Un conseil national de la refondation, pour quoi faire ?

Le président de la République Emmanuel Macron doit lancer ce jeudi en grande pompe le Conseil national de la refondation (CNR), symbole de « la nouvelle méthode » voulue par le président. Selon l'Elysée, « il s'agit de revivifier notre démocratie et faire face à d'immenses défis ». Parmi les thèmes abordés figurent le plein emploi, l’école, la santé, le bien-vieillir et la transition écologique. De nombreux partis d'opposition (LR, LFI et RN) et syndicats (CGT, FO, CFE,CGC) ont d'ores et déjà annoncé qu'ils allaient déserter ce grand raout. Les détracteurs redoutent que cette réunion ne se substitue aux institutions déjà existantes (parlement, syndicats, CESE).
Grégoire Normand
L'entourage du président de la République promet un dialogue sans filtre au CNR.
L'entourage du président de la République promet "un dialogue sans filtre" au CNR. (Crédits : Reuters)

« Cette ère nouvelle ne sera pas la continuité du quinquennat qui s'achève, mais l'invention collective d'une méthode refondée pour cinq années au service de notre pays, de notre jeunesse. » Au soir du second tour à l'élection présidentielle le 24 avril dernier, Emmanuel Macron avait promis un tournant dans sa manière de gouverner. Critiqué pour sa vision « jupitérienne » du pouvoir, le chef de l'Etat veut montrer qu'il a « changé ». Ce jeudi 8 septembre, le chef de l'Etat s'apprête à lancer en grande pompe le conseil national de la refondation (CNR), en référence au Conseil national de la Résistance né lors de la Seconde Guerre mondiale.

Cette allusion avait d'ailleurs suscité une vague d'interrogations dans les rangs des syndicats. « Il s'agit de revivifier notre démocratie et faire face à d'immenses défis. Il y a un besoin d'essayer de travailler autrement et d'adopter une nouvelle méthode pour construire avec tous les acteurs de meilleures solutions », assure l'entourage du Président.

Cette première réunion de jeudi, qui doit rassembler une cinquantaine de personnes, servira à donner « un cadrage » aux prochaines réunions. Le suivi du conseil national de la refondation sera assuré par le Haut-commissariat au plan. Cinq grands thèmes de discussion ont été listés : « le plein emploi, l'école, la santé, le bien-vieillir et la transition écologique ». Dans l'après-midi, la Première ministre Elisabeth Borne pilotera une réunion pour déterminer les chantiers et établir leur mise en œuvre dans la durée.

Un dialogue « sans filtre » promet l'Elysée

Pour cette première journée à Marcoussis dans l'Essonne, Emmanuel Macron a prévu d'attaquer par un propos introductif devant un parterre de ministres, élus locaux, associations et représentants de la société civile. Son intervention sera suivie de trois exposés. Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau doit faire une présentation de la situation économique de la France.

Viendra ensuite le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, qui fera un exposé sur l'état des finances publiques. Le dernier propos sur le défi climatique sera assuré par Corinne Le Quéré, la présidente du Haut Conseil pour le Climat. L'après-midi, la rencontre doit donner lieu à des échanges. « Dans cette journée, l'idée est d'avoir un dialogue direct, franc et sans filtre », promet l'Elysée.

« Ne pas se substituer aux institutions déjà existantes », assure l'Elysée

L'annonce de ce conseil national de la refondation a suscité de vives interrogations sur son utilité et sa légitimité. Beaucoup d'élus et de syndicats ont exprimé des réserves sur cette initiative depuis qu'Emmanuel Macron avait exprimé sa volonté de mettre en œuvre ce rendez-vous au printemps.

Il faut dire, lors du premier quinquennat Macron, le Grand débat organisé après la crise des gilets jaunes et la Convention citoyenne pour le Climat n'ont pas débouché sur des changements jugés majeurs dans le fonctionnement des institutions malgré les promesses du président.

Parmi les récentes craintes exprimées à propos du CNR, figure celle de remplacer des institutions existantes comme le Parlement, les syndicats ou le CESE (Le Conseil économique social et environnemental). Face à ces craintes, l'entourage du Président assure que « le parlement restera le parlement, le CESE restera le CESE et les partenaires sociaux s'occuperont toujours des négociations paritaires ».

Les partis d'opposition boudent

Cette volonté de vouloir rassembler les différentes forces d'opposition pourrait faire un flop. En effet, la liste des organisations prêtes à déserter cette réunion ne cesse de s'allonger. Sur le plan politique, plusieurs partis d'opposition ont déjà fait part de leur réticence à participer à ce rassemblement.

Après le Rassemblement national (RN) et les Républicains (LR), le parti de la France Insoumise (LFI) a confirmé qu'il ne participerait pas au conseil national de la refondation. Du côté du Parti socialiste (PS), Olivier Faure n'y voit « aucun intérêt » si « c'est pour revivre ce que nous avons vécu avec le Grand débat et la Convention citoyenne » et « si c'est pour contourner un Parlement qui n'est pas favorable » à Emmanuel Macron.

La CFDT participera, la CGT, FO et la CFE-CGC boycottent

Du côté des syndicats, les positions divergent. La secrétaire générale adjointe de la CFDT Marylise Léon a expliqué ce mardi 6 septembre que son syndicat participera au CNR. « Aujourd'hui, la période est trop grave pour déserter le terrain de l'implication. Dans le contexte économique et social anxiogène marqué par l'inflation et les risques liés à l'approvisionnement en énergie, il est de notre responsabilité de saisir chaque occasion de porter la voix des travailleuses et des travailleurs », a affirmé la responsable syndicale.

Du côté de la CGT, de Force Ouvrière ou de la CFE-CGC, les centrales ont décidé tout simplement de boycotter cette réunion de rentrée. « C'est le rendez-vous de ceux qui souhaitent avancer dans le dialogue. Il est paradoxal de dire que l'on n'a pas été assez écouté alors que le président leur a dit qu'il était prêt à les écouter. Nous serons assez nombreux. Je n'ai pas vu que la politique de la chaise vide permettait de faire avancer les dossiers », a réagi l'Elysée. Après les Dialogues de Bercy sur le budget 2023 proposés par le gouvernement et boudés par beaucoup d'organisations, une nouvelle désertion serait un camouflet pour le chef de l'Etat.

Les collectivités font volte-face

Vendredi dernier, Territoires Unis, qui rassemble les trois associations des maires, des départements et des régions, a annoncé qu'elles n'allaient pas participer à cet événement avant de faire machine arrière. « Nous irons parce que nous avons obtenu des réunions de travail régulières avec le président de la République pour échanger sur les problèmes spécifiques que nous rencontrons dans l'exercice de nos compétences », a expliqué lundi dans l'après-midi François Sauvadet, le président de l'Assemblée des départements de France (AdF), après une réunion à l'Elysée avec Emmanuel Macron.

« Territoires Unis a obtenu l'assurance d'être reçu à échéances régulières, au moins deux fois par an, par le Président de la République pour travailler sur les perspectives d'amélioration de la décentralisation et fixer un cap aux discussions d'ores et déjà engagées avec le gouvernement sous l'égide d'Elisabeth Borne, dans un esprit de construction commune et de confiance mutuelle, qu'il convient une nouvelle fois de saluer », ont expliqué les associations d'élus. Reste à voir si ce CNR va déboucher sur un nouveau dialogue entre les collectivités et le chef de l'Etat après un premier quinquennat explosif.

Grégoire Normand
Commentaires 25
à écrit le 09/09/2022 à 13:42
Signaler
Quand on voit la pauvreté des programmes des partis politiques l'absence de vues à long terme et les débats de l'Assemblée nationale ou il est question de faire du bruit (voir les déclarations de C. Autin) Il faut autre chose pour débattre Et certain...

à écrit le 08/09/2022 à 8:54
Signaler
L'opposition et les syndicats qui reprochent sans cesse au président de décider sans consulter mais qui pratiquent la politique de la chaise vide à la moindre occasion de pouvoir s'exprimer. Curieux paradoxe.

le 08/09/2022 à 10:37
Signaler
Cela correspond simplement a un os que tu donnes a ton chien pour qu'il reste tranquille!;-)

à écrit le 07/09/2022 à 18:24
Signaler
Moi je suis pour un comité de la refondation du budget où l'on se donnera pour but de réduire la dépense publique pour équilibrer le budget sans taxation supplémentaire et qu'une fois équilibré l'on se donne pour règle de ne jamais l'augmenter au del...

à écrit le 07/09/2022 à 13:01
Signaler
un CNR ne servira à rien sauf à augmenter la dépense publique. un CNR ne servira à rien si déjà le gouvernement ne sait pas écouter les instances existantes une initiative malheureuse destinée à dire "je vous ai compris(es)" alors que tout le n...

le 08/09/2022 à 8:35
Signaler
ce sont les machins de la macronie des artifices pour nier la democratie j'espere que les oppositions vont tout mettre en oeuvre pour detruire cet abus de pouvoir indigne de la france et de son histoire

à écrit le 07/09/2022 à 12:40
Signaler
Bonjour, l'ons connait la méthode Macron ... Beaucoup de communication et a la fin , ils fais ce qu'ils veulent.... Embrouille et magouilles... Bien sûr ils ne faut pas le dire....

à écrit le 07/09/2022 à 11:47
Signaler
C'est aux maires, aux chercheurs et aux entrepreneurs et à tout ceux qui ont réussi et qui connaissent la réalité du pays de décider l'avenir du pays. Les partis (LREM inclus) ne répresentent rien et sont des boulets inutiles, des parasites sur le c...

à écrit le 07/09/2022 à 11:37
Signaler
"Un conseil national de la refondation, pour quoi faire ?", réponse : pour faire semblant de consulter les parties tierces, alors que les décisions ont sûrement déjà été prises. Management politique digne d'une cours de récréation (et encore, plutôt ...

à écrit le 07/09/2022 à 11:30
Signaler
Pour ne rien faire, c'est le rôle du parlement de faire cela en commission et dans les chambres. Que le président laisse la démocratie en paix.

à écrit le 07/09/2022 à 11:03
Signaler
Toutes ces commissions sont la pour diluer la responsabilité de la présidence de la république. On y retrouvera quoi , des profs d'université , des hauts fonctionnaires, des écolos qui n'ont jamais travaillé dans le privé et quelques figures emblémat...

à écrit le 07/09/2022 à 10:39
Signaler
Pour enfumer la populace. Pas de chance, plus personne ne vient

à écrit le 07/09/2022 à 10:36
Signaler
Macron comment inventer des conseils et des commissions qui font doublons avec toutes nos administration et nos placards dorés, pour faire de l’ insignifiant de communication et reconnaître qu’il n a plus le pouvoir sur la réalité de sa politique. Ma...

à écrit le 07/09/2022 à 10:34
Signaler
la france, elle fait des hauts comites theodules, des conseils strategiques, des gernelles, des reunions au sommet, et plein de trucs de gauche, histoire de ne rien faire..........et pour lutter contre l'electorat de gauche ' facon bataclan', c'est d...

le 07/09/2022 à 17:42
Signaler
@ Churchill....encore quelques commentaires sur la "gauche gauchisante" et c'est le burn out. 🤣

à écrit le 07/09/2022 à 10:28
Signaler
Au lieu de créer un nouveau truc qui sera forcément contesté parce que c'est lui qui aura choisi ceux qui y siégeront, qu'il se dépêche de réformer le calcul des retraites des polypensionnés public-privé. STOP A LA SPOLIATION DES RETRAITE DES POLYPEN...

à écrit le 07/09/2022 à 9:27
Signaler
« Cette ère nouvelle ne sera pas la continuité du quinquennat qui s'achève, mais l'invention collective d'une méthode refondée pour cinq années au service de notre pays, de notre jeunesse." Garbage in, garbage out....

à écrit le 07/09/2022 à 9:18
Signaler
une altération de vérité dans l arène politique confirmée ! grosse chute du baromètre. même les moutons n adhèrent pas au renouveau annoncé

à écrit le 07/09/2022 à 9:03
Signaler
Il y a déjà les 3 assemblées constitutionnelles : Assemblée Nationale, Sénat et Conseil Économique, Social et Environnemental. Pas besoin de réinventer un "machin" et de faire de nouvelles dépenses qui ne serviront de toute façon à rien : on vient...

le 07/09/2022 à 9:29
Signaler
100 % d'accord. Cessons enfin d'ajouter des comités Théodule à des milliers d'instances diverses existant déjà, dont il faudrait supprimer un grand nombre, même si le recyclage des copains s'avère plus difficile

à écrit le 07/09/2022 à 8:47
Signaler
Un conseil national de la refondation, pour simplement gagner du temps et en faire perdre aux français! A croire que son conseil McKinsey and Co, qui nous coûte si cher et qui réfléchit a sa place, a de bonne idée pour nous faire perdre de l'argent!

à écrit le 07/09/2022 à 8:28
Signaler
Un mépris profond pour les gens qui se matérialise par une politique permanente de communication, de faux semblants , de "symboles" , d'expressions qui se voudraient marquantes .....

à écrit le 07/09/2022 à 8:13
Signaler
On comprend ceux qui ne veulent pas, une fois de plus, participer à une grand messe, symbole d’une « nouvelle méthode » de communication.. Tout le monde connait les positions de chacun: reste à mettre en place les réformes et les faire! Les finances ...

à écrit le 07/09/2022 à 7:28
Signaler
Cela me rappel la grande réforme démocratique en Allemagne après la grave crise de 1929. L'idée a été de contourner le parlement d'une démocratie jugée arriéré. Nous avons aujourd'hui le même discours avec les mêmes arguments. On a déjà vu et on en c...

à écrit le 07/09/2022 à 7:17
Signaler
Bonjour, lors de son premier mandat Macron avait la majorité, donc pas besoin de CNR. Maintenant qu'il n'a plus la majorité il est donc bien forcé "d'innover" pour garantir la continuité de manipulation! Il aurait eu des bonnes idées pour l'intérêt d...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.