
Elles sont à peine plus grosses qu'un pépin de pomme. Et pourtant, les punaises de lit sont source d'angoisse pour de nombreux Français, tant il est difficile - et très coûteux - de s'en débarrasser. À moins d'un an des Jeux olympiques 2024 à Paris, la résurgence de vidéos et de témoignages sur les réseaux sociaux signalant leur présence dans des lieux publics (cinémas, transports en commun...) a remis ces nuisibles sur le devant de la scène.
Au point que la mairie de Paris a réclamé « un plan d'action » au gouvernement la semaine passée. Plusieurs responsables politiques emploient désormais le terme de « fléau » pour qualifier la situation. « Je pense que ce n'est pas un motif à une panique générale », a tempéré le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, interrogé au micro de France Inter, le 3 octobre dernier, reconnaissant toutefois que « quand vous avez des punaises de lit, c'est l'enfer ».
Les transports en commun, lieux d'infestation ?
Dans ce contexte, le ministre des Transports, Clément Beaune, a réuni, ce mercredi 4 octobre en fin de matinée, « les principaux opérateurs de transports et les associations d'usagers ». Objectif affiché, faire le point sur la situation et renforcer les mesures, afin d'informer et de rassurer les voyageurs.
L'enjeu est de taille, tant les récits - parfois, vidéos à l'appui -, témoignant de la présence de punaises de lit ont déferlé sur les réseaux sociaux ces dernières semaines. « C'est un sujet qu'il faut traiter avec sérieux, ni psychose, ni déni, a martelé le ministre à l'issue de la réunion. Il faut d'abord rassurer, car il n'y a pas de recrudescence des punaises de lit dans les transports publics. » Au total, 37 cas ont été signalés, mais non avérés à la SNCF, a illustré Clément Beaune.
Mais comment les entreprises de transport agissent-elles déjà pour se prémunir des punaises de lit, et les détruire lorsque leur présence est avérée ? Si les transports en commun ne sont pas des lieux d'infestation majeurs, ils restent toutefois des points de transit des fameuses bestioles. Couplée à l'essor de la seconde main et à la résistance croissante aux insecticides, l'évolution des modes de vie, de plus en plus nomades, favorise la prolifération des punaises de lit, transportées dans les bagages et sur les textiles.
Pas de cas avéré récent, assurent les opérateurs
La RATP y a récemment été confrontée. Une « suspicion de présence de punaises de lit en cabine » de conduite a été signalée dans un train de la ligne 8 du métro parisien. « Conformément au protocole prévu, [le train] a été sorti du service commercial pour être expertisé, rappelle la RATP auprès de La Tribune. Les résultats de cette expertise sont négatifs : aucune présence de punaise de lit n'a été constatée dans le train. » En pratique, l'expertise est confiée à un prestataire spécialisé - dont la régie parisienne refuse de communiquer le nom - qui, si nécessaire, applique « un traitement adapté ». La RATP se veut rassurante, soulignant qu'« aucun cas avéré de punaise de lit n'a été constaté dans nos matériels (Métro, RER, Tramway et bus) » ces derniers jours.
Même son de cloche du côté de la SNCF. Quelle que soit la ligne (TGV, TER, Intercités, Transiliens et RER), cette dernière met en œuvre, dans un premier temps, un traitement préventif, prévoyant notamment la vaporisation d'un insecticide dans toutes les voitures, « tous les 60 jours (2 mois) maximum, renforcé l'été lors des fortes chaleurs à tous les 30 jours ».
Des traitements préventifs et curatifs
Lorsque la présence de punaises de lit est signalée - soit par le personnel, soit par un voyageur -, l'information est transmise au centre opérationnel auquel la ligne est rattachée. Si leur existence est confirmée, un traitement curatif est alors mis en place. En clair, la rame est retirée de la circulation, afin de rejoindre un technicentre ou une voie de garage, où le nettoyage est effectué. Pour les TGV par exemple, plusieurs éléments de la ou des voitures concernées peuvent être démontés, entraînant l'immobilisation de la rame durant trois à cinq jours. Et pour cause, les trains à grande vitesse comprennent davantage de revêtements textiles, privilégiés par les punaises, que les autres lignes (Transiliens, TER, etc).
« Ces insectes pouvant être amenés par inadvertance à bord par des voyageurs, nous recommandons à chacun d'être vigilant », martèle la SNCF.
Une stratégie équivalente est mise en place dans les airs. Contactée par La Tribune, Air France indique que ses appareils sont soumis à un traitement préventif rémanent. Celui-ci est destiné à anticiper et à se débarrasser de la présence de nuisibles, comme les moustiques. Pour les punaises de lit, plus spécifiquement, la compagnie explique ne pas avoir de procédure préventive. Une fois seulement leur présence constatée et confirmée, Air France immobilise et isole l'appareil concerné. Une fumigation, puis une ventilation, sont réalisées par une société spécialisée, entraînant l'inutilisation de l'avion durant huit heures. La compagnie aérienne souligne toutefois qu'aucun incident récent n'a été signalé.
Sollicitée par La Tribune, l'Union des Aéroports Français (UAF) indique qu'aucun cas avéré n'a été constaté sur les plateformes aéroportuaires. « Lors de la réunion au ministère des Transports, nous avons expliqué au ministre que, sur les plateformes aéroportuaires, nous avons sensibilisé les différents acteurs sur le sujet », fait valoir Nicolas Paulissen, délégué général de l'organisation.
Les opérateurs soumis à des points trimestriels
Idem sur les routes. Représentant 1.300 entreprises du transport routier, la Fédération Nationale des Transports de Voyageurs (FNTV) indique n'a avoir eu aucune remontée de cas de punaises de lit. Contacté par La Tribune, Transdev explique, lui aussi, qu'aucun cas n'a été décelée sur ses réseaux. Des diagnostics doivent être effectués sur l'ensemble du territoire, afin de procéder, si nécessaire, à la décontamination des véhicules.
« À ce jour, nous n'avons observé aucune présence, ni reçu de signalement avéré de punaises de lit sur nos réseaux en France, confirme de son côté Keolis. Cependant, nous demeurons vigilants et mobilisés pour garantir la sécurité et le confort de l'ensemble de nos passagers. Nous sommes pleinement engagés à prévenir toute éventuelle infestation et à agir rapidement en cas de détection. »
Les dispositifs engagés par les opérateurs sont-ils pour autant suffisants dans la perspective des Jeux olympiques l'été prochain, l'événement promettant d'accroître considérablement les flux, et donc, les risques de prolifération de punaises de lit ? Sans pour autant faire allusion à l'événement sportif, le ministre des Transports a annoncé que les entreprises de transports en commun devront publier les données relatives aux cas recensés, signalés et avérés de punaises de lit, et ce, « tous les trois mois », ainsi que les protocoles sanitaires.
« La transparence est clé : c'est avec une transparence totale que nous aurons une confiance totale », a-t-il justifié.
Signe que l'exécutif ne souhaite pas que les punaises de lit viennent assombrir les mois à venir, le ministre a également exigé que les opérateurs de transport améliorent les protocoles. Il a ainsi notamment évoqué le déploiement de chiens renifleurs, permettant la détection des nuisibles. « Dans chaque secteur (ferroviaire, routier, scolaire, aérien, ndlr), il doit y avoir un renforcement des actions : je ferai un point trimestriel à cet effet », a complété Clément Beaune, précisant son intention de réunir, également, les entreprises prestataires chargées de la désinsectisation, afin d'aboutir à une « conférence des solutions » à la fin du mois.
Interrogé par La Tribune, le président de la Fédération nationale des Associations d'Usagers des Transports, Bruno Gazeau, se dit rassuré de l'issue de cette réunion de « de voir que les entreprises de transport ont tiré les leçons du Covid, avec la mise en place de protocoles ». « La sécurité est une exigence des usagers », martèle-t-il.
À l'issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement a, en outre, indiqué que la réunion interministérielle sur les punaises de lits vendredi débouchera sur « des décisions et des orientations ». « Je vous tiendrai informé des décisions et des orientations qui seront prises à l'issue de cette réunion », a ajouté Olivier Véran, après avoir expliqué que l'objectif de cette réunion entre les cabinets des divers ministres concernés sera de « trouver une réponse rapide, mais surtout une réponse efficace qui permette de traiter tous les aspects du problème et de répondre aussi à l'angoisse légitime des Français ».
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