Economie italienne : risque de récession technique d'après le Trésor

L'économie italienne s'est probablement contractée au troisième trimestre 2022 et le PIB continuera de baisser au cours des deux prochains trimestres selon les dernières prévisions du Trésor. Le gouvernement italien a déjà annoncé la semaine dernière revoir à la baisse ses estimations de croissance pour 2023, tout en relevant néanmoins celles de cette année. La troisième économie européenne est touchée de plein fouet par la hausse des coûts de l'énergie et par une inflation record, qui s'est élevée à 8,9% sur un an en septembre.
Les dernières prévisions du Trésor intègrent un PIB « légèrement négatif » aux troisième et quatrième trimestres. Une nouvelle baisse du PIB est prévue pour le premier trimestre 2023, suivie d'une reprise à partir du deuxième trimestre.
Les dernières prévisions du Trésor intègrent un PIB « légèrement négatif » aux troisième et quatrième trimestres. Une nouvelle baisse du PIB est prévue pour le premier trimestre 2023, suivie d'une reprise à partir du deuxième trimestre. (Crédits : Stefano Rellandini)

L'Italie se dirige vers une récession technique. C'est ce qu'il ressort des prévisions du Trésor, publiées dans le « Document économique et financier » (DEF) vendredi 30 septembre. Si l'économie italienne s'est montrée plus solide qu'attendu au premier semestre de l'année, un retournement de tendance a donc déjà commencé en raison de la flambée des coûts de l'énergie et d'une inflation record.

Les dernières prévisions du Trésor intègrent un PIB « légèrement négatif » aux troisième et quatrième trimestres, en raison de la contraction du secteur industriel. « Une nouvelle baisse du PIB est prévue pour le premier trimestre (de 2023), suivie d'une reprise à partir du deuxième trimestre », selon le DEF.

D'après le document, la reprise serait tirée par une hausse de la demande internationale, une baisse des prix du gaz, une contribution croissante au PIB des fonds européens du plan de relance et des réformes promises à Bruxelles.

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Le gouvernement revoit ses prévisions

En milieu de semaine dernière, le gouvernement italien a abaissé sa prévision de croissance pour 2023. Il table désormais sur une progression du PIB de 0,6%, contre 2,4% auparavant, sous l'effet de la flambée des prix de l'énergie et de la guerre en Ukraine.

Ce chiffre figure dans la dernière feuille de route économique adoptée en conseil des ministres par le gouvernement sortant de Mario Draghi. Elle servira de base à l'élaboration du budget 2023 par le futur exécutif de Giorgia Meloni.

À l'inverse, le gouvernement a révisé à la hausse son estimation de croissance pour cette année, qui devrait s'élever à 3,3%, contre 3,1% prévu en avril, selon un communiqué.

Pour rappel, en 2021, la croissance de l'Italie avait atteint 6,7%. Un taux qui s'était révélé inédit depuis plus de 40 ans, après un plongeon de 9% en 2020 dû à la pandémie de Covid-19.

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L'inflation s'emballe

Cette dégradation de la conjoncture tient à la hausse des prix, laquelle s'est accélérée en Italie en septembre à 8,9% sur un an, contre 8,4% en août, selon une estimation provisoire publiée vendredi 30 septembre par l'Institut national de la statistique (Istat). L'inflation a été alimentée essentiellement par l'augmentation des prix alimentaires (+11,5%), alors que les prix de l'énergie ont ralenti légèrement leur hausse, à 44,5% contre 44,9% en août.

Sur l'ensemble de l'année 2022, le gouvernement italien prévoit une hausse des prix de 6,6%. L'inflation devrait commencer à ralentir à la fin de l'année et se réduire à 4,5% en 2023, selon les dernières estimations budgétaires publiées la semaine dernière.

Pour contrer cette inflation galopante, le gouvernement italien a adopté à la mi-septembre un nouveau train de mesures d'un montant de 14 milliards d'euros pour soutenir les ménages et les entreprises face à la hausse des factures énergétiques. Ces mesures ont porté à 66 milliards d'euros le total des aides consacrées à cet effet par l'Italie, ce qui place la péninsule « parmi les pays ayant dépensé le plus en Europe », selon le chef du gouvernement sortant Mario Draghi.

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La récession plane aussi au niveau mondial

La semaine dernière, la patronne de l'OMC Ngozi Okonjo-Iweala a souligné que l'organisation s'attendait auparavant à « récession mondiale » pour les mois à venir. Une vision que ne partage pas totalement l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). « Le scénario central n'est pas à une récession mondiale mais les risques ont augmenté ces derniers mois », a estimé de son côté l'économiste en chef par intérim, Alvaro Pereira.

Au niveau de la zone euro, l'OCDE ne retient le scénario de la récession que pour l'Allemagne. La première économie européenne verrait ainsi son PIB reculer de 0,7% en 2023, un plongeon de 2,4 points par rapport à la précédente prévision. L'OCDE s'attend par contre à une croissance de 0,4% en Italie, de 0,6% en France et de 1,5% en Espagne.

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(Avec AFP)

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