Covid, crise du gaz... le FMI prévient que 2023 sera difficile pour l’économie mondiale

Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI, a fait part de ses perspectives pour les économies mondiales en 2023 dans une interview accordée à CBS dimanche. Elle prévoit notamment un fort ralentissement de la croissance chinoise mais une meilleure résilience de l’économie américaine.
La directrice générale du FMI a dévoilé de sombres perspectives pour l'économie mondiale en 2023.
La directrice générale du FMI a dévoilé de sombres perspectives pour l'économie mondiale en 2023. (Crédits : Reuters)

Le FMI vous souhaite une bonne année, mais n'y croit pas vraiment. C'est ce qui ressort de l'interview de Kristalina Georgieva dans l'émission « Face the Nation », diffusée dimanche matin sur la chaîne américaine CBS. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) anticipe un ralentissement de la croissance dans de nombreux pays en 2023. Elle s'est notamment attardée sur les défis auxquels vont devoir faire face les États-Unis, l'Europe et la Chine lors de cette nouvelle année.

La nouvelle année sera « plus difficile que l'année que nous laissons derrière nous (...) Pourquoi ? Parce que les trois principales économies - les États-Unis, l'Union européenne et la Chine - ralentissent toutes simultanément », a déclaré la patronne du FMI.

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Ralentissement historique en vue pour la Chine

A la base de cette anticipation d'une nouvelle année sous le signe d'une croissance faible voire négative, il y a les facteurs ayant déjà ralenti l'économie en 2022. A savoir, les tensions liées à la guerre en Ukraine, l'inflation et la remontée des taux d'intérêt. Mais le FMI souligne que la situation mondiale pourrait nettement se dégrader en 2023 à cause de la Chine. Selon Kristalina Georgieva, qui s'est rendue en Chine pour le compte du FMI fin décembre, « pour la première fois en 40 ans, la croissance de la Chine en 2022 sera probablement égale ou inférieure à la croissance mondiale ».

Une croissance qui devrait encore baisser si le nombre de contaminations augmente suite à la fin de la politique « zéro Covid » la semaine dernière. « J'étais en Chine la semaine dernière, dans une bulle dans une ville où il n'y (avait) pas de Covid (...) Mais cela ne va pas durer une fois que les gens commenceront à voyager », a-t-elle prévenue. Le président Xi Jinping a appelé samedi, dans un discours du Nouvel An, à plus d'efforts et d'unité alors que la Chine entre dans une « nouvelle phase » de l'épidémie, avec moins de restrictions et plus de contaminations en perspective. Les deux prochains mois seront donc difficiles pour la Chine et l'impact d'une flambée des cas de Covid-19 sur la croissance chinoise et mondiale sera négatif, estime Kristalina Georgieva.

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Les Etats-Unis, grands gagnants en 2023 ?

A l'inverse du scénario chinois, la situation économique pourrait s'améliorer aux Etats-Unis cette année. « Les États-Unis sont les plus résilients (et) ils pourraient éviter la récession. Nous pensons que le marché de l'emploi restera assez fort », a déclaré la directrice générale du FMI. L'économie américaine pourrait éviter la contraction qui risque d'affecter jusqu'à un tiers des économies mondiales. Mais ce marché de l'emploi fort et cette bonne consommation américaine sont « une bénédiction mitigée parce que, si le marché du travail est très fort, la Fed pourrait devoir maintenir les taux d'intérêt plus serrés pendant plus longtemps pour faire baisser l'inflation », nuance Kristalina Georgieva.

La Réserve fédérale américaine a augmenté ses taux directeurs de 0% en mars à 4,50% aujourd'hui avec une hausse de 0,5 point en décembre. L'institution fait part de nouvelles projections économiques qui impliqueront au moins des hausses de taux supplémentaires de 75 points de base en 2023. Cette année donc, le marché de l'emploi américain sera au centre des préoccupations des responsables de la Fed, qui aimeraient voir la demande de main-d'œuvre se relâcher afin d'atténuer les pressions sur les prix.

La première semaine de la nouvelle année sera marquée par une série de données clés sur le front de l'emploi, notamment le rapport mensuel sur les emplois non agricoles vendredi. Les analystes anticipent pour décembre la création de 200.000 emplois supplémentaires et un taux de chômage stable à 3,7%, au plus bas depuis les années 1960.

La France et L'Europe déstabilisées par la crise du gaz russe

En Europe, en revanche, les perspectives sont moins radieuses. L'inflation n'est pas tirée par une surchauffe de l'économie (comme c'est le cas outre-Atlantique), mais les prix montent car « l'économie mondiale subit sa plus grave crise énergétique depuis les années 1970 », explique Alvaro Santos Pereira, économiste à l'OCDE. Une crise énergétique importée qui touche tout le monde, mais beaucoup plus fortement l'Europe, dépendante à 40% du gaz russe avant la guerre, qui a particulièrement souffert des coupures provoquées par la Russie dans un contexte de flambée des cours.

Face à cette hausse brutale des prix du gaz et de l'électricité, la Banque centrale européenne a aussi décidé de passer ses taux, qui étaient sous 0% au printemps, à 1,5%-2% en décembre. Les investisseurs s'attendent même à ce qu'il atteigne 3,4% l'année prochaine, contre un pic de 2,75% anticipé auparavant. Une hausse des taux destinée à juguler la hausse des prix en freinant la consommation, l'investissement et donc l'activité économique, qui n'est pourtant pas en surchauffe comme chez nos voisins de l'ouest. Résultat, l'activité du secteur privé français s'est contractée plus qu'attendue en décembre et a atteint son niveau le plus bas depuis février 2021, selon l'indicateur PMI Flash publié par le cabinet S&P Global. Le repli de l'activité du secteur privé « en France, deuxième économie de la zone euro, augmente le risque de récession dans la région », déplorait Joe Hayes, économiste chez S&P Global cité dans le communiqué.

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Dans sa dernière note de conjoncture dévoilée ce jeudi 15 décembre, l'Insee table sur une croissance de 0,1% au premier trimestre 2023 et une légère accélération au second trimestre (0,3%).

Pour sa part, l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) anticipe aussi un scénario qui « n'est pas une récession mondiale, mais un net ralentissement de l'économie mondiale en 2023, ainsi qu'une inflation toujours élevée, mais déclinante dans de nombreux pays », a déclaré Alvaro Santos Pereira dans un rapport publié en novembre. Pour la France, l'OCDE projette une croissance de 2,6% en 2022 et de 0,6% l'an prochain. Mais ces perspectives sont très dépendantes de l'évolution du conflit russo-ukrainien et du retour du gaz russe dans l'Europe qui ferait alors baisser l'inflation.

(Avec agences)

Commentaires 5
à écrit le 03/01/2023 à 18:43
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FMI ? L economie ne pas fixé à une mouvement comment fait sont mouvement par un cycle entre PIB =0 et PIB = x (x est un valeur pour chaque pays ) cad D augmente o doit augmente et ...

à écrit le 03/01/2023 à 9:37
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Ça devient fatiguant de lire de telles âneries. Les récentes données du BLS américain ont déjà démontré (encore une fois) la manipulation exercée sur les chiffres du chômage US (U3 et U6) alors allez voir du côté de Mainstreet et observez l'ubérisat...

à écrit le 02/01/2023 à 16:24
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La crise est mondiaaale on vous dit !!! Si chacun s'occupait de son "lopin de terre" au lieu du compte en banque de son voisin... la crise serait invisible!

à écrit le 02/01/2023 à 14:15
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"Le retour du gaz Russe"! C'est le genre de "truc" qu'il faut oublier. La Russie il faut la penser désormais comme un État terroriste, la contenir et avoir le minimum de relations...Tout comme avec la Chine.

le 03/01/2023 à 9:22
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Et sur les importations de gaz d'Azerbaïdjan qui exterminent en ce moment les Arméniens au Haut-Karabakh ou dans la République d'Arménie ,un avis ?

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