Pouvoir d'achat en berne, inflation au plus haut : la Banque de France révise à la baisse la croissance pour 2022

La Banque de France table désormais sur une croissance du PIB de 2,3% en 2022 contre 2,7% en mars dernier. La flambée des prix oblige les Français à se serrer la ceinture avec un recul du pouvoir d'achat de -1% cette année. Ce qui serait une première depuis 2013 en pleine crise des dettes souveraines en Europe.
Grégoire Normand
La consommation a marqué le pas au cours du premier trimestre.
La consommation a marqué le pas au cours du premier trimestre. (Crédits : Reuters)

L'onde de choc de la guerre en Ukraine continue de faire trembler l'économie française. Quatre mois jour pour jour après l'éclatement du conflit aux portes de l'Europe, la perspective d'un coup de frein brutal de l'activité se confirme pour cette année. La croissance du produit intérieur brut (PIB) augmenterait de 2,3% selon les dernières prévisions de la Banque de France dévoilées ce mardi 21 juin contre 2,7% en mars dernier dans leur scénario central. Il s'agit d'une révision à la baisse  importante en seulement quelques semaines. Surtout, ces chiffres reposent en grande partie sur l'acquis de croissance de 2021 relativement élevé avec un PIB à 6,8% après le plongeon abyssal de 2020. Le recul du PIB au premier trimestre 2022 et la croissance décevante au second trimestre (0,25%) témoignent des fortes secousses enregistrées par l'économie tricolore.

Même si les conjoncturistes ont écarté le scénario noir d'une récession en 2022, ils évoquent cette possibilité pour 2023 avec un recul du PIB à 1,3%  si les conséquences économiques et sociales de la guerre en Ukraine se poursuivent. "Pour 2022, la prévision médiane est désormais à +2,5%, ce qui est consistant avec une hausse du PIB réel de +0,25% par trimestre jusqu'à la fin de l'année. Pour 2023, la prévision médiane est +1,6%, ce qui suppose un affermissement du rythme trimestriel vers +0,5% t/t. Le risque de récession existe mais il n'est pas à ce jour inscrit en scénario central ", a expliqué l'économiste d'Oddo-BHF Bruno Cavalier dans une note ce mardi.

Après la claque des élections législatives dimanche dernier, le gouvernement doit affronter une zone de fortes turbulences économiques particulièrement délicate. Le paquet pouvoir d'achat, annoncé par le gouvernement et plusieurs fois reporté, pourrait faire les frais de la majorité relative obtenue par la macronie à l'Assemblée nationale. Cette enveloppe qui doit être intégrée à un nouveau budget rectificatif pourrait ne pas suffire à compenser les pertes de revenus encaissées par les ménages et les entreprises. Déjà dans de nombreux secteurs, la grogne s'amplifie alors que l'inflation continue de peser lourd sur le porte monnaie des Français.

Une inflation à 5,6% en 2022 et 3,4% en 2023

La guerre en Ukraine et la crise énergétique ont poussé l'indice des prix à la consommation à plus de 5% en mai dernier, soit un niveau inédit depuis 37 ans en France. D'après les modèles de la Banque de France, l'inflation pourrait grimper à 5,6% en moyenne en 2022 et 3,4% en 2023 selon l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH). Cet indicateur est notamment utilisé par Eurostat et les économistes de la BCE pour faire des comparaisons internationales.

Quant à l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire hors énergie et alimentation, elle serait tout de même de 3,3% en 2022 et 3% en 2023. Cela signifie que même si les prix de l'énergie et de l'alimentation marquent le pas, l'inflation resterait supérieure à l'objectif de la Banque centrale européenne (BCE) fixé désormais à 2% à moyen terme.

En confirmant une hausse des taux au mois de juillet, l'institut de Francfort espère freiner cette envolée des prix de l'énergie et de l'alimentaire mais les marges de manœuvre sont étroites pour les banquiers centraux. En effet, même si le resserrement de la politique monétaire pourrait permettre de freiner l'inflation, le risque est grand de faire vaciller l'économie européenne si les politiques monétaire et budgétaire en zone euro agissent en ordre dispersé.

Un pouvoir d'achat en berne

La guerre en Ukraine a fait chuter le moral et la consommation des ménages au premier semestre alors que la demande reste le moteur. traditionnel de l'économie française. Les revenus réels des travailleurs, c'est-à-dire en prenant en compte l'inflation, ont commencé à chuter pour toutes les catégories professionnelles au cours du premier trimestre comme l'ont montré les résultats d'une enquête du ministère du Travail il y a quelques semaines. Pour rappel, si le SMIC est resté indexé sur l'inflation, ce n'est plus le cas pour les autres salaires en France depuis les années 80.

Made with Flourish

Résultat, beaucoup de Français devraient continuer de serrer la ceinture dans les mois à venir, précipitant l'activité dans son sillage. Le salaire moyen par tête réel pourrait augmenter de seulement 1,8% en 2022, soit un niveau bien inférieur à l'inflation selon les calculs de la banque centrale. Quant au revenu disponible brut réel des ménages, il serait en berne à 0,8% cette année tout comme le pouvoir d'achat (-1%).

Vers une baisse du chômage en 2022 avant une possible remontée en 2023

Sur le front de l'emploi, les mauvaises nouvelles pourraient également s'accumuler également. Après de fortes créations d'emplois en 2021 (507.000) et en 2022 (356.000), l'économie française pourrait à nouveau détruire des postes à partie de l'année prochaine (-78.000) et en 2024 (-25.000).

Le gros coup de frein de l'activité et le débranchement des aides mises en oeuvre pendant la pandémie amèneraient les entreprises à réduire la voilure dans les mois à venir. Résultat, le taux de chômage pourrait passer de 7,9% de la population active en 2021 à 7,4% en 2022 avant de rebondir à 7,7% en 2023. La promesse d'Emmanuel Macron de ramener la France dans une situation de plein emploi s'éloigne un peu plus.

Grégoire Normand
Commentaires 5
à écrit le 22/06/2022 à 8:32
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Bruno Le Maire nous manque déjà!

à écrit le 22/06/2022 à 7:17
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Il n'y a pas d'argent magique, et les arbres ne montent pas jusqu'au ciel. LE fait de ne pas monter les taux d'intérêt, ça n'a jamais enrichi durablement les citoyens. Les distributions de "chèques" par le gouvernement ne servent à rien non plus, pui...

à écrit le 22/06/2022 à 0:04
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Poutine est idolatre en Russie car il a multiplie par 5 le pouvoir d achat du russe moyen depuis osn arrivee au pouvoir. c est pas le cas de Bruxelles, Chechez l erreur

le 22/06/2022 à 10:54
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C'est une plaisanterie ! La Russie est en récession avec une inflation galopante. Le pouvoir d'achat s'effondre.

à écrit le 21/06/2022 à 19:58
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Il/elle a été élu/e dépité/e le/la sinistre du plein emploi ? Ceci expliquerait cela.. un pari comme ça, si nouveau gouvernement, la désignation granguignolesque toute macrongnesque disparaît en même temps.. tenu ?

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