COP 15 : ce que font Bel, Carrefour et Michelin pour la biodiversité

Alors que la COP 15 de la biodiversité débute ce mercredi 7 décembre à Montréal, certaines grosses entreprises françaises en partenariat avec WWF souhaitent que ce sommet fasse bouger les lignes directrices des entreprises en matière de protection du vivant. Retour sur les actions de chacune d'elles en faveur de la biodiversité et sur leurs attentes après ces 15 jours de COP.

Après la COP 27 tenue en Egypte, débute la COP 15 pour la biodiversité au Canada. Si les Etats se sont mobilisés pour le premier rendez-vous, ils brilleront par leur absence lors de la COP pour la biodiversité. Pourtant, en plus d'être un enjeu écologique, la perte de la biodiversité est un enjeu économique. L'association  WWF estime que « 50 % du PIB mondial est modérément ou fortement impacté par la perte de la biodiversité ».

D'après Hélène Soubelet, directrice générale de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FBR) : « ces chiffres sont probablement sous-estimés car il y a des services écosystémiques que l'on a du mal à évaluer. Les entreprises ont une responsabilité morale vis-à-vis de la destruction de la biodiversité, elles sont tenues de diminuer leur pression sur le vivant. »

Certaines entreprises comme Bel, Michelin ou encore Carrefour se sont engagées au sein du Lab Capital Naturel à l'initiative de WWF et de la Chaire comptabilité écologique à « réorienter l'économie vers la préservation de la nature » et mettre en place des méthode conçues par l'organisme et des chercheurs afin de diminuer leurs impacts sur la biodiversité. Chacune des entreprises revient sur ses engagements ainsi que leurs attentes de la COP 15.

Le groupe Bel : « Nous avons besoin de la biodiversité pour pérenniser notre activité »

Le groupe Bel, industriel de référence sur la commercialisation en portion de produits laitiers, fruitiers et végétaux, veut aujourd'hui être la pionnière dans l'étude de la biodiversité. Le groupe s'est associé à WWF pour développer plusieurs méthodes de mesures de biodiversité. Un des sites de Normandie fabriquant le célèbre Boursin est aujourd'hui la plateforme test du groupe. « Pour nous, mesurer c'est avancer, c'est progresser. On a ce souhait d'être pionnier là-dessus car pour le climat, il y a une ligne d'action franche mais ce n'est pas le cas de la biodiversité, déplore Élodie Parre, directrice du développement durable de Bel. C'est un sujet clé pour mettre fin à la perte de biodiversité, il faut que ces mesures soient obligatoires pour les entreprises. »

L'industriel Bel a par ailleurs travaillé tout au long de sa chaîne de valeur pour réduire son impact sur la biodiversité. « Nous favorisons le pâturage en amont de la chaîne ainsi que l'agroforesterie et la plantation de haies pour favoriser les oiseaux mais aussi les insectes d'intérêt pour nos cultures. Nous faisons des diagnostics de biodiversité pour sensibiliser nos collaborateurs à la faune qui les entoure autour des sites de production. Pour Bel, on protège bien ceux que l'on connaît bien. » L'entreprise a bien conscience de l'importance de la biodiversité pour son économie. « Nous avons une dépendance à la biodiversité, nous en avons besoin pour pérenniser notre activité. S'il n'y a pas de pollinisation, pas de pommes pour nos Pom'Potes, s'il n'y a pas de vers de terre dans le sol, pas de pâturages donc pas de lait... »

Le groupe agro-alimentaire espère que la COP 15 permettra de sensibiliser les industriels sur la biodiversité au même titre que le climat. « Cette COP fait moins de bruit peut-être parce que c'est un sujet qui peut sembler complexe car c'est multidimensionnel et il n'y a pas un consensus. Le climat est de plus en plus documenté, il faut que la biodiversité le soit aussi. »

Le groupe Michelin : « Nous voulons des outils de mesure de biodiversité communs à toutes les entreprises »

Le géant du pneumatique ne veut pas rester sur le banc de touche. Présent à la COP 15, l'entreprise n'aura pas la parole lors du sommet mais souhaite faire partie du groupe des entreprises au cœur des projets environnementaux. « Nous souhaitons pouvoir rencontrer d'autres entreprises sur la biodiversité et voir ce qui se fait dans les autres pays », a précisé Lina Dechamp, responsable du développement durable chez Michelin.

L'entreprise espère, au même titre que le groupe Bel, que ce sommet pour la biodiversité mènera à un consensus en matière d'indicateurs pour la biodiversité. « Nous travaillons sur de bons axes mais nous voulons que des outils de mesures de la biodiversité soient commun à toutes les entreprises pour engager des actions concrètes ensemble. »

Le groupe a plusieurs plans d'actions dont l'étude du cycle de vie de ses produits et la sensibilisation au vivant des sites industriels. « Mais notre plus gros impact sur la biodiversité, c'est le caoutchouc naturel, pourtant nous en avons terriblement besoin ». Cette matière première, nécessaire à la fabrication des pneus, est fabriquée à partir d'une plante, l'hévéa. Souvent produite de façon non durable, elle est responsable d'une déforestation massive en Asie du sud-est. « Nous avons développé un mapping qui permet de cartographier les risques de déforestation chez nos fournisseurs de caoutchouc ». L'objectif est d'atteindre 80 % de la production de pneus en caoutchouc naturel responsable d'ici 2030.

Le groupe Carrefour : « La biodiversité permet d'améliorer la qualité de nos produits »

Acteur majeur de la grande distribution, le groupe Carrefour est engagé sur plusieurs fronts en matière de lutte pour la biodiversité. « C'est un vrai défi pour le groupe. La biodiversité représente une opportunité d'améliorer la qualité des produits Carrefour et de mieux répondre aux attentes des consommateurs », indique l'entreprise. Si Carrefour n'est pas présent à la COP15, l'entreprise a tenu à signer la campagne Make it Mandatory de Business for Nature. Cette campagne demande à tous les chefs d'Etat et aux entreprises une transparence en matière d'impact sur la biodiversité.

Déforestation, pêche durable, production de textiles à plus faible impact sur la biodiversité, le géant de l'alimentaire souhaite surtout agir en amont de la chaîne, au niveau de la production des matières dites "sensibles". L'autre axe d'étude concerne les sites de production de Carrefour. Les entrepôts, plateformes et magasins œuvrent pour minimiser leurs impacts sur les écosystèmes environnants. Le groupe, en lien avec WWF et Icare, un cabinet d'experts en biodiversité, s'est également engagé dans le Programme Sciences Based Target for Nature. Un programme qui « vise à fixer des objectifs quantitatifs scientifiques liés à la préservation de la biodiversité ».

Des engagements qui seront primordiaux dans les années à venir. Mais cela ne suffira pas. Parmi les solutions proposées par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité, il y a l'internalisation dans les prix de vente des entreprises des impacts sur la biodiversité. « Il faut changer le modèle d'affaires pour les entreprises qui ont un impact important, c'est la seule solution possible. » La fondation rappelle également le rôle primordial des consommateurs dans cette transition, la consommation génère en effet 50 % de la perte de biodiversité dans le monde.

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