Céréales : après six mois de blocus, un premier navire quitte Odessa

Ce lundi marque la reprise officielle du trafic maritime des céréales depuis Odessa, rendue possible par l'accord entre Russes, Turcs et Ukrainiens en mer Noire. Si la fin du blocus est respectée, 20 à 25 millions de tonnes de céréales pourraient quitter les ports ukrainiens et apaiser, en partie, la crise alimentaire mondiale qui menace de faim des millions de personnes. La reprise des exportations de céréales a été unanimement saluée par la communauté internationale.
Le chargement d'u navire à grain.
Le chargement d'u navire à grain. (Crédits : Haropa)

C'est un départ symbolique, source d'espoir pour l'Ukraine et les millions de personnes frappés par la faim à cause de la crise ukrainienne. Le premier chargement de céréales ukrainiennes a quitté le port d'Odessa lundi à 8h15, a annoncé le ministère turc de la Défense dans un communiqué. « Le navire Razoni a quitté le port d'Odessa à destination du port de Tripoli au Liban. Il est attendu le 2 août à Istanbul. Il continuera sa route vers sa destination à la suite des inspections qui seront menées à Istanbul », a détaillé le ministère. Le navire Razoni est chargé de 26.000 tonnes de maïs, selon le ministre ukrainien de l'Infrastructure Oleksandre Koubrakov.

Cette reprise des exportations de céréales d'Ukraine, six mois après le début de l'invasion russe, est conforme à l'accord international visant à atténuer la crise alimentaire mondiale, signé le 22 juillet à Istanbul entre la Russie et l'Ukraine, via une médiation de la Turquie et sous l'égide des Nations unies. Cet accord prévoit notamment l'instauration de couloirs sécurisés afin de permettre la circulation en mer Noire des navires marchands et l'exportation de 20 à 25 millions de tonnes de céréales.

Espoir d'un apaisement relatif

Le départ d'un premier bateau du port d'Odessa, sur la mer Noire, a été unanimement salué par la communauté internationale. A commencer par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui espère que la reprise de ces exportations « apportera la stabilité et l'aide indispensables à la sécurité alimentaire mondiale ». La ministre britannique Affaires étrangères Liz Truss a qualifié le départ du navire, le Razoni, de « premier pas important ». « Ces navires doivent passer librement. Il ne peut y avoir de nouveau bombardement du port d'Odessa », a-t-elle ajouté, en référence à une frappe russe sur le grand port du sud de l'Ukraine le 23 juillet, qui avait soulevé l'inquiétude sur la mise en œuvre de l'accord.

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a lui évoqué une « journée de soulagement pour le monde, en particulier pour nos amis du Moyen-Orient, d'Asie et d'Afrique ». Selon lui, 16 autres bateaux chargés de céréales « attendent leur tour » pour quitter Odessa, le principal port ukrainien en mer Noire, qui concentrait avant la guerre 60% de l'activité portuaire du pays.

De leur côté, l'Union européenne et l'Otan ont salué le départ du premier navire et réclamé la « mise en œuvre totale » de l'accord. Pour sa part, la France, dans un communiqué du Quai d'Orsay, appelle les parties à continuer l'exportation sécurisée des céréales ukrainiennes en mer Noire de façon à réduire l'insécurité alimentaire mondiale.

Moscou aussi a jugé « très positif »  le départ du navire. « Espérons que les accords seront appliqués par toutes les parties et que les mécanismes fonctionneront efficacement », a dit à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, alors qu'un accord similaire, signé simultanément, garantit à Moscou l'exportation de ses produits agricoles et engrais, malgré les sanctions occidentales.

Vendredi dernier, le président ukrainien Volodymyr  Zelensky était venu lui-même à Tchornomorsk afin de superviser le chargement d'une cargaison de céréales à bord d'un navire de transport. « Il est important pour nous que l'Ukraine reste le garant de la sécurité alimentaire mondiale », avait-il déclaré.

Une vingtaine de millions de tonnes de grains bloqués

Le blocus des céréales ukrainiennes a jusqu'ici aggravé la hausse brutale du prix des matières premières agricoles et des céréales, la Russie et l'Ukraine étant parmi les cinq plus gros producteurs mondiaux de céréales dont une part significative est ensuite exportée vers le monde arabe et l'Afrique.

Une vingtaine de millions de tonnes de grains (blé, maïs) sont aujourd'hui bloquées dans les silos des ports de la mer Noire. Pour faire face aux difficultés logistiques, l'Ukraine et ses alliés européens ont dû déployer d'immenses efforts ces dernières semaines pour évacuer les céréales par la route ou le rail, sans parvenir toutefois à compenser la mise à l'arrêt des ports, avec des exportations six fois moins importantes que par la mer.

L'accord du 22 juillet, s'il est suivi d'effets, pourrait permettre d'apaiser en partie la tension autour des céréales et la situation alimentaire de millions de personnes. Toutefois, le chemin vers un retour à la normale reste long. Si de véritables espoirs à l'échelle internationale renaissent, cet accord soulève aussi des incertitudes sur la reprise opérationnelle du trafic maritime dans la mer Noire.

Commentaires 2
à écrit le 02/08/2022 à 0:05
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Un bon départ du navire ne garantit en rien qu'il ne puisse pas être coulé sur son chemin ou simplement volé à destination par les ottomans alliés des russes...

à écrit le 01/08/2022 à 15:15
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Si nos agriculteurs pouvaient gagner leur vie correctement nous n'aurions pas besoin du blé d'Ukraine

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