Belgique : démission du ministre de la Justice après l’attentat à Bruxelles

Quatre jours après l’attentat perpétré à Bruxelles par un Tunisien radicalisé, le ministre belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne, a remis sa démission. Avoir appris vendredi que la Tunisie avait réclamé en août 2022 l’extradition de l’auteur de l’attaque ayant fait deux morts mais que le parquet belge n’avait pas traité la demande, celui-ci a reconnu une erreur « monumentale ».
(Crédits : JOHN THYS / AFP)

Quatre jours après l'attentat perpétré à Bruxelles par un Tunisien radicalisé et en séjour irrégulier, le ministre belge de la justice, Vincent Van Quickenborne, a annoncé sa démission du gouvernement. Celui-ci a reconnu que la Tunisie avait réclamé l'extradition de son ressortissant en 2022, mais que le parquet belge n'avait pas traité la demande - une erreur « monumentale ».

Cet attentat, perpétré par un Tunisien radicalisé de 45 ans en séjour irrégulier en Belgique, a coûté la vie à deux Suédois, tués à l'arme de guerre alors qu'ils étaient venus soutenir leur équipe nationale de football dans un match contre la Belgique.

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Une « erreur individuelle, monumentale, inacceptable, aux conséquences dramatiques »

L'attaque a relancé le débat sur les moyens de la justice belge et le manque de suivi des profils radicalisés, même si l'auteur, Abdesalem Lassoued, n'était pas fiché par l'agence fédérale chargée de la menace terroriste.

Lors d'une conférence de presse, Vincent Van Quickenborne a expliqué avoir appris vendredi matin que la Tunisie avait réclamé le 15 août 2022 l'extradition d'Abdesalem Lassoued, une demande non traitée par le parquet de Bruxelles qui en a été destinataire deux semaines plus tard.

« Le magistrat compétent n'a pas donné suite à cette demande d'extradition, et le dossier n'a pas été traité », a souligné le ministre, présentant des excuses « au nom de la Justice » aux victimes de l'attentat et à leurs proches.

« C'est une erreur individuelle, monumentale, une erreur inacceptable, aux conséquences dramatiques », a-t-il ajouté, disant en assumer « la responsabilité » en démissionnant. « Cette nouvelle information, venant du parquet, me touche en plein cœur, car j'ai fait tout mon possible pour améliorer notre justice », a-t-il encore fait valoir. Le Premier ministre Alexander De Croo a dit « prendre acte » de cette décision. « Respect pour son courage politique », a-t-il écrit sur le réseau X (anciennement Twitter).

« Délits de droit commun »

L'assaillant a été localisé mardi matin dans un café de la commune bruxelloise de Schaerbeek, où il a été mortellement blessé par des tirs policiers. L'attaque a été revendiquée mardi soir par le groupe Etat islamique, dont Lassoued avait dit s' « inspirer » dans une vidéo de revendication publiée sur les réseaux sociaux.

Jeudi, un homme destinataire de cette vidéo avant le passage à l'acte a été interpellé à Nantes, en France. L'enquête ouverte en Belgique se double désormais d'investigations en France pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, afin de tenter de mettre au jour d'éventuelles complicités.

Avant de réclamer l'asile en Belgique, où il disait être arrivé fin 2015, Abdesalem Lassoued avait déposé des requêtes similaires en Norvège, en Suède puis en Italie --des demandes à chaque fois rejetées. L'attentat a suscité de vives critiques du gouvernement belge sur le manque de coopération de certains pays d'origine pour reprendre leurs ressortissants déboutés de l'asile dans l'UE.

Des critiques qui perdent de leur force avec cette révélation d'une demande d'extradition venue de Tunis visant Lassoued. Vendredi soir, M. Van Quickenborne n'a pas précisé pour quels faits la Tunisie souhaitait cette remise. Mardi, il avait évoqué une ou plusieurs condamnations « pour des délits de droit commun ».

Un ministre très médiatique

Vincent Van Quickenborne est une personnalité parmi les plus médiatiques du gouvernement De Croo, une coalition en fonction depuis octobre 2020 réunissant libéraux, socialistes, écologistes et chrétiens-démocrates flamands.

En septembre ce libéral flamand, issu du même parti que le Premier ministre, avait dû longuement s'expliquer au Parlement sur la célébration de ses 50 ans en août, une fête à son domicile lors de laquelle trois invités avaient été surpris en train d'uriner sur un fourgon de police.

Commentaires 2
à écrit le 21/10/2023 à 12:52
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Bravo c'est bien, c'est digne d'assumer, on attend que Darmanin fasse pareil maintenant.

à écrit le 21/10/2023 à 12:14
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Cela ne peut se produire en France; nos politiques, à l'exemple de son président, si imbues d'eux mêmes, ne peuvent reconnaitre que ce n'est que la faute des autres ! ;-)

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