Aux Etats-Unis, Joe Biden va effacer en partie la dette étudiante de « la classe moyenne et populaire »

Les Etats-Unis vont effacer 10.000 dollars de dette étudiante pour les personnes n'ayant pas bénéficié d'une bourse fédérale pour leurs études universitaires, et 20.000 dollars pour celles, aux moyens plus modestes, en ayant reçu une. Ainsi, cette promesse de campagne du président américain concernera les personnes gagnant moins de 125.000 dollars par an. Mais le coût de ce projet pose question alors que les Etats-Unis font face, comme de nombreux pays, à une forte inflation.
L'effacement d'une partie de la dette étudiante était une promesse de campagne de l'actuel président des Etats-Unis, Joe Biden.
L'effacement d'une partie de la dette étudiante était une promesse de campagne de l'actuel président des Etats-Unis, Joe Biden. (Crédits : LEAH MILLIS)

C'était une promesse de campagne de Joe Biden qui, une fois appliquée, devrait soulager de nombreux étudiants dans un pays où les universités peuvent faire payer de 10.000 à 70.000 dollars l'année. Le président américain a décidé d'effacer en partie la colossale dette étudiante. Au total, les Etats-Unis comptent quelque 45 millions d'emprunteurs devant collectivement 1.600 milliards de dollars, d'après la Maison Blanche.

Annoncée moins de trois mois avant des élections de mi-mandat traditionnellement difficiles pour le parti présidentiel, la mesure concerne les personnes gagnant moins de 125.000 dollars par an. Elle efface 10.000 dollars pour les personnes n'ayant pas bénéficié d'une bourse fédérale pour leurs études universitaires, et de 20.000 dollars pour celles, aux moyens plus modestes, en ayant reçu une. Défendant un dispositif « responsable et juste », Joe Biden a assuré qu'il « bénéficierait avant tout aux familles de la classe moyenne et populaire ».

Une lourde dépense alors que le pays connaît déjà une forte inflation

Selon une estimation de l'université de Pennsylvanie, l'effacement de 10.000 dollars à lui seul coûterait quelque 300 milliards de dollars. Un coût qui a suscité un scepticisme même chez les démocrates. Certains experts, y compris considérés comme plutôt proches du camp du président, ont, en effet, estimé que ce geste financier conséquent était risqué à un moment où les Etats-Unis font déjà face à une flambée des prix. Si l'inflation a légèrement réduit en juillet, elle culminait toujours à 8,5% (contre 9,1% en juin). Jason Furman, ancien conseiller économique de Barack Obama, a estimé sur Twitter qu'il était « inconscient de jeter environ 500 milliards de dollars d'huile sur le feu de l'inflation qui flambe déjà ».

Le chef économiste de l'agence Moody's, Mark Zandi, a au contraire estimé que l'impact de cet allègement de dette sur la croissance comme sur l'inflation serait « marginal ». De son côté, Joe Biden a promis que la mesure serait financée « par ce que nous avons fait », à savoir réduire le déficit. La dépense en vaut la peine non seulement pour des questions de justice sociale, mais aussi pour que « l'Amérique gagne la compétition économique du XXIème siècle » grâce à l'éducation, a-t-il justifié lors d'une allocution à la Maison Blanche. Jouant, une nouvelle fois, sa carte de « Middle Class Joe » (« Joe de la classe moyenne »), le démocrate de 79 ans a tenu à opposer ce projet aux importantes baisses de taxes décidées par son prédécesseur Donald Trump pour les entreprises.

Une mesure « incroyablement injuste » selon les républicains

Autre critique du camp républicains : le chef de file du parti au Sénat Mitch McConnell a dénoncé une mesure « incroyablement injuste ». « C'est une gifle pour toutes les familles qui ont fait des sacrifices pour épargner pour l'université, pour tous les diplômés qui ont remboursé », a-t-il jugé dans un communiqué. C'est « un pas de géant vers la résolution de la crise de la dette étudiante », ont, au contraire, salué dans un communiqué commun, les sénateurs démocrates Chuck Schumer et Elizabeth Warren. Le débat sur la dette étudiante a été particulièrement animé, comme à chaque fois qu'il s'agit aux Etats-Unis de transférer à la puissance publique des dépenses jusque-là privées, que ce soit pour la santé ou l'éducation.

Joe Biden a toutefois souligné que le moratoire sur le remboursement des emprunts étudiants, instauré pendant la pandémie de Covid, s'achèverait à la fin de l'année et qu'il faudra donc par la suite, déduction faite des aides annoncées mercredi, reprendre les remboursements.

Un vaste plan pour l'écologie et la santé

Cette mesure en faveur des étudiants s'ajoute au vaste plan sur la santé et l'écologie de Joe Biden voté le 13 août dernier par la Chambre des représentants après le Sénat et donc adopté par le Congrès américain au complet. Il comporte notamment 370 milliards de dollars d'investissements dédiés à l'environnement afin de proposer de fortes incitations à investir dans le solaire et l'éolien afin d'en finir avec l'électricité produite à base de charbon avec, notamment, des crédits d'impôt aux industries les plus polluantes afin de les aider dans leur transition énergétique.

64 autres milliards de dollars sont dévolus au volet santé pour réduire l'inégalité dans l'accès aux soins, plus précisément aux médicaments souvent à un prix très élevé. Pour financer ces deux volets, le plan prévoit d'instaurer une nouvelle fiscalité, un impôt minimal de 15%, pour les sociétés générant un bénéfice supérieur à 1 milliard de dollars.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 25/08/2022 à 17:49
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En réalité, Biden n'efface pas la dette étudiante car il s'attaque à l'enseignement privé (cf. annulation de crédits fédéraux) jugé inefficace voir frauduleux et ménage l'enseignement public cher et inefficace des universités américaines subventio...

à écrit le 25/08/2022 à 13:40
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125000 $ par an, soit 10 000 $/mois, c'est modeste ?? Que dire des français qui gagnent moins de 1500 € par mois ??? Donc, effacer 10 000$ revient à offrir une sorte de 13è mois. Étrange aux USA.

le 25/08/2022 à 20:01
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erreur fréquente de comparer les US avec la France... Il est appris à l'école que le territoire américain fait presque 18 fois la France, c'est une seule langue, des ressources importantes, une mentalité différente de l'Europe, qu'il y a 330 millions...

à écrit le 25/08/2022 à 9:31
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Que représente 300.. 500 ou 1600 milliards de nos jours, hein ? Ici ou là bas on est plus à quelques trillions près. On compte large, à la louche et c'est marre. On comprend bien l'utilité de titillé la Russie, la Chine ou autres. Va falloir tout fai...

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