Pourquoi Icade Santé reporte son entrée en Bourse

Filiale de la branche immobilière de la Caisse des Dépôts, l'investisseur spécialisé dans les hôpitaux privés et les maisons de retraite médicalisées renonce, pour l'heure, à son introduction sur Euronext. Aux côtés de sept banques pour accompagner la cotation, Icade Santé espérait lever 800 millions d'euros sur les marchés d'ici à 2025.
César Armand
Le siège d'Icade à Issy-les-Moulineaux
Le siège d'Icade à Issy-les-Moulineaux (Crédits : DR)

C'est la troisième jambe d'Icade. Aux côtés de la promotion de bureaux et de logements et de la foncière tertiaire, activités historiques de la branche immobilière de la Caisse des Dépôts, Icade Santé, qui se veut « leader dans l'immobilier de santé avec des hôpitaux privés et des maisons de retraite médicalisées » vient d'annoncer le report de son projet d'introduction en Bourse.

Trois semaines après avoir communiqué sur l'approbation de son document d'enregistrement par l'Autorité des marchés financiers (AMF), Icade Santé déclare, ce 6 octobre 2021, attendre « des conditions de marché plus favorables » dans un contexte « de marché actions particulièrement volatil ».

« Ce projet ne peut en effet être réalisé dans des conditions satisfaisantes pour la société et ses actionnaires », est-il écrit dans une déclaration transmise à la presse.

Les conditions de marché se sont en effet singulièrement dégradées ces derniers jours, sous l'effet de la remontée des taux longs (pénalisante pour les sociétés foncières) et du risque de ralentissement en Chine. Le rythme des introductions en Bourse, très élevé depuis le début de l'année, risque donc de ralentir, malgré de nombreux projets dans les tuyaux. Le champion français du cloud, OVHCloud, a cependant maintenu son projet d'introduction en Bourse, mais sur une base de fourchette de prix révisée à la baisse.

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Quatre actionnaires et sept banques pour accompagner la cotation

Déjà le 30 septembre, « après une semaine active de roadshows [conférences itinérantes, Ndlr] et six jours de tenue du livre d'ordres », Icade et Icade Santé avaient fait savoir que « les conditions actuelles des marchés actions ne [permettaient] pas de finaliser dans des conditions satisfaisantes ». La fourchette de prix retenue, comprise entre 115 et 135 euros par action, n'a visiblement pas attiré les investisseurs, sur un secteur de la santé pourtant en plein boom.

Autrement dit, Icade (58,4%) qui témoigne du « soutien » des autres actionnaires, Crédit Agricole Assurances (16,9%), de Sogecap (10,3%), de Cardif (9,1%) et de CNP Assurances (5,3%), renonce, pour l'heure, à l'opération. Elle devait pourtant permettre à sa filiale santé de lever 800 millions d'euros.

« Lorsque nous avons ouvert le capital à de grands investisseurs institutionnels en 2012, nous avions passé un accord de dix ans : nous nous devons d'organiser maintenant la liquidité », justifiait, à La Tribune, le directeur général d'Icade, Olivier Wigniolle, le 20 septembre dernier.

La filiale immobilière de la Caisse des Dépôts et son entité avaient retenu sept banques pour accompagner la cotation : Crédit Agricole Investment Bank, BNP Paribas, Société Générale, JP Morgan, Bank of America, Merrill Lynch, UBS et Natixis. « Le marketing auprès des investisseurs a démarré il y a quelques jours et les premiers retours qui nous parviennent sont positifs », assurait encore Olivier Wignolle, le DG d'Icade, fin septembre.

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9 milliards d'euros de patrimoine d'ici à 2025


Compte tenu d'un plan de développement de 3 milliards d'euros supplémentaires d'ici à 2025, lcade Santé, déjà détentrice d'un patrimoine de 6 milliards d'euros bruts, voulait accélérer sa croissance et atteindre les 9 milliards d'euros d'actifs sous gestion. L'entité spécialisée dans les hôpitaux privés et les maisons de retraite souhaitait être cotée pour financer, en partie, son plan de développement - aux cotés de 2,2 milliards d'euros de dette - et offrir« davantage de confort et de transparence à [ses] prêteurs ».

Au 30 juin 2021, Icade Santé revendiquait en outre la propriété de 183 actifs - 143 en France et 40 à l'international -, ayant ciblé d'abord les cliniques dans l'Hexagone avant de se diversifier vers les EHPAD et l'Europe : Allemagne, Italie et Espagne. « Aujourd'hui, nous restons concentrés sur la zone euro qui est un marché très vaste et très liquide », expliquait, récemment, le directeur général d'Icade Olivier Wigniolle, citant le Benelux, l'Autriche ou le Portugal. Ses partenaires Elsan, Ramsay Générale de Santé, Korian et Orpéa ayant des stratégies de développement international.

Plus généralement, la filiale immobilière de la Caisse des Dépôts assurait avoir participé, « d'une manière ou d'une autre » à la construction près d'un hôpital sur quatre en France, fort de ses « connaissances et compétences » depuis une dizaine d'années. « Nous avons toujours eu cette double compétence d'investisseur mais aussi de conception et de construction, ce qui nous distingue des autres investisseurs en immobilier de santé », disait encore Olivier Wigniolle, le DG d'Icade.

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 07/10/2021 à 6:19
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Les nouveaux dirigeants mondiaux ont trouvé mieux que l'EPHAD pour gérer et éliminer les vieux : le coronavirus, et ses variants infinis.

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