Vous connaissiez la RTT ! Voici le TTR…

Ubiq, plateforme spécialisée dans la recherche de bureaux, a mis en place depuis janvier 2023 un nouveau dispositif pour ses 30 collaborateurs : lorsqu’ils choisissent, pour leurs déplacements personnels, le train plutôt que l’avion, ce qui prend souvent davantage de temps, ils bénéficient d’une demi-journée de congé en plus, à raison d’un total de deux jours pleins par an. Une façon d’encourager les changements de comportements et la lutte contre le dérèglement climatique. (Cet article est issu de T La Revue n°15 – « Sobriété, frugalité, ingéniosité : comment innover autrement ? »)
(Crédits : Istock)

Mehdi Dziri, directeur général d'Ubiq, une plateforme pour rechercher des bureaux en France, est un homme tranquille. Il lui a suffi d'écouter les demandes, de la part des salariés - une trentaine à l'heure actuelle - pour agir. Et inventer le temps de trajet responsable, ou TTR... « Les collaborateurs ont fait part de leur volonté de prendre, pour des voyages en Europe ou en France dans des zones difficiles d'accès, le train plutôt que l'avion, afin de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre dans leur vie personnelle, explique-t-il. Nous avons trouvé l'idée intéressante, d'autant que nous encourageons la responsabilité environnementale et l'impact positif, que nous nous appliquons aussi à nous-mêmes en tant qu'entreprise, et nous avons réfléchi ensemble aux modalités possibles de mise en œuvre ». Le mode de fonctionnement de l'entreprise étant très collectif, les solutions satisfaisantes pour tous ont vite émergé. Sachant qu'un passager en avion émet 20 fois plus de CO2 par kilomètre qu'un passager en train mais qu'un temps de trajet en train est plus long qu'en avion, l'idée a été de compenser ceux qui choisissent le rail plutôt que les airs en jours de congé supplémentaires. Avec une demi-journée de congé en plus par trajet en train, le tout pouvant équivaloir à un total de deux jours de congés payés supplémentaires par an. Pendant ce voyage en train, le collaborateur pourra travailler si cela lui est possible, pour répondre à quelques e-mails, lire une étude ou réfléchir à un sujet de fond. Ensuite, il profitera de son séjour à impact carbone limité... De même, le dialogue social dans l'entreprise a permis de définir quels trajets seraient éligibles à ce système. Il a été décidé collectivement que ce seraient les trajets de plus de six heures, comme un Paris-Nice, par exemple. Et, bien sûr, direction et salariés se sont mis d'accord sur les modalités de demande de ces congés supplémentaires, sur la base d'un justificatif. « Nous savions que le dispositif serait utilisé puisque la demande émanait des salariés, mais il fallait viser juste, pour que cela soit efficace et pas trop lourd à porter pour l'entreprise », poursuit le directeur général d'Ubiq. Le coût a ainsi été estimé à 600 ou 700 euros par salarié par an. Le système, en place depuis janvier 2023 seulement, a déjà été utilisé par quelques-uns des 30 collaborateurs, pour un Paris-Vienne, notamment. Et un groupe de salariés a le projet d'aller passer un week-end à Milan ou à Barcelone. « Cela commence à prendre », se félicite le dirigeant. D'ailleurs, le matin même, il a eu une nouvelle demande, pour aller à Rodez, pas si facile que cela à rallier en train.

Impacts doubles, voire triples

Il attend d'abord un impact en ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre, car même à l'échelle d'une petite équipe, le dispositif permet à l'entreprise d'apporter, à travers ses collaborateurs, sa contribution à la préservation de l'environnement. Mais cette innovation sociale a aussi une autre vertu. « Je crois que cela va renforcer l'attachement des salariés à l'entreprise, avance Mehdi Dziri. Non seulement parce que cela va dans le sens d'une expérience collaborateur de qualité, mais aussi du fait que ce sont les équipes qui ont façonné le projet. » De là à espérer qu'Ubiq acquiert par la même occasion une réputation encore meilleure sur le marché de l'emploi, tendu actuellement, il n'y a qu'un pas, que le directeur général ne veut pas encore franchir. « Il est trop tôt », dit-il.

RSE de qualité

Toujours est-il que cette initiative, facile à mettre en œuvre et qui gagnerait à être dupliquée dans de nombreuses entreprises, s'inscrit pleinement dans la philosophie générale d'Ubiq, lancée en 2012 sous le nom de Bureaux à partager. Sa raison d'être est avant tout d'aider ses clients à s'adapter aux modes de travail de demain, par le biais de lieux prenant en compte la nouvelle flexibilité demandée par les salariés et, de manière plus générale, de les inciter à une gestion humaine plus... humaine et plus écologique, notamment à travers un nouvel usage des bureaux. Ubiq ne fait pas que prendre des initiatives pour la réduction des émissions de CO2, l'entreprise cultive aussi d'autres projets collectifs. Par exemple, ses équipes commerciales sont invitées toutes les semaines à tester, chez les clients, de nouvelles solutions en matière de locaux ou d'agencement, tandis que d'autres salariés, en 100 % télétravail, se voient proposer des espaces de coworking proches de chez eux, pris en charge par l'employeur. « Nous leur offrons un confort supplémentaire : ils peuvent déterminer leur lieu de vie mais bénéficier aussi d'un lien social », explique le dirigeant. Enfin, alors qu'Ubiq dispose de surfaces de bureaux en trop, l'entreprise en fait profiter d'autres sociétés, avec lesquelles les espaces sont mutualisés. « Cela crée du lien et du partage et c'est mieux que de chauffer l'hiver sans occupant », poursuit Mehdi Dziri, qui enchaîne : « Aller au bureau aujourd'hui veut dire plus que simplement travailler, cela veut dire cultiver un lien social, faire du sport, peut-être faire garder ses enfants. Les entreprises qui vont développer et enrichir l'expérience collaborateur sous différentes formes, comme le TTR ou autre, qui auront à cœur de faire participer leurs équipes à un collectif, de mettre le bien-être, la responsabilité, l'autonomie et le sens au centre des journées de travail, bref, celles qui auront une culture forte et une responsabilité sociale et environnementale (RSE) de qualité sortiront gagnantes. »

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T15

Commentaires 3
à écrit le 17/07/2023 à 11:39
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encore un peu de miel (ou de vaseline) pour amener les gens à des comportements de "responsabilité" "d'impact positif " " de sauvegarde de l'avenir" "d'écologie durable et citoyenne du monde inter culturel et wokiste " ..... Les français sont deve...

à écrit le 16/07/2023 à 9:19
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C'est une excellente idée maintenant j'ai bien peur qu'il ne reste pas assez de cerveaux de dirigeants éveillés pour la généraliser mais bravo à eux, malgré une oligarchie figée totalement défaillante l'humanité continue elle d'avancer.

le 16/07/2023 à 9:51
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"à raison d’un total de deux jours pleins par an" Par contre cela en limite largement la portée.

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