Alors que les États-Unis restent engagés dans une âpre guerre commerciale avec la Chine (l'administration Biden, comme la précédente, luttant pour résorber un abyssal déficit commercial), deux entreprises industrielles issues des deux pays en conflit viennent d'annoncer officiellement un étonnant partenariat énergétique, en pleine COP26 par dessus le marché.
Le géant chinois du pétrole Sinopec a en effet annoncé ce jeudi la signature d'un contrat de grande envergure avec le pétrolier à bas coût américain Venture Global. L'accord permettra au chinois de s'approvisionner pendant une période de 20 ans en gaz naturel liquéfié (GNL) extrait des riches bassins gaziers nord-américains.
Dans le détail, le contrat porte sur la fourniture de 4 millions de tonnes de GNL américain par an pendant cette vingtaine d'années, "le plus long signé entre la Chine et les Etats-Unis en matière de gaz naturel liquéfié", se félicite le premier raffineur d'Asie dans son communiqué.
Sur la même ligne, le PDG de Venture Global, Mike Sabel, à propos de ce contrat de fourniture à Sinopec chiffré à 30 milliards de dollars, parle du plus grand accord d'approvisionnement en gaz naturel à long terme jamais signé dans toute l'histoire américaine.
Éclaircie diplomatique
Cet accord est une surprenante éclaircie dans le ciel orageux des relations sino-américaines, habituellement rythmées par de médiatiques affrontements à coups de pharaoniques droits de douane punitifs réciproques depuis l'été 2018.
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Car, certes, l'administration Biden n'a aucunement levé les sanctions de l'équipe précédente, mais dans un contexte de crise énergétique, elle ne s'oppose visiblement pas à la demande de Pékin, qui a terriblement besoin d'augmenter son approvisionnement en matières premières pour redémarrer toutes ses usines et répondre à la demande mondiale.
L'insatiable Chine, premier importateur mondial de pétrole et de gaz
En effet, les réouvertures de mines de charbon, les augmentations de quotas de celles qui tournent déjà, ne suffisant pas à alimenter sa demande d'énergie, les pénuries et pannes géantes se multipliant ces dernières semaines, le pays, qui déjà, en temps normal, a massivement recours aux importations, est dans une situation tendue.
Pour mémoire, la Chine ne produit que 27,4% (chiffre 2020) de ses besoins en pétrole brut et 58,7 % pour le gaz naturel. De fait, elle est le premier importateur mondial tant pour le pétrole (19,8 % des importations mondiales) et que pour le gaz naturel (11,2 % du total mondial).
La flambée de l'énergie profite au premier raffineur d'Asie
L'activité économique mondiale redémarrant, les appareils productifs se remettent à consommer de l'énergie, mais l'offre qui peine à suivre gonfle la demande, avec pour corollaire une forte hausse des prix de toutes les énergies, en particulier du gaz et du pétrole.
Cette forte hausse du coût de l'énergie, mais aussi la difficulté à en trouver, pèse sur l'activité des entreprises, et notamment en Chine où des usines ont dû être mises à l'arrêt, perturbe les chaînes d'approvisionnement de toutes les usines en aval, et au final fait peser des risques sur la croissance non seulement du géant asiatique mais aussi des autres pays.
Quant à Sinopec, il fait ses choux gras de cette flambée mondiale des prix de l'énergie: ses résultats trimestriels (publiés la semaine dernière) sont au beau fixe, portés, dit-il, par une forte demande en gaz naturel (+16,6% sur un an) et par une politique de "maîtrise des coûts".
(avec AFP et Reuters)
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