[Article publié le 24 janvier 2023 à 14:38, mis à jour à 16:24]
Ils iront braver le froid, et ont prévu de se retrouver, demain mercredi, devant l'Assemblée nationale : Laurent Berger pour la CFDT, Philippe Martinez pour la CGT, Frédéric Souillot pour FO... tous les leaders syndicaux seront présents, côte à côte.
Objectif : sensibiliser les députés à leurs arguments afin que, au-delà des mobilisations dans la rue, les élus entendent les positions de l'intersyndicale qui se bat pour contrer la réforme des retraites. Il s'agit de leur transmettre des amendements pour que, lors du débat dans l'hémicycle, ils puissent peser sur le texte.
Maintenir la dynamique... sans exaspérer les Français
Maintenir la dynamique après la journée réussie du 19 janvier n'est pas simple. En organisant d'autres événements ? Lesquels ? Trouver d'autres modes d'action est une gageure. Par exemple, la pétition contre la réforme, initiée par Laurent Berger, a plus de mal à engranger des signatures qu'il y a une semaine, peinant à se rapprocher des 800.000 signataires.
En outre, l'unité affichée par les syndicats paraît déjà se morceler. Dans le rail, CGT Cheminots et SUD-Rail annoncent ce mardi une grève reconductible dès la mi-février, en plus de deux jours de grève au début des vacances d'hiver, les 7 et 8 février. Dans leur tract, les deux organisations assument de vouloir « élever le rapport de force » avec le gouvernement.
CFDT et UNSA refusent pour l'instant de suivre cet appel à la grève, marquant là une première divergence.
Préserver l'unité
De fait, entre les syndicats, les échanges sur la stratégie à adopter sont animés. La CFDT entend faire vivre la mobilisation, mais elle prône des journées relativement espacées pour ne pas user les militants sur la longueur. Elle a d'ailleurs eu gain de cause la semaine dernière, après la journée du 19 janvier, en réussissant à imposer une journée le 31 janvier. Mais pas avant.
La centrale syndicale de Philippe Martinez, elle, est partisane d'un calendrier plus resserré qui maintient la pression sur le gouvernement. Elle craint un essoufflement de la mobilisation, notamment à l'occasion des vacances d'hiver qui, en fonction des zones, occupent tout le mois de février.
Au sein de la CGT, plusieurs fédérations font d'ailleurs pression, estimant qu'il faut frapper fort, pour battre le fer quand il est (encore) chaud. Dans l'éducation, les transports, le rail, les raffineries, elles se préparent à des grèves reconductibles. Ainsi, la fédération Pétrole a-t-elle d'ores et déjà déposé des préavis pour le 26 janvier, mais aussi le 6 février. À la SNCF, les discussions sont vives pour décider ou non d'un débrayage avant mardi prochain.
Vers une radicalisation du mouvement ?
Mais d'autres fédérations sont encore plus radicales. À Marseille, par exemple, la CGT menace de s'en prendre aux compteurs électriques pour faire baisser le prix des factures de certains clients, notamment les boulangers. Pour le délégué général de la CGT PACA, ces actions sont « illégales mais morales ».
« Ce n'est pas la CGT qui décide dans ce pays », a immédiatement réagit, Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie. Le gouvernement promet qu'il sera intraitable face à ces menaces, et qu'il n'hésitera pas à porter plainte.
Si l'exécutif se montre aussi ferme, c'est aussi parce qu'il sait que des actions illégales pourraient mettre à mal l'unité syndicale, notamment entre la CGT et la CFDT. Laurent Berger de la CFDT a souvent exprimé sa désapprobation concernant les coupures de courant ou les blocages de ce type. En entrant dans ce conflit, le chef de file du syndicat réformiste a expliqué ne pas vouloir « bordeliser » la France.
De son côté, Philippe Martinez cherche à contenir les plus « ultras » de sa centrale. Mais à quelques semaines de son Congrès, et alors qu'il s'apprête à passer la main, son influence est mise à mal. Sans compter que des actions trop brutales pourraient braquer une opinion, aujourd'hui plutôt favorable au combat syndical.
(avec AFP)