TPE : cinq millions d'électeurs appelés à voter

Quelque cinq millions de salariés des très petites entreprises sont appelés à voter à partir de lundi et jusqu'au 6 avril pour déterminer le poids de chaque syndicat au niveau national et dans les branches, une élection dont la principale gagnante devrait être l'abstention.
(Crédits : Reuters)

C'est la troisième édition de cette élection, instituée par une loi de 2010 pour permettre aux salariés des entreprises de moins de onze salariés et aux employés à domicile de faire entendre leur voix. Les deux précédentes ont été marquées par une très faible participation: 10,38% en 2012, et 7,35% en 2017.

Le contexte sanitaire ne permet guère d'espérer une progression. "Si on est au même score de participation ça sera pas mal", confie un haut responsable syndical.

"Ca ne perce pas beaucoup le radar médiatique la question des élections dans les TPE (...) On est très entravé dans la façon de faire campagne", a souligné le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, lors d'une conférence de presse mardi.

Un scrutin mal connu

Le président du Haut-Conseil du dialogue social, Jean-Denis Combrexelle, le reconnaît sans fard dans le dossier de presse du ministère du Travail: "en dépit des efforts d'information faits par les pouvoirs publics et par les syndicats, il est apparu (en 2017) que le scrutin était mal connu et surtout que les salariés n'en comprenaient pas l'utilité".

Le scrutin a pour principale finalité de parachever la mesure de l'audience des syndicats au niveau interprofessionnel et dans les branches. Les syndicats représentatifs (plus de 8% des suffrages) peuvent négocier des accords, désigner des conseillers aux prud'hommes et des représentants dans les Commissions paritaires régionales interprofessionnelles (CPRI). Ces dernières assurent depuis 2015 une mission de conseil et de médiation auprès des salariés et employeurs des TPE.

Mesure de l'audience: la CFDT devant ?

L'audience des syndicats dans le privé est calculée tous les quatre ans en additionnant les suffrages exprimés dans le cadre des élections des comités sociaux et économiques (CSE) présents dans les entreprises de plus de onze salariés, les suffrages des salariés agricoles, et les suffrages des salariés des TPE.

En 2017, la CGT avait remporté le scrutin dans les TPE, en recueillant 25,12% des voix (contre 29,54% en 2012), suivie par la CFDT avec 15,49% (19,26%) et FO avec 13,01% (15,25%). L'Unsa avait fait un bond de cinq points, à 12,49%.

Cela n'avait pas empêché la CFDT de devenir - fait historique - le premier syndicat dans le privé, recueillant au total 26,39% des suffrages devant la CGT (24,85%). FO (15,60%), la CFE-CGC (10,69%) et la CFTC (9,48%) avaient tous trois passé la barre des 8%.

Cette année, les résultats des élections TPE devraient être publiés le 16 avril, et la mesure de l'audience nationale interprofessionnelle le 31 mai.

D'ores et déjà, l'essentiel des jeux est fait s'agissant de cette dernière, les votes dans les CSE (clos le 31 décembre 2020) représentant a priori l'écrasante majorité du résultat final. En 2016, on avait compté 4,875 millions de votants pour les entreprises de plus de onze salariés, 330.000 voix pour les TPE, et 34.000 pour les chambres d'agriculture, selon la Direction générale du travail.

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, s'attend à ce que la confédération conserve sa place de numéro un. "Ce qu'on a comme recensement très imparfait nous dit qu'il n'y a pas de raison qu'on ne soit pas premier", a-t-il dit à l'AFP.

Son homologue de la CGT, Philippe Martinez, ne semble guère optimiste quant à ses chances de la détrôner: "La CFDT est plus implantée que nous dans les entreprises. C'est un handicap qu'on a du mal à combler", admet-il.

Finalement, l'enjeu principal du scrutin TPE pourrait bien être la représentativité des syndicats dans les branches, notamment celles où les salariés de TPE sont majoritaires. "Là le vote de la semaine prochaine va être extrêmement déterminant", souligne Laurent Berger.

Commentaire 1
à écrit le 23/03/2021 à 10:36
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"On est très entravé dans la façon de faire campagne", a souligné le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, lors d'une conférence de presse mardi." Pauvre biquet où quand le problème, ou plutôt un des problèmes, invente un problème. B...

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