Punaises de lit : un insecticide dangereux à l'origine de multiples intoxications

Un insecticide, interdit pour les usages ménagers, serait à l'origine d'une augmentation de cas d'intoxication et de trois décès. En cause : la prolifération des nuisibles tels que les cafards, mais surtout celle des punaises de lit. Quelques mois avant les JO 2024, les Français sont de plus en plus angoissés par ces petites bêtes.
Ces intoxications sont surtout à « mettre au regard de la recrudescence des infestations par les punaises de lit ».
Ces intoxications sont surtout à « mettre au regard de la recrudescence des infestations par les punaises de lit ». (Crédits : Shutterstock)

La prolifération des nuisibles comme les cafards et dernièrement les punaises de lit est devenu l'angoisse des Français. Pour tenter de s'en débarrasser, certains utilisent un insecticide appelé Sniper 1000 EC DDVP®, pourtant interdit pour les usages ménagers mais qui reste utilisé en France contre ces nuisibles. Un produit dangereux à l'origine d'intoxications croissantes, parfois mortelles, relève une étude de l'agence sanitaire française Anses et des centres antipoison dévoilée ce mardi.

« Malgré son interdiction en France en 2013 pour des usages ménagers, les centres antipoison ont enregistré 170 événements en lien avec le produit Sniper 1000 EC DDVP® du 1er janvier 2018 au 30 juin 2023. En tout, 206 personnes ont été exposées sur cette période », indiquent dans un communiqué l'Anses, la Direction générale de la santé et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.

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Le dichlorvos, substance active classée mortelle par inhalation

Le danger provient du dichlorvos, une substance active de la famille des organophosphorés, classée mortelle par inhalation et toxique par contact avec la peau ou par ingestion. Dans le détail, elle peut notamment provoquer des symptômes respiratoires de type asthmatiformes, oculaires, des troubles neurologiques pouvant conduire à une perte de connaissance, une allergie cutanée, indique le communiqué.

Alors qu'il est interdit, le dichlorvos peut toujours s'acheter, notamment sous la dénomination Sniper 1000 EC DDVP®, via des « circuits illégaux » comme sur des marchés et dans des bazars, en particulier dans le nord de Paris et en Seine-Saint-Denis et, « dans une moindre mesure », sur des plateformes de commerce électronique. Il peut aussi être rapporté de l'étranger (hors UE) ou donné par un tiers.

Hausse des intoxications

Les intoxications dues à cet insecticide ont connu « une augmentation » depuis 2018, avec notamment 104 cas déclarés entre janvier 2022 et juin 2023. « Si la plupart des intoxications signalées aux centres antipoison étaient bénignes, près de 10% étaient de gravité moyenne et 5,5% de gravité forte, dont 3 décès (accidentels ou dus à une ingestion dans un but suicidaire) », selon les autorités.

Le parquet de Lyon a ouvert notamment une enquête préliminaire pour « homicide involontaire », « mise en danger de la vie d'autrui » et « vente non autorisée de produit dangereux » après la découverte de l'insecticide au domicile d'une personne âgée décédée, avait indiqué à l'AFP une source judiciaire fin novembre.

De son côté, le gouvernement sensibilise les consommateurs depuis le 8 novembre au sujet des flacons de Sniper 1000 EC DDVP, sur son site d'alerte aux produits dangereux, demandant de ne plus les utiliser. Et l'un des distributeurs identifiés a fait un rappel volontaire, relayé sur le site RappelConso, ont précisé mardi les autorités.

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Punaises de lit : le fléau qui inquiète les Français

Ces intoxications sont surtout à « mettre au regard de la recrudescence des infestations par les punaises de lit », d'après le communiqué de l'Anses. Dans l'Hexagone, 11% des ménages ont été infestés entre 2017 et 2022, estimait l'Agence nationale de sécurité sanitaire en juillet. Elle a également répertorié plus de 1.000 cas d'intoxications, parfois graves, entre 2007 et 2021, à des produits insecticides plus largement utilisés dans la lutte contre les punaises de lit.

Ces parasites, qui infestent les logements, font l'objet ces derniers mois d'une véritable angoisse de la part des Français. Des inquiétudes d'autant plus légitimes au regard des JO 2024, qui vont faire venir plusieurs milliers de touristes à Paris, susceptibles de transporter ces petites bêtes. Sur les réseaux sociaux, les témoignages se sont également multipliés sur la présence des punaises dans les lieux publics comme les cinémas, les transports en commun, ou même certains établissements scolaires (cinq ont même été fermés).

Le gouvernement s'était alors saisi du dossier courant octobre. Une réunion interministérielle avait même eu lieu pour trouver des solutions. Le ministre des Transports, Clément Beaune, avait également exigé que les opérateurs de transport de chaque secteur améliorent les protocoles. « C'est un sujet qu'il faut traiter avec sérieux, ni psychose, ni déni, avait ajouté le ministre à l'issue de la réunion. Il faut d'abord rassurer, car il n'y a pas de recrudescence des punaises de lit dans les transports publics. ». En attendant, la création d'un fonds de cinq millions d'euros pour lutter contre ces nuisibles a été retenu dans les amendements du projet de budget 2024.

Londres également gagnée par l'inquiétude des punaises de lit

 Après Paris, l'inquiétude autour des punaises de lit a aussi gagné Londres, selon son maire Sadiq Khan, qui a mis en avant mi-octobre les mesures de nettoyage mises en œuvre dans les transports de la capitale britannique. Les craintes ont dépassé les frontières de l'Hexagone.

« C'est une véritable source de préoccupation. Les gens s'inquiètent que ces punaises à Paris ne posent problème à Londres », a déclaré le maire travailliste de la capitale britannique au site internet PoliticsJoe. Avec l'opérateur des transports londoniens TfL (Transports for London), « nous prenons des mesures pour faire en sorte que nous n'ayons pas ces problèmes à Londres, en relation avec le nettoyage régulier du Tube (le métro) et de nos bus », a-t-il ajouté. Il a en outre indiqué avoir évoqué le sujet avec Eurostar qui, selon un récent communiqué de la compagnie ferroviaire transmanche, a lancé une « campagne de détection préventive » et a assuré ne pas avoir observé d'augmentation des punaises de lit à bord de ses trains.

Mais le problème des punaises semble déjà avoir atteint le Royaume-Uni : selon des chiffres de la société spécialisée Rentokil, cités par l'institut de la santé environnementale, les infestations ont augmenté de 65% au deuxième trimestre 2023 par rapport à l'année précédente.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 06/12/2023 à 8:14
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"dichlorvos" On se demande comment ces produits sont autorisés à la vente enfin si on le sait ils sont prêts à tous nos sacrifices pour se faire du blé.. Par chez nous ce sont les punaises normales qui ont pullulé, aucune punaise de lit à l'horizon j...

à écrit le 05/12/2023 à 20:39
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La prochaine obsession française : notre niveau crade en maths ? Non, la punaise de lit portant le voile dans les lieux publics....

à écrit le 05/12/2023 à 15:48
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"les Français sont de plus en plus angoissés par ces petites bêtes." Non, rien dans mon entourage sur ce sujet.

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