avec Ayming, montre d'ailleurs que la santé des Français au travail s'est dégradée pendant la crise et que cette dégradation « a plus été influencée par l'évolution du temps de travail que par le lieu de travail (télétravail, sur site) ». En d'autres termes, le télétravail s'est accompagné d'une hausse du temps de travail pour la plupart des actifs concernés, parfois au détriment de leur santé.

« Un sujet phare qui remonte parmi les Français en capacité de télétravailler, soit environ 40% des actifs, est celui du droit à la déconnexion. Le confinement a en partie gommé la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle, et l'absence de césure physique fait que certains actifs ont du mal à se déconnecter et répondent à leurs mails hors de leurs amplitudes horaires de travail, parfois au détriment de leur santé », détaille ainsi Philippe Dabat.

En septembre 2021, 20% des salariés déclaraient ainsi ressentir une détérioration de leur santé physique par rapport à l'avant-crise, chiffre qui s'élève à 35% concernant leur santé psychologique. Symptomatiques de ces problématiques de santé au travail, les arrêts de travail ont connu une forte hausse en 2021, alors qu'ils étaient déjà en hausse en 2020. « Les arrêts de travail ont augmenté de 20% au premier semestre 2021 par rapport au premier semestre 2020 », explique ainsi Philippe Dabat. Par ailleurs, plus d'un quart des salariés constatent que la crise sanitaire a conduit à une diminution de leur niveau d'engagement dans le travail.

Des Français peu informés sur les médecines alternatives

Enfin, de manière générale, l'étude d'AG2R La Mondiale et Harris Interactive révèle que les Français sont peu informés sur la médecine prédictive et la médecine du futur. Seul un tiers des Français déclare avoir déjà entendu parler de la médecine prédictive, et la plupart des Français sont peu informés quant à la médecine du futur, mais ont en revanche un a priori massivement favorable à ce sujet.

Commentaires 2
à écrit le 13/10/2021 à 14:02
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Beaucoup de personnes ont perdu leur bonne santé suite à du harcèlement au travail. Cela a déclenché chez eux des dépressions, des cancers, des phobies très handicapantes, des AVC.....Les petits chefs sont souvent des médiocres très vieille France...

à écrit le 13/10/2021 à 8:21
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Pour 1200 euros par mois il ne faudrait pas travailler plus de 25h heures ce qui ferait chuter massivement les dépenses de santé mais comme nous le voyons actuellement avec la dictature sanitaire le veulent ils vraiment préserver notre santé là haut ...

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