
Article mis en ligne 28/05/2023, 11:43 | Mise à jour 01/06/2023 08:16
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La commission d'enquête parlementaire a été lancée par le groupe Rassemblement national à l'Assemblée afin de faire face aux accusations qui présentent le parti d'extrême droite comme un agent d'influence russe en France. Les autres camps politiques dénoncent cette initiative comme une tentative de diversion de la part du RN.
L'affaire du prêt et du rachat des créances continue de susciter de vives interrogations et la commission d'enquête cherche à faire toute la lumière sur cette affaire complexe.
Marine Le Pen s'est défendue mercredi à l'Assemblée nationale de tout « tropisme russe », assurant qu'elle n'aurait jamais signé le prêt contracté en Russie par son parti si cela l'avait engagée à « quoi que ce soit » avec Vladimir Poutine.
« Si cela m'avait engagée à quoi que ce soit, je n'aurais pas signé », affirmait l'ancienne présidente du Rassemblement national (RN).
« Un prêt sans pressions ni contreparties politiques »
Marine Le Pen, a été auditionnée pendant près de quatre heures par la commission d'enquête parlementaire sur les ingérences étrangères. Au cœur des discussions se trouve un prêt de 9,4 millions d'euros contracté en 2014 par l'ex-FN auprès d'une banque tchéco-russe, alors dirigé par Marine Le Pen.
La question des pressions ou des contreparties politiques liées à ce prêt a été soulevée lors de l'audition. Marine Le Pen a affirmé catégoriquement qu'elle n'aurait pas signé le prêt si cela l'engageait à quoi que ce soit. Elle a juré de n'avoir « rien à (se) reprocher dans cette affaire » et a précisé que le prêt était « parfaitement légal et vérifié ».
La cheffe de file du RN a également annoncé qu'en cas de victoire lors des élections de 2027, elle interdirait aux formations politiques de bénéficier de prêts étrangers. Elle a également proposé la création d'une « banque de la démocratie » visant à aider les partis politiques à financer leurs campagnes électorales. Une idée qui a déjà été évoquée dans la majorité, mais qui n'a jamais été mise en œuvre par Emmanuel Macron.
La situation financière critique du parti et la recherche d'un créancier
Marine Le Pen s'est attardée sur la situation financière critique à laquelle son parti était confronté à l'époque et sur les difficultés rencontrées pour trouver un créancier européen.
Au début du mois de mai, lors de son audition devant la même commission d'enquête, l'ancien eurodéputé FN Jean-Luc Schaffhauser avait expliqué avoir été chargé par Marine Le Pen de trouver des fonds. Il avait raconté que les options se limitaient à la Chine, l'Iran ou la Russie, et que Marine Le Pen avait considéré que la Russie était le meilleur choix.
La leader d'extrême droite a confirmé que le parti se trouvait alors face à un dilemme crucial : « C'était ça ou la mort » du parti.
Implications politiques et soutien russe
La transaction pourrait-elle toutefois expliquer le soutien des dirigeants frontistes à la Russie après l'invasion de la Crimée, interroge la commission. « La Crimée a été russe pendant deux siècles, elle a été ukrainienne pendant soixante ans », leur a répondu Mme Le Pen, assurant que « l'arrivée ou non d'un prêt n'a pas changé d'un iota les opinions qui étaient les nôtres depuis toujours ».
Quid du soutien au référendum de 2014, dont la sincérité a été contestée par l'ensemble des observateurs internationaux?
« Je note qu'il n'y a eu aucun réfugié de Crimée », a ironisé Marine Le Pen. « Il était parfaitement loisible aux instances internationales d'en réorganiser un nouveau (...) pour vérifier que les gens avaient librement voté. »
Les déplacements de certains élus RN sur place pour appuyer les positions russes? « Chaque eurodéputé est libre ! ».
L'opposition de Marine Le Pen aux sanctions prises par la France et l'Union européenne contre la Russie après l'annexion de la Crimée? « J'avais la même position que Les Républicains », a-t-elle balayé. « Je conteste formellement avoir pris quelque décision que ce soit pour faire plaisir à quiconque », a résumé la fille de Jean-Marie Le Pen, relevant que « la seule obligation qu'on a quand on fait un prêt, c'est de le rembourser ».
Le rachat du prêt par une société proche de Poutine
Reste que l'affaire a pris un tour rocambolesque lorsque la banque a fait faillite, ses créances étant alors rachetées en cascade par différentes sociétés. La dernière, à qui le RN continue de rembourser sa dette, est réputée aussi sulfureuse que proche du Kremlin.
L'affaire du prêt contracté par l'ex-FN auprès d'une banque russe, dont les créances ont été rachetées en cascade, a pris une tournure rocambolesque. L'ancienne présidente du RN a été interrogée sur la structure qui a racheté les créances. Marine Le Pen s'est défendue en affirmant qu'elle n'avait aucune responsabilité dans cette transaction. Peu importe l'entité qui aurait racheté les créances, que ce soit La Redoute ou une autre, elle aurait eu la même obligation de rembourser son prêt, a-t-elle précisé.
Pas de conversation avec Vladimir Poutine
Marine Le Pen a affirmé n'avoir jamais eu de conversation concernant ce prêt et son rachat avec Vladimir Poutine. Elle a nié toute discussion avec des personnalités politiques rencontrées à la Douma ou ailleurs.
Marine Le Pen maintient sa position de non-implication dans les transactions financières et conclut sa volonté de rembourser son prêt, quelle que soit la structure qui en a racheté les créances.