Retraites : pourquoi le patronat soutient si peu la réforme du gouvernement

Le gouvernement présente ce mardi sa réforme des retraites dans laquelle il va repousser l'âge de départ à 64 ans. Traditionnellement favorable à une réforme, le patronat reste cette fois très mesuré. Au point d'agacer le gouvernement qui regrette que les patrons ne fassent que le service minimum. Pourquoi ? Décryptage.
Fanny Guinochet
Elisabeth Borne présente mardi la réforme des retraites du gouvernement
Elisabeth Borne présente mardi la réforme des retraites du gouvernement (Crédits : POOL)

« Avec un patronat comme nous avons en ce moment, nous ne sommes pas aidés ! », s'agace un ministre à Bercy. Et il n'est pas le seul à le penser au sein du gouvernement ou même de la majorité Renaissance. Et pour cause : sur le sujet de la réforme des retraites, qui sera présentée ce mardi 10 janvier par le gouvernement, les prises de positions patronales sont rares et plutôt mesurées. Un paradoxe si l'on songe que, dans le passé, les employeurs ont souvent poussé le gouvernement à faire une réforme des retraites dans le but de rapporter de l'argent aux finances publiques.

Lire aussiRéforme des retraites : l'astuce du gouvernement pour équilibrer les comptes du régime

Les patrons ont la tête ailleurs

Mais, leurs préoccupations ont changé ces derniers mois. Leur souci premier reste aujourd'hui la question de l'énergie. Comment payer la facture d'électricité qui n'en finit pas de s'envoler ? C'est, selon un membre de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), ce qui les occupe 24 heures sur 24. Certes, le gouvernement a mis en place des aides : un système d'amortisseur, un guichet, et dernièrement un plafonnement des prix du mégawattheure à 280 euros pour les toutes petites entreprises, celles de moins de 10 salariés....

Mais cela ne suffit pas toujours, selon la CPME, qui demande au gouvernement de prendre en compte aussi les PME. Olivia Grégoire, la ministre du Commerce, leur a opposé ce lundi 9 janvier une fin de non-recevoir. La situation sur le plan des coûts de l'énergie est tellement tendue, que des entreprises préfèrent réduire ou arrêter leur production quelques mois et placer leurs salariés en chômage technique.

Autre grand sujet qui absorbe toute leur attention, les pénuries de main-d'œuvre. Malgré la situation géopolitique et un environnement économique incertain, le chômage se réduit dans la zone euro eb général, et en France en particulier. Et beaucoup ont du mal à trouver de la main-d'œuvre. De nombreux secteurs - restauration, hôtellerie, transports, santé ; etc- sont en difficulté à cause du manque de personnel.

Ils s'inquiètent de la situation sociale du pays

« Etant donné le climat ambiant, on redoute un retour des Gilets jaunes, ou des mouvements de ce type... », confie un membre important du Medef. Tous craignent des manifestations dans l'Hexagone avec des explosions de violence. « Ça pèserait alors sur le business et l'image de la France », poursuit ce cacique patronal. Tous ont en tête aussi les blocages fin 2019, et les grèves contre la réforme des retraites de la SNCF, de la RATP etc - à l'époque, Emmanuel Macron souhaitait instaurer un système universel par points- ... Pendant plus d'un mois, le pays a tourné au ralenti.

Cette crainte de l'agitation sociale est d'autant forte en ce début d'année que la plupart des entrepreneurs sentent une tension dans leurs entreprises. « En 2022, la conflictualité a augmenté, confirme le chercheur Rémi Bourguignon, spécialiste des sujets sociaux. Non pas autour de la réforme des retraites, mais au sujet des salaires. On a vu des secteurs habituellement très calmes, comme la banque et l'assurance, se mobiliser ». Avec l'inflation, et la hausse des prix des produits du quotidien, les employés se tournent vers leurs employeurs pour obtenir des augmentations.

Ils craignent de nouvelles obligations

Enfin, les patrons ne sont pas très sereins sur l'équation budgétaire du gouvernement. Certes, la réforme des retraites doit non seulement rapporter, selon Gabriel Attal, le ministre des comptes publics, 12 milliards d'euros supplémentaires en recettes fiscales et sociales supplémentaires d'ici à 2027, mais aussi permettre d'éviter 500 milliards d'euros de dette supplémentaire sur vingt-cinq ans.

 « Mais combien coûteront les contreparties comme la retraite minimum à 1.200 euros, ou encore les mesures de pénibilité ? », s'inquiètent encore les employeurs. En matière de pénibilité, justement, ils craignent le retour de critères qu'ils avaient réussis, à force de lobbying, à faire retirer...

Par ailleurs, ils sont vent debout contre l'index senior que veut leur imposer le gouvernement, afin de les inciter à garder les quinquagénaires dans l'emploi. Pour la plupart, et même si les plus petites entreprises ne devraient pas être concernées, cet index sera une contrainte inutile et supplémentaire.

... ainsi qu'une hausse des cotisations patronales ....

 Enfin, ils voient d'un mauvais œil les réflexions du gouvernement autour des cotisations patronales. Selon nos informations, l'exécutif regarde comment ponctionner légèrement plus les employeurs pour remplir les caisses de retraite. Il travaille aussi sur une piste pour piocher dans la branche accident du travail et maladie professionnelle qui se porte mieux que celle des retraites.

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La prise de parole, ce lundi matin 9 janvier, de François Bayrou a encore accentué leurs inquiétudes. Le président du Modem, allié de la majorité, plaide, dans les Echos, « pour une mise à contribution des entreprises à la réforme des retraites sous la forme d'une très légère augmentation des cotisations patronales. ». Et ce, au nom « d'une juste répartition des efforts », vis-à-vis des salariés, à qui le gouvernement va demander de travailler plus longtemps.

Fanny Guinochet
Commentaires 39
à écrit le 10/01/2023 à 12:46
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On peut rappeler que sur demande du patronat la macronie dès 2018 a aussitôt supprimer 4 facteurs de risques : ceux liés à des contraintes physiques marquées (postures pénibles, vibrations mécaniques, manutention manuelle des charges), à des agents c...

à écrit le 10/01/2023 à 11:27
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Les patrons ne veulent pas des vieux non formés aux nouvelles technologies et trop chers , ils préfèrent les lourder vers 58 ans et les laisser à la charge des systèmes sociaux.

à écrit le 10/01/2023 à 10:48
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C'est le patronat français qui a financé par ses impôts les délocalisations des multinationales, et maintenant on leur demande de recruter les seniors victimes de ses délocalisations. Le patronat s'est fait spolier d'une grande part de ses investisse...

à écrit le 10/01/2023 à 10:18
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63-64-65 ans? Je ne vois vraiment pas où est le problème: Le Graet 81ans ? Ockrent, combien ? El Kabbach ? Arnaud ? On voit bien qu'il est urgent de légiférer pour libérer l'emploi des autres. "Je me marre".

à écrit le 10/01/2023 à 9:59
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Pour moi mais je n'y connais rien, puisque la charge quotidienne de notre dette est de l'ordre de 144 millions nos partenaires nous demande de sabrer. Bien entendu il n'est pas politiquement correct de l'annoncer..

à écrit le 09/01/2023 à 23:16
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Les entreprises mettent dehors les salariés de plus de 50 ans. Alors embaucher des seniors de plus de 60 ans, même pas en rêve !

le 10/01/2023 à 6:15
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Heureusement qu'en tant que chef d'entreprise vous donnez la priorité à l'embauche des seniors.

à écrit le 09/01/2023 à 22:51
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Vivement le bordel des gilets jaunes et que ça pete ..ras le bol de ce patronat hypocrite et ce gouvernent menteur … pas étonnant que le patronat soit mièvre sur le sujet il va falloir garder et payer les seniors … lui qui préférait employer de la m...

à écrit le 09/01/2023 à 21:08
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Le patronat est vraisemblablement interpellé par la dégradation du déficit commercial de la France et sans doute tente t-il de freiner l' incurie de l' état sur sa gestion calamiteuse qu' il n' est guère possible de dissimu...

à écrit le 09/01/2023 à 20:51
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Le démontage des retraites par Bruxelles et ses 28 commissaires non élus suit son cours, conformément aux GOPE, grandes orientations de politique économique de Bruxelles. Si vous estimez vraiment que l'on peut "s'en taper des rapports des "GOPE" publ...

à écrit le 09/01/2023 à 18:49
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Bonjour, Le patronat a bien compris depuis longtemps, que le problème se n'est pas l'âge de la retraite du privé, mais le problème du public, car non seulement ils partent en général avant l'âge limite, mais a taux plein... Surtout que l'état très ...

le 09/01/2023 à 21:01
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Archi faux. Les fonctionnaires sont les seuls à devoir faire le travail jusqu’au bout, car ils ne peuvent pas négocier de rupture conventionnelle 3 ans avant la fin pour finir en pré retraite financé par Pôle emploi. Il suffit de regarder le taux de...

le 09/01/2023 à 22:08
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Faux.. ou sont vont études attestant de vos propos… depuis 2014 le public suit le privé les carrières y sont plus lisses car un seul employeur tout au long de leur carrière .. si vous trouvez qu ils sont avantagés fallait choisir le secteur public h...

le 09/01/2023 à 22:08
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Faux.. ou sont vont études attestant de vos propos… depuis 2014 le public suit le privé les carrières y sont plus lisses car souvent un seul employeur tout au long de leur carrière .. - mais des salaires et des variétés pas dynamiques- si vous trouv...

le 09/01/2023 à 22:09
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Faux.. ou sont vont études attestant de vos propos… depuis 2014 le public suit le privé les carrières y sont plus lisses car souvent un seul employeur tout au long de leur carrière .. - mais des salaires et des carrières pas dynamiques- si vous trou...

le 09/01/2023 à 22:11
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Faux.. ou sont vont études attestant de vos propos… depuis 2014 le public suit le privé les carrières y sont plus lisses car souvent un seul employeur tout au long de leur carrière .. - mais des salaires et des carrières pas dynamiques- si vous trou...

le 09/01/2023 à 22:29
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Si vous voulez changer à la baisse les retraites versées au secteur public Faudrait que l état et les entreprises publics cotisent à une retraite complémentaire pour leurs salariés. Or la cour des comptes a évalué cela à 12 milliards de dépenses supp...

le 09/01/2023 à 22:29
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Si vous voulez changer à la baisse les retraites versées au secteur public Faudrait que l état et les entreprises publics cotisent à une retraite complémentaire pour leurs salariés. Or la cour des comptes a évalué cela à 12 milliards de dépenses supp...

à écrit le 09/01/2023 à 18:25
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Mon chef va se racheter 11 trimestres d'étude avec l'héritage que lui a laissé sa tante. Et après , Macron nous parlera de la valeur travail !!! On nous prend vraiment pour des cons. C'est pas le travail qui paye de nos jours, c'est l'argent. C'est ...

le 09/01/2023 à 22:17
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Oui il y a un déterminisme social en France plus fort qu ailleurs en Europe - sauf la GB- le milieu social de la naissance détermine son avenir social .. peu ou pas d ascenseur social à la différence des années 60-70….

le 10/01/2023 à 9:14
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Selon le barème réglementaire du versement pour la retraite, le prix d'un trimestre pour l'option de rachat au titre du taux seul sera de 3 973 €.

à écrit le 09/01/2023 à 18:05
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bien sur que nous sommes dans un etat conflictuel ou pre insurectionnel sans rendent ils seulement compte au chateau? vu la tete de Babette je pense que oui quant a Macron il a franchement une sale tete nous sommes sur une poudriere un rien et tou...

à écrit le 09/01/2023 à 17:19
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Bien sûr les dirigeants d'entreprises devront mettre la main à la poche.encore. Ne soyez pas dupes citoyens Notre président n'aime pas les retraités. N'oubliez pas qu'en 2017 ils a pris 2% avant de rétropédaler avec les Gilets jaunes Puis il a a...

le 09/01/2023 à 17:57
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"Ne soyez pas dupes citoyens Notre président n'aime pas les retraités. " Fallait réfléchir avant : Sans surprise, Emmanuel Macron a, comme au premier tour, séduit les retraités (65% de ceux sondés déclarait vouloir voter pour lui), les cadres (...

à écrit le 09/01/2023 à 16:44
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La vraie question c'est : pourquoi les syndicats sont contre ? Ils sont censés défendre les salariés, et ceux-ci se font déjà allègrement plumer pour payer les pensions de retraités (surtout les grosses). En toute logique, les syndicats devraient...

le 09/01/2023 à 17:20
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Attention! Ça peut faire mal.

le 09/01/2023 à 17:38
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Les syndicats défendent les TRAVAILLEURS. Les retraités sont des travailleurs en situation d'inactivité et leur rente de retraite, un salaire DIFFERE. Les syndicats doivent donc défendre AUSSI les retraités. CQFD. Asimon vous n'avez pas bien réfléchi...

le 09/01/2023 à 18:04
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"La vraie question c'est : pourquoi les syndicats sont contre ?" Pas tant que ça puisque la plupart on appelé à voter Macron qui pourtant l'avait annoncé dans son programme.

à écrit le 09/01/2023 à 16:15
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Si l'on voulait vraiment nous faire travailler plus, on ne toucherai pas à l'âge de départ qui ne prouve rien, mais aux annuités travaillés ! Visiblement le but est tout autre !

à écrit le 09/01/2023 à 16:01
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je croyais que la devise de notre démocratie etait L'EGALITE et pourtant pour le financement de la caisse retraite qui est en deficit on exonère les chanceux qui peuvent faire des des heures sup ? POURQUOI autoriser les emplois retraite (sauf petit...

le 09/01/2023 à 17:41
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C'est normal qu'ils puissent partir plutôt en retraite; tous les ans ce sont des semaines de grèves qu'il faut faire '' pour défendre le service public''; c'est fatiguant et épuisant de faire fonctionner les barbecues....

le 09/01/2023 à 18:09
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"on exonère les chanceux qui peuvent faire des des heures sup ?" Le salarié est dans l'obligation d'effectuer les heures supplémentaires demandées par son employeur, sauf en cas d'abus de droit, par exemple dans le cas où l'employeur n'en a pas in...

le 09/01/2023 à 22:37
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Conducteurs de train partir à 50 ans? Vous délirez … seuls ceux embauchés avant le reforme de la retraite de2014 partent à 55-57 si 35 ans de service … et ce sont les seuls de la sncf les autres sont à 62 ans comme ds le privé.

à écrit le 09/01/2023 à 15:34
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Parce que le Medef ne veut pas garder des vieux salariés qui coûtent cher.

le 09/01/2023 à 16:26
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En effet, qui va encore payer des cadres de 68 ans ? Quand on commence à 25 ans, +43 ans de cotisation = 68 ans, non ? Comme gérer les absences dues aux arrêts maladie qui vont se multiplier avec l'âge ? Et certains devront probablement travaille...

le 09/01/2023 à 18:18
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@chr$ "ce que très peu de baby boomers ont vécu eux qui sont partis tranquillou en retraite en pleine santé à 60 ans (voir avant avec des dispositifs d'aide étatique existant à l'époque)." Entre 2000 et 2010.4 millions sont partis en pré-retra...

à écrit le 09/01/2023 à 15:18
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Ce n'est qu'une lubie venant d'en haut et non une demande des gens concernés ! Voyez vous autre chose ?

le 09/01/2023 à 16:07
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Gouverner c'est prévoir (avec lucidité ou pas), les patrons gouvernent-ils ? Travailler 45h payés 35, ils diront sans doute oui, la retraite à 70 ans aussi (sachant qu'ils n'auront plus personne salarié à cet âge, juste le principe), etc etc. Ils cra...

le 09/01/2023 à 16:38
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@photo73 "le pantin de sa boîte" On dit la pantine de sa boite ,maintenant

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