Pouvoir d'achat : baisser la TVA est « toujours une solution de facilité relativement inefficace », rappelle Pierre Moscovici

Comment faire pour que les impôts ne deviennent pas la double peine - en pleine inflation - pour les ménages en France, pays champion mondial des prélèvements obligatoires ? La question refait surface dans le contexte de la flambée des prix. Mais la taxe sur la valeur ajoutée est un dispositif qu'il serait coûteux de retoucher et dont l'allègement ne ferait pas nécessairement chuter les prix.
En baissant la TVA, impossible de cibler les plus vulnérables, ou encore de mesurer les effets sur les prix, juge le CPO dans un rapport.
En baissant la TVA, impossible de cibler les plus vulnérables, ou encore de mesurer les effets sur les prix, juge le CPO dans un rapport. (Crédits : Francois Lenoir)

Le sujet est un serpent de mer qui revient régulièrement, à chaque période d'inflation. Faut-il baisser (voir supprimer la TVA, un impôt inventé en France) pour soutenir le pouvoir d'achat des ménages ? L'idée avait par exemple été avancée par Marine Le Pen, alors candidate à l'élection présidentielle, sur les produits alimentaires, particulièrement frappés par la hausse des prix. Mais une nouvelle fois, le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) a jugé jeudi inefficace une telle mesure.

Baisser cet impôt direct, imputé à chaque achat pour le consommateur, est tentant, dans un contexte où l'inflation a atteint +5,2% en 2022, un plus haut depuis le milieu des années 1980.

Mais en matière de produits alimentaires, le CPO affirme qu'une baisse de la TVA est « moins efficace pour soutenir le pouvoir d'achat des ménages modestes que des transferts monétaires ». Autrement dit, avec cette mesure, impossible de cibler les plus vulnérables, ou encore de mesurer les effets sur les prix, juge le CPO dans un rapport.

Le coût pour l'Etat

L'organe rattaché à la Cour des comptes plaide au contraire pour un recentrage de cet impôt sur son objectif premier de rendement pour les finances publiques, alors que ce sont multipliées les affectations fléchées et les dérogations (restauration, travaux de réhabilitation...)

De même, diminuer la TVA pour relancer l'économie française aurait « des effets limités pour un coût élevé », souligne-t-il.

Concernant la hausse des prix de l'énergie, alors que d'autres pays européens ont choisi de réduire la TVA, le « chèque énergie » distribué en France aux ménages sous conditions de revenus ou le « bouclier tarifaire » plafonnant en France les tarifs de l'électricité et du gaz apparaissent également au CPO comme plus efficaces.

Comme outil de politique économique, « il n'y a pas de domaine dans lequel (la TVA) soit le meilleur outil disponible », a résumé Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes et président du CPO.

Lire aussiInflation: Madrid supprime la TVA sur les denrées de première nécessité

Le rendement de la TVA est « menacé »

« C'est toujours une solution de facilité qui est relativement inefficace », a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

Impôt sur la consommation inventé par la France dans l'après-guerre et adopté presque partout dans le monde, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) affichait un rendement de 186 milliards d'euros en 2021.

Mais le budget de l'Etat n'a perçu que 51% des recettes en 2021 (contre 93% en 2015), la TVA étant aussi affectée aux collectivités territoriales et aux organismes de protection sociale notamment.

Le rendement de la TVA est par ailleurs « menacé », selon le CPO, par le développement de la fraude et la multiplication des taux réduits. Ces dérogations représentent un manque à gagner d'au moins 47 milliards d'euros et sont « très difficiles à remettre en cause, même lorsque leur efficacité paraît limitée », note le CPO.

(Avec AFP)

Lire aussi« Baisser la TVA contre l'inflation », la fausse-bonne idée inefficace

Commentaires 6
à écrit le 10/02/2023 à 18:43
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Bonjour, Ne pas oublié que toute baisse de la TVA est immédiatement comblé par des hausses des intermédiaires... Non, la solution s'est que l'état répartissent mieux l'impots direct... Plus pour les plus riches , qui profitent des niches fiscales. ...

à écrit le 09/02/2023 à 22:45
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Boycotte de la conso non alimentaire et non énergie… ça les fera réfléchir au gouvernement sur leur modèle de taxation du travail plus importante que sur la taxation du capitale .. en faisant ça ça lui rendra la monnaie de sa pièce pot la réforme des...

le 10/02/2023 à 12:57
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Je fais comme vous, je boycott même le coiffeur. Je n'achète que de la nourriture. J'ai renoncé au cinéma, au théâtre, au resto, aux livres, aux vêtements, à la voiture, aux journaux. Tout pour ma retraite d'autant que ces retraites, c'est du grand n...

à écrit le 09/02/2023 à 22:11
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ouh ouh Valeur Travail où es-tu ? où te caches-tu ??? ...... La TVA n'est-elle pas un impôt sur le travail finalement ? puisque c'est bien le travail qui donne la valeur ajoutée.

à écrit le 09/02/2023 à 21:51
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et il faut dire qu'en matiere d'inefficacite, sous hollande, il a montre la sienne!!!!!!! la france ne peut pas toucher la tva, vu que c'est sa premiere ressource, et que c'est un pays en quasi faillite qui a besoin de toujours plus d'argent frais, a...

à écrit le 09/02/2023 à 20:46
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Un mec qui soutien les chèques énergie au lieu de remettre en cause le marché européen de l'énergie, l'Arehn et les fournisseurs alternatifs est soit incompétent, soit un traître

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