Alors que l'affrontement diplomatique avec les États-Unis et l'Europe ne faiblit pas sur la question ukrainienne, Vladimir Poutine s'est offert un répit en allant rendre visite à son "grand ami" Xi Jinping, histoire aussi de participer à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin (ce soir à 20h). Cette visite est la énième (plus de trente) depuis l'accession au pouvoir de Xi Jinping en 2013, tant les deux hommes se sentent d'affinités et à l'unisson dans leur animosité commune vis-à-vis des États-Unis et de l'Occident en général qu'ils accusent de mener une politique d'hostilité et de sanctions contre leurs pays respectifs.
Démonstrations d'amitié et de soutien mutuel
Cette visite, ce vendredi, a déjà donné lieu à force démonstrations d'amitié entre les deux dirigeants, Vladimir Poutine vantant les relations d'une qualité "sans précédent" de son pays avec la Chine de Xi Jinping,
"En ce qui concerne nos relations bilatérales, elles ont progressé dans un esprit d'amitié, de partenariat stratégique. Elles ont acquis un caractère vraiment sans précédent", a déclaré M. Poutine au début de sa rencontre avec son homologue chinois, selon des propos retransmis à la télévision russe.
Le président russe a salué un "exemple de relation digne, où chacun aide et soutient l'autre dans son développement".
Xi Jinping et Poutine fustigent les alliances OTAN et AUKUS
Cette visite a également été l'occasion pour les deux pays de faire, en fin de matinée, une déclaration commune dénonçant l'influence des États-Unis et le rôle des alliances militaires occidentales, l'OTAN et l'AUKUS, en Europe comme en Asie. Ces alliances, les deux dirigeants estiment qu'elles déstabilisent l'équilibre international, qu'elles sont contraires à la recherche souhaitable de "stabilité et de paix équitable".
Précisément, leur discours commun s'oppose à tout élargissement futur de l'OTAN, un recul de l'Alliance atlantique étant une condition sine qua non de la désescalade des tensions russo-occidentales en Ukraine. Xi Jinping manifeste ainsi son plein et entier soutien à l'exigence première de Moscou dans ce conflit.
Vladimir Poutine et Xi Jinping appellent notamment "l'Alliance atlantique nord à renoncer à ses approches idéologisées datant de la Guerre froide", une ligne défendue bec et ongles par la Russie.
La Russie et la Chine se rangent derrière le concept de "l'indivisibilité de la sécurité", sur lequel le Kremlin se fonde pour réclamer un départ de l'OTAN de son voisinage immédiat, arguant que la sécurité des uns ne peut se faire aux dépens de celle d'autres, en dépit du droit de chaque État, et donc de l'Ukraine, à choisir ses alliances.
La création de l'AUKUS en 2021, une alliance militaire entre les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie préoccupe la Chine et la Russie notamment parce que la fabrication de sous-marins nucléaires, "touche à des questions de stabilité stratégique".
La Russie trouve un débouché pour son pétrole et son gaz
Sur le plan économique, les deux pays ont signé des accords stratégiques sans en dévoiler les montants. Rosneft et le groupe pétrolier chinois CNPC ont signé un contrat sur l'approvisionnement de 100 millions de tonnes de pétrole russe à la Chine via le Kazakhstan sur 10 ans. Rosneft affirme être le plus grand exportateur pétrolier pour la Chine (7% de la demande chinoise de brut annuelle).
Gazprom et CNPC ont aussi signé un nouveau contrat d'approvisionnement en gaz.
"Une fois que le projet aura atteint sa pleine capacité, le volume d'approvisionnement (...) augmentera de 10 milliards de mètres cubes et au total atteindra 48 milliards de mètres cubes par an" y compris les 38 milliards de mètres cubes de livraisons via le gazoduc existant Power of Siberia, selon le géant gazier russe.
(avec AFP)