COP15  : la Chine livre son projet d'accord pour la protection de la biodiversité, un accord est tout proche

Après des négociations âpres, avec plusieurs points d'achoppements, la présidence chinoise de la COP15 vient de présenter son projet d'accord. Les principaux objectifs y sont bien inscrits, mais des zones d'ombres persistent. Les représentants des pays n'ont plus que jusqu'à demain pour arriver à un texte définitif.
La COP15 touche bientôt à sa fin, et un accord reste à conclure.
La COP15 touche bientôt à sa fin, et un accord reste à conclure. (Crédits : CHRISTINNE MUSCHI)

C'est la journée décisive à Montréal pour conclure un nouvel accord mondial sur la protection de la nature et de la biodiversité dans le cadre de la COP15. Alors que l'espoir de trouver un compromis a refait surface hier, la Chine, qui préside cette édition, vient de présenter son projet à partir duquel doit être défini le texte final. Les ministres de près de 200 gouvernements doivent maintenant peaufiner les détails d'ici lundi, un accord semble tout proche.

Le 30-par-30 est sur la table

Parmi les 23 objectifs contenus dans ce projet, la Chine a finalement retenu le principe du « 30-par-30 » qui établit la protection de 30 % des terres et des zones côtières et marines d'ici à 2030. Si les négociations se finalisent, cela constituerait l'un des principales mesures de la COP15. Point phare des négociations, elle a été présentée comme l'équivalent pour la biodiversité de l'objectif de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.

Toutefois, comme le rapporte Reuters, l'objectif « 30-par-30 » ne contient pas d'objectif mondial et ne fait qu'une mention limitée des océans, ce qui pourrait laisser les eaux internationales sans protection. A ce jour, seuls 17% des terres et 8% des mers sont protégées.

L'autre point d'achoppement majeur des négociations porte sur la mobilisation financière à fournir par les Etats et le secteur privé en faveur de la biodiversité. La Chine propose progressivement le niveau des ressources financières pour atteindre au moins 200 milliards de dollars par an d'ici 2030. Sur ce total, les pays les plus développés - ou volontaires - devraient verser d'ici 2025 au moins 20 milliards de dollars par an d'aide internationale aux pays les moins avancés, aux petits Etats insulaires en développement, ainsi qu'aux pays à économie en transition, et 30 milliards d'ici 2030.

Certains pays du Sud réclament davantage de moyens financiers de la part des pays riches

Les pays en développement réclamaient d'augmenter à 100 milliards de dollars annuels l'aide versée par les pays riches pour la sauvegarde de la nature, actuellement estimée entre 7 et 10 milliards d'euros. Le projet ne mentionne pas la création d'un nouveau fonds pour gérer ces sommes, là-aussi demandé par les pays du Sud, qui était l'un des principaux points de discorde au-delà des montants alloués. Certains pays du Sud, dont la République démocratique du Congo, continuent de réclamer davantage de moyens financiers de la part des pays riches pour donner leur approbation finale. Braulio Dias, qui représente le futur gouvernement brésilien de Luiz Inacio Lula da Silva, a redemandé dimanche une « meilleure mobilisation des ressources ». La Chine propose comme compromis d'établir dès 2023 une branche dédiée à la biodiversité au sein de l'actuel Fonds mondial pour l'environnement (FEM), dont le fonctionnement actuel est jugé très déficient par les pays les moins développés.

Lire aussiCOP 15 : ce que font Bel, Carrefour et Michelin pour la biodiversité

Un compromis qui ne satisfait pas tout le monde

Les mécanismes de suivi ont été mieux pris en compte pour éviter le fiasco du dernier plan décennal signé au Japon en 2010. Celui-ci n'avait atteint aucun de ses objectifs, faute de mécanismes adaptés. Le texte laisse aussi des points d'ombre. Il demande aux Etats « d'encourager et de permettre » aux entreprises d'évaluer et de dévoiler la manière dont elles affectent et elles sont affectées par la biodiversité, sans le rendre obligatoire. La réduction de l'utilisation des pesticides est aussi éludée, mais le texte indiquant seulement que les risques liés aux pesticides et aux produits chimiques hautement dangereux devraient être réduits au moins de moitié.

« Nous avons fait d'énormes progrès », s'est félicité à ses côtés le ministre canadien de l'Environnement Steven Guilbeault, co-leader de fait du sommet qui n'a pu se tenir en Chine à cause du Covid-19. Un optimisme qui n'est pas partagé par la ministre néo-zélandaise de la Conservation Poto Williams : « Nous ne pouvons pas continuer à demander à la nature de faire des compromis ».

Une « invitation ouverte au greenwashing » (Greenpeace)

De leurs côtés, les ONG se montrent partagées. Pour Brian O'Donnell, de l'ONG Campaign for nature, ce texte « donne une chance à la nature. S'il est approuvé, les perspectives pour les léopards, les papillons, les tortues de mer, les forêts et les populations s'amélioreront nettement ». Mais An Lambrechts de Greenpeace International s'inquiéte d'un « projet d'accord faible » qui ne « permettra pas d'arrêter la perte de biodiversité, et encore moins de l'inverser ». Cela pourrait même être une « invitation ouverte au greenwashing ».

 Le ministre chinois de l'Environnement Huang Runqiu avait lui déclaré samedi que « ce n'est pas un document parfait, pas un document qui satisfera tout le monde mais c'est un document basé sur les efforts de tous depuis quatre ans, un document qui doit être adopté ».

(avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 19/12/2022 à 18:09
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Conseil de lecture : ne manquez pas de lire "Terres rares" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. Un néo-polar épicurien et érudit qui dévoile certaines menaces que la Chine fait peser sur le monde. Lecture édifiante et distrayante ! Disponible en libr...

le 21/12/2022 à 0:37
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Mais t'es partout (tu dois être un bot) on voit ce message partout, toute sorte de journal.

à écrit le 19/12/2022 à 10:34
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Les patrons peu compétents n'avaient pas prévu que le covid entraînerait une pénurie de moutarde, de papier Q, de farine, de beurre, de foie gras, de pellets, de buches de chauffage, d'huile de tournesol et surtout que le gas oil deviendrait plus coû...

à écrit le 19/12/2022 à 10:24
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Conseil de lecture : ne manquez pas de lire "Terres rares" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. Un néo-polar épicurien et érudit qui dévoile certaines menaces que la Chine fait peser sur le monde. Lecture édifiante et distrayante ! Disponible en libr...

à écrit le 19/12/2022 à 6:43
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La Chine communiste sera le premier grand pays à faire reculer le CO2 et à rétablir la biodiversité. Et c'est déjà le premier grand pays à faire reculer la pollution atmosphérique. Alors qu'en France nous sombrons dans le recul et même l'effondremen...

le 19/12/2022 à 10:25
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Monsieur l'ambassadeur de Chine en France continuez... vous nous faites toujours rire avec vos commentaires !

le 19/12/2022 à 18:11
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Monsieur l'ambassadeur de Chine en France, quel plaisir de lire vos si éclairés commentaires. Vive la pensée du grand dirigeant Xi Jinping. Mille ans, mille ans, dix milles ans comme on dit en Chine...

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