C'est sur ces fréquences que reposent les promesses d'ultra-haut débit de la 5G. Mais en parallèle, cette fameuse bande des 26 gigahertz (GHz) cristallise les inquiétudes à l'égard de la nouvelle génération de communication mobile. Ce vendredi, un rapport très détaillé de l'Agence nationale des fréquences (ANFR) s'est montré plutôt rassurant à l'égard de ces fréquences dites « millimétriques », qui doivent être prochainement attribuées aux opérateurs. Ce spectre doit leur permettre d'augmenter très significativement les débits en 5G, à des niveaux très supérieurs à ceux permis par les fréquences 3,5 GHz dont ils disposent déjà. Selon les tests effectuées par l'ANFR en gare de Rennes, où deux antennes 26 GHz fabriquées par le finlandais Nokia ont été déployées à titre expérimental, les niveaux d'exposition mesurés restent compris dans une fourchette de 0,4 à 3,2 volts par mètre (V/m). Ils s'avèrent ainsi, selon l'agence, « très inférieurs à la valeur limite réglementaire, fixée à 61 V/m pour cette bande de fréquences ».
Les tests de l'ANFR ont été réalisés dans les halls des départs et des arrivées de la gare, où les deux antennes ont été installées. Dans ses conclusions, l'agence précise que les faisceaux émis par ces équipements « produisent une exposition très localisée ». « Dès que l'on s'éloigne de quelques mètres du cœur du faisceau, la contribution de la 5G devient négligeable », soulignent ses experts. D'autre part, l'antenne « partage ses ressources en fonction du nombre d'usagers qu'elle dessert ». Plus ils sont nombreux, moins l'exposition est forte. « Avec deux utilisateurs, les niveaux d'exposition sont ainsi divisés par 1,4 par rapport à la situation avec un seul utilisateur », insiste l'agence. Autre élément notable : dans le cas d'« usage réaliste », les niveaux d'exposition maximum relevés « ne dépassent pas 1 V/m ». Ce qui apparaît raisonnable pour les auteurs du rapport. Car ce niveau se situe « dans la moyenne de l'exposition relevée dans le cadre des quelques milliers de mesures effectuées chaque année par l'ANFR » dans l'Hexagone.
Manque de données
Au regard de la sensibilité du sujet, et du manque d'études en France comme à l'international concernant cette bande des 26 GHz, l'ANFR se garde bien, toutefois, d'émettre un avis définitif. L'agence rappelle que « ces premières mesures » ont été réalisées « dans des conditions limitées ». « En effet, un seul type d'antenne d'un seul constructeur a été testé. Il conviendra à l'avenir de tester différents types et différentes marques d'antennes », insiste-t-elle.
En avril dernier, l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) a publié un rapport très attendu concernant les effets de la 5G sur la santé. Elle a jugé « peu vraisemblable » que les fréquences 3,5 GHz, déjà utilisées par les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free, constituent un danger. Mais elle s'est montrée beaucoup plus réservée concernant cette fameuse bande des 26 GHz. Pourquoi ? Parce qu'il existe peu de travaux sur ces fréquences nouvelles, dont « l'exposition est limitée aux couches superficielles de la peau ou de l'œil », a affirmé l'Anses. Ses experts ont appelé à mener des travaux complémentaires. « A l'heure actuelle, les données ne sont pas suffisantes pour conclure à l'existence ou non d'effets sanitaires liés à l'exposition aux champs électromagnétiques » dans cette bande de fréquences, ont-ils déclaré.
Au final, il est probablement bien trop tôt pour tirer des conclusions concernant l'éventuelle nocivité des fréquences 26 GHz. Si la fronde à l'égard de la 5G n'a aujourd'hui rien de comparable avec la tempête qui s'est abattue sur les opérateurs et le gouvernement l'été dernier, de nombreuses associations continuent de tirer à boulet rouge sur cette technologie, qu'il jugent, en outre, néfaste pour la planète. Il est peu probable que ce rapport de l'ANFR les rassure.
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