
Alors que le variant Delta se répand à vitesse grand V dans le monde, la confiance des investisseurs s'étiole. Aucun pays - ou presque - n'est désormais épargné par la recrudescence du nombre de cas due à ce variant du Covid-19. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) fin juillet, il a en effet été détecté dans 124 territoires dans le monde. L'apparition du variant a en effet déjoué l'optimisme des Etats, même les plus avancés dans la vaccination - comme aux Etats-Unis ou encore en Chine qui pensait pourtant avoir endigué l'épidémie.
Les nouveaux foyers de la pandémie
Le Covid-19 regagne du terrain outre-Atlantique où le nombre de nouveaux cas quotidiens a dépassé la barre des 100.000, du jamais vu depuis février, selon les données des Centres de lutte et de prévention des maladies (CDC). La Chine aussi est frappée par la flambée, à tel point que les autorités ont décrété le confinement de la population d'agglomérations entières et pris des mesures comme l'interruption de liaisons de transport intérieures et l'organisation de dépistages massifs. Elle a également durci les restrictions sur les voyages de sa population à l'étranger.
En Australie, les autorités ont annoncé un sixième confinement dans la ville de Melbourne au moment où Sydney - déjà confinée depuis sept semaines - a fait état d'un nombre record de nouveaux cas. Dès lors, plus de la moitié des 25 millions d'habitants de l'Australie seront à nouveau confinés.
La confiance atteinte dans les milieux d'affaires en Allemagne
Les scénarios sont similaires en Europe. Résultat, dans la zone euro, la confiance des investisseurs a rechuté pour la première fois en six mois en août, entraînée par la baisse des attentes alors que la possibilité de nouvelles mesures de restrictions augmente, selon l'indice Sentix établi par le cabinet d'études Oxford Economics. « Notre indice de la reprise a enregistré une deuxième semaine de contraction, celle terminant au 25 juillet, reculant de 0,3 point à 85. Cela suggère que l'élan est probablement en train de caler dans la zone euro mais nous sommes prudents sur la surinterprétation (de cet indicateur ndlr) pour l'instant », commente Oxford Economics.
Autre indicateur à être pris dans la spirale du doute, celui du climat des affaires allemand, avec l'enquête mensuelle du ZEW (Zentrum für Europäische Wirtschaftsforschung), qui, lui aussi recule en août sur les attentes de la reprise, et ce, pour le deuxième mois consécutif, selon le cabinet. Cet indice du sentiment économique, calculé sur la base d'un sondage auprès d'investisseurs, a reculé à 40,4 après 63,3 en juillet et 79,8 en juin. De plus, l'institut souligne "des risques croissants pour l'économie allemande, avec notamment une éventuelle quatrième vague de Covid-19 à partir de l'automne ou le ralentissement de la croissance économique en Chine".
Baisse de prévisions de croissance en Chine
De fait, la situation de la Chine inquiète jusqu'aux banques d'investissement qui se montrent moins confiantes sur le rebond de la deuxième économie du monde. Ainsi, Goldman Sachs, JPMorgan Chase & Co et Morgan Stanley ont abaissé le 9 août leurs prévisions de croissance. La recrudescence du nombre de contaminations au Covid-19 fait craindre un nouveau repli de l'économie, JPMorgan anticipe désormais une croissance du PIB chinois pour le troisième trimestre à 2%, contre 4,3% précédemment. La banque a ramené à 8,9% sa prévision pour 2021, contre 9,1% auparavant.
Morgan Stanley de son côté a revu à 1,6% sa prévision de croissance du PIB de la Chine au troisième trimestre, tandis que Goldman Sachs a dégradé à 2,3% son estimation pour le trimestre, contre 5,8%. Pour 2021, la banque table désormais sur une croissance de 8,3%, contre une prévision précédente de 8,6%.
Du côté de la Russie, le variant a également frappé. Au cours des trois derniers mois, il représentait 98% des nouveaux cas de Covid, selon les données d'Oxford Economics. Il est néanmoins difficile d'obtenir une vision globale sur le pays puisqu'une partie des informations n'est pas déclarée, précise le cabinet. Face à cela, Moscou a intensifié sa campagne de vaccination, elle est désormais obligatoire dans certains secteurs. Pourtant, les Russes restent sceptiques vis-à-vis des vaccins : seulement 27% de la population a été complètement vaccinée, contre plus de la moitié des Français. Mais cela n'a pour l'instant pas beaucoup affecté les indicateurs économiques, même si l'activité du secteur privé non pétrolier s'est quelque peu affaiblie ces dernières semaines. Les prévisions de croissance pour 2021 restent à 3,4%, intégrant un léger ralentissement au troisième trimestre après un fort rebond au deuxième trimestre, indique Oxford Economics, qui ne compte pas pour l'instant réviser ses prévisions.
Toutefois, ces trous d'airs pourraient être temporaires. La montée en puissance du variant Delta n'est pas une menace imminente sur les économies, mais risque plutôt d'impacter les performances économiques du quatrième trimestre, conclut Oxford Economics. L'évaluation de la situation s'est améliorée pour la sixième fois consécutive, ce qui confirme les prévisions d'une croissance solide au troisième trimestre, précise la société américaine de prévisions et d'analyse.
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