Argentine : le taux d'inflation a atteint 47,6% en 2018

Le taux d'inflation en Argentine a atteint 47,6% en 2018, le pays en crise économique enregistrant ainsi la deuxième plus forte hausse des prix du continent derrière le Venezuela, a annoncé mardi l'Institut national de statistiques argentin.
Le président argentin Mauricio Macri
Le président argentin Mauricio Macri (Crédits : Reuters)

Pour l'Argentine, il s'agit également du taux le plus élevé  depuis 1991, année de l'entrée en vigueur de la parité peso-dollar, quand l'inflation avait bondi à 84%.

"Clairement, l'Argentine se situe parmi les cinq premiers pays ayant le taux d'inflation le plus élevé", a déclaré à l'AFP l'économiste Martin Vauthier, du cabinet Eco Go consultores.

"C'est une inflation très élevée. L'Argentine est un cas surprenant: c'est une société qui s'est habituée à vivre avec l'inflation. Cela fait plusieurs années que l'inflation n'est plus un problème dans le monde, ni dans les pays développés, ni dans les pays émergents", a-t-il ajouté.

2 crises et l'affaire des fonds "vautours"

Submergée par deux crises monétaires en 2018, qui ont fait perdre 50% de sa valeur à sa monnaie, l'Argentine a appelé le Fonds monétaire international (FMI) à la rescousse et obtenu un prêt de 57 milliards de dollars. Cette institution suscite un large rejet chez les Argentins depuis la grave crise économique de 2001.

Lire aussi : L'Argentine ratifie l'accord avec les fonds vautours

En contrepartie, le président, Mauricio Macri, s'est engagé à un vaste programme de restrictions budgétaires avec l'objectif de parvenir à l'équilibre en 2019.

Mi-décembre, l'Institut national de statistiques a annoncé l'entrée en récession de l'économie argentine, après deux trimestres consécutifs de baisse du PIB. Au troisième trimestre 2018, il a connu une chute de 3,5% en glissement annuel. Pour l'ensemble de 2018, la contraction de l'économie argentine est attendue à 2,6%.

Ailleurs en Amérique latine, le Venezuela de Nicolas Maduro est englué dans une crise politique et économique depuis des années. Le pays connaît un taux d'inflation hors-norme: après 1.350.000% en 2018, il devrait grimper à 10.000.000% en 2019, selon le FMI.

Macri en visite au Brésil pour renforcer les liens commerciaux

Le président argentin rencontre mercredi, à Brasilia, son homologue brésilien Jair Bolsonaro, avec au programme le futur du marché commun régional Mercosur et le renforcement des liens commerciaux entre les deux géants économiques sud-américains. Il s'agira de la première rencontre entre les deux présidents, le chef de l'État argentin n'ayant pas assisté à l'investiture de son homologue brésilien le 1er janvier. Les deux hommes se sont déjà toutefois entretenus par téléphone.

"Il est probable que la rencontre se concentre sur les questions commerciales, car sur le plan politique, les différences entre l'ultra-conservateur Bolsonaro et le libéral Macri sont énormes", estime l'expert en relations internationales Bruno Binetti, membre du groupe de réflexion Inter-American Dialogue.

Dans un pays en récession, M. Macri, qui jouera sa réélection fin 2019, doit consolider la balance commerciale de son pays avec le Brésil, son principal partenaire en la matière. L'Argentine est de son côté le troisième partenaire commercial du Brésil.

Buenos Aires cherche notamment à profiter de la croissance brésilienne, après que ses exportations vers son voisin ont chuté de 76 milliards de dollars en 2013 à 58 milliards en 2018. La croissance du PIB au Brésil devrait atteindre 1,3% pour 2018, après une récession en 2015 et 2016, et des prévisions à 2,5% pour 2019.

Certains analystes soulignent toutefois que l'ouverture économique prônée par Bolsonaro pourrait avoir un impact négatif sur les entreprises argentines.

"L'Argentine a tout à perdre. Pas seulement à cause d'un Mercosur affaibli (...) si le Brésil adopte une plus grande libéralisation du commerce, les entreprises argentines seront pénalisées par la concurrence féroce d'autres pays, en particulier d'Asie", met en garde l'économiste Paula Español de Radar Consultora.

Loin de l'élan que les gouvernements de centre-gauche de la décennie précédente ont voulu donner au Mercosur, Bolsonaro a indiqué que la communauté économique -- qui réunit Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay -- n'était pas sa priorité.

Les deux présidents souhaitent néanmoins que le Mercosur soit une "communauté plus flexible, où les pays membres ont la liberté de négocier des accords de libre-échange avec des pays tiers, sans devoir négocier en bloc comme c'est le cas aujourd'hui", estime M. Binetti.

Selon Gustavo Segré, expert et professeur universitaire argentin, "le Brésil n'a pas d'intérêt à détruire le Mercosur et encore moins son commerce bilatéral avec l'Argentine, un pays avec lequel il accumule un excédent commercial de 48,5 milliards de dollars depuis 2004".

La situation au Venezuela devrait également être abordée, alors que l'Argentine et le Brésil n'ont pas reconnu le deuxième mandat du président Nicolas Maduro, officiellement investi la semaine dernière.

(avec l'AFP)

Commentaire 1
à écrit le 16/01/2019 à 11:20
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"En Argentine, les régimes passent, la corruption reste" https://www.monde-diplomatique.fr/2016/04/GABETTA/55186

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