Emmanuel Macron juge l'Otan en état de "mort cérébrale"

"Vous n'avez aucune coordination de la décision stratégique des États-Unis avec les partenaires de l'Otan et nous assistons à une agression menée par un autre partenaire de l'Otan, la Turquie, dans une zone où nos intérêts sont en jeu, sans coordination", a expliqué le chef de l'État, en référence à l'intervention militaire turque en Syrie.
Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse durant un sommet de l'OTAN, en 2018 à Bruxelles (Belgique).
Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse durant un sommet de l'OTAN, en 2018 à Bruxelles (Belgique). (Crédits : Reuters)

Le président français Emmanuel Macron dénonce "la mort cérébrale de l'Otan", dans un entretien publié jeudi, déplorant le manque de coordination entre les États-Unis et l'Europe et le comportement unilatéral de la Turquie en Syrie, membre de l'Alliance atlantique.

"Ce qu'on est en train de vivre, c'est la mort cérébrale de l'Otan", a déclaré le chef de l'État français dans une interview à l'hebdomadaire The Economist à paraître vendredi.

"Vous n'avez aucune coordination de la décision stratégique des États-Unis avec les partenaires de l'Otan et nous assistons à une agression menée par un autre partenaire de l'Otan, la Turquie, dans une zone où nos intérêts sont en jeu, sans coordination", a-t-il souligné, en référence à l'intervention militaire turque en Syrie. "Ce qui s'est passé est un énorme problème pour l'Otan".

Lire aussi : Syrie : Trump lève les sanctions contre la Turquie

L'Article 5 en question

Il faut "clarifier maintenant quelles sont les finalités stratégiques de l'Otan", a-t-il ajouté en plaidant à nouveau pour "muscler" l'Europe de la défense, à un mois d'un sommet de l'Otan prévu à Londres début décembre.

Le chef de l'État s'interroge en particulier sur l'avenir de l'Article 5 du traité atlantique, qui prévoit une solidarité militaire entre membres de l'Alliance si l'un d'entre eux est attaqué.

"C'est quoi l'Article 5 demain ? Si le régime de Bachar al-Assad décide de répliquer à la Turquie, est-ce que nous allons nous engager ? C'est une vraie question", estime Emmanuel Macron.

"Nous nous sommes engagés pour lutter contre Daech (acronyme de l'organisation État islamique). Le paradoxe, c'est que la décision américaine (de retrait du nord de la Syrie) et l'offensive turque dans les deux cas ont un même résultat: le sacrifice de nos partenaires sur le terrain qui se sont battus contre Daech, les Forces démocratiques syriennes (FDS)", alliées de la coalition internationale conduite par les États-Unis pour combattre l'EI, regrette-t-il.

L'UE au 'bord du précipice'

"L'OTAN en tant que système ne régule pas ses membres. Et à partir du moment où un membre sent qu'il a le droit de suivre son chemin, qui est donné par les États-Unis d'Amérique, il le fait. Et c'est ce qui s'est passé", déplore Emmanuel Macron.

Cela rend pour le président français d'autant plus "essentiel d'une part, l'Europe de la défense - une Europe qui doit se doter d'une autonomie stratégique et capacitaire sur le plan militaire. Et d'autre part, de rouvrir un dialogue stratégique, sans naïveté aucune et qui prendra du temps, avec la Russie".

Le chef de l'État en profite pour pointer trois grands risques pour l'Europe: qu'elle ait "oublié qu'elle était une communauté", le "désalignement" de la politique américaine du projet européen, et l'émergence de la puissance chinoise "qui marginalise clairement l'Europe."

Lire aussi : L'Europe peut-elle résister à la Chine ?

"Il y a aujourd'hui une série de phénomènes qui nous mettent dans une situation de bord du précipice", insiste-t-il.

"L'Europe a oublié qu'elle était une communauté, en se pensant progressivement comme un marché", souligne également M. Macron, qui s'est récemment opposé à l'ouverture de négociations d'adhésion à l'Union européenne avec la Macédoine du Nord et l'Albanie.

Marginalisation de l'Europe

Deuxième danger: les États-Unis qui restent "notre grand allié" mais "regardent ailleurs" vers "la Chine et le continent américain", un basculement sous la présidence de Barack Obama, estime le chef de l'État. Et "pour la première fois, nous avons un président américain (Donald Trump) qui ne partage pas l'idée du projet européen, et la politique américaine se désaligne de ce projet".

Enfin, le rééquilibrage du monde va de pair avec l'émergence depuis 15 ans d'une puissance chinoise qui crée un risque de bipolarisation et marginalise clairement l'Europe.

Selon le chef de l'État français, si les Européens n'ont "pas un réveil, une prise de conscience de cette situation et une décision de s'en saisir, le risque est grand, à terme, que géopolitiquement nous disparaissions, ou en tous cas que nous ne soyons plus les maîtres de notre destin".

Lire aussi : Les "coups" diplomatiques de Macron, une stratégie à haut risque et pas sans paradoxes

M. Macron estime par ailleurs que la règle sur le maintien du déficit public des pays de la zone sous la barre des 3% du PIB, tout comme les discussions sur les contributions des 27 au budget de l'UE, relèvent d'un "débat d'un autre siècle".

"Nous avons besoin de plus d'expansionnisme, de plus d'investissement. L'Europe ne peut pas être la seule zone à ne pas le faire", martèle-t-il.

Commentaires 35
à écrit le 12/11/2019 à 3:10
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Lo tan c est comme le voilé la mort cérébrale

le 13/11/2019 à 10:44
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Les sanglots longs des violons de l'automne,,,

à écrit le 10/11/2019 à 12:50
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Trump a abandonné les Kurdes en indiquant "ils n'ont pas aidé en Normandie! " Leur sacrifice contre les islamistes ne compte pas .Tous les pays qui comptaient sur les USA ont la trouille et leurs dirigeants enragent. en sachant que Macron a raison .C...

à écrit le 09/11/2019 à 9:01
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N'importe comment l'OTAN est au ordre des americain , ils ons le liederschip dès décision et des équipements ... S'est avant tous un moyen de mûrissante américain ou les etat membres sont dès vaisseaux .... Bon si l'OTAN à eux sont utiliser devant ...

à écrit le 08/11/2019 à 15:11
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Sans soutenir la politique du Pdt de la République on peut reconnaitre que ses propos sont frappés au coin du bon sens. On peut noter une certaine mauvaise fois dans les réactions des allemands et des américains. Pour les américains, ce n'est pas une...

à écrit le 08/11/2019 à 10:55
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C'est pas pour ça qu'il aurait l'idée d'en sortir, a moins que la mort cérébrale le concerne directement!

le 08/11/2019 à 15:40
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"C'est pas pour ça qu'il aurait l'idée d'en sortir" Voilà... le blabla yen a marre. Les mecs ils disent tout et son contraire

à écrit le 08/11/2019 à 10:15
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Par contre son truc sur la contribution a l'audiovisuel public, cette histoire de teleologie, j'ai rien compris, c'est pas une affaire europeene ça. Et bon, c'est encore un truc pour nous prendre des sous.

à écrit le 08/11/2019 à 9:50
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Il a viré sa cuti sur l'otan et perdu sa naïveté sur erdogan et ""l'universalisme"" US (le garant en dernier ressort) Il faut voir que l'entretien est du 21 octobre, avant la solution des patrouilles russoturques avec la benediction US, bref, tout c'...

à écrit le 08/11/2019 à 9:31
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Il a un peu raison, si le HillBilly ( plouc des collines ) de la Maison Blanche continue de prendre des décision seul, rien d'étonnant... Je viens de lire dans le Washington Post que des proches collaborateurs de Trump menacent de démissionner en bl...

à écrit le 08/11/2019 à 6:54
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Le refrain habituel des gouvernements francais successifs... Les 27 autres pays de l ue ne veulent pas d une défense européenne avec aux commandes la france. La france ne cesse de vouloir cela pour en faire bénéficier son industrie de l armement. ...

à écrit le 08/11/2019 à 3:30
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L'Europe telle qu'elle est concue est condamnee a ne pas s'entendre. Les USA en profitent et micron n'a rien saisi des enjeux, c'est lui qui est en etat de mort cerebrale, son bilan apres bientot trois ans est eloquent, niet.

à écrit le 07/11/2019 à 23:32
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Tout ceci n'est que l'énième symptôme du rééquilibrage vers l'Est de la politique étrangère française. Macron a vite compris que Poutine était infiniment plus fréquentable que Trump, et en tire les conséquences. Et c'est tant mieux, même à plus long ...

à écrit le 07/11/2019 à 22:00
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Enfin, c'est surtout le quinquennat Macron qui semble en état de coma dépassé...

à écrit le 07/11/2019 à 20:13
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J'aime bien le terme "garant en dernier ressort", y a un coté zebulon, tournicoti tournicoton, manege enchanté, je crois que ça resume son opinion. Trump n'est pas americain a la façon qui lui plait. Pas de bol

à écrit le 07/11/2019 à 19:53
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En trois ans TRUMP a cassé l OTAN et le monde entier, encore 5 ans de saccage Trump

à écrit le 07/11/2019 à 19:48
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L'Europe de la défense voulue par Macron est un voeu pieux. Nous n'aurons jamais l'appui de l'Allemagne, notre principal partenaire. L'Otan reste la moins pire des solutions en cas de pépin.

à écrit le 07/11/2019 à 19:35
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L’Amérique «  veut » une perspective « occidentale »pour la Macédoine ?devenu à travers les époques , grec, bulgare, turc, serbe ,albanais .... autrichien .... un mix... de culture... Alors question : Qu’est ce qui se «  trame «  encore ? Amériq...

à écrit le 07/11/2019 à 19:22
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Il a raison.

à écrit le 07/11/2019 à 19:10
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L'OTAN est un cadavre tout court. Quand la France, largement rapporté comme ayant la plus grande armée de terre de l'OTAN après les américains, à une armée d’une taille ridicule en deçà de tout niveau historique (on a moins de soldats professionne...

le 08/11/2019 à 0:49
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Commentaire violent mais vrai. . Par contre la comparaison avec le M-A n'a pas lieu d'être,à l'époque un soldat coûter bien moins chère qu'aujourd'hui et surtout les temps était bien moins clément militairement,les guerres et le banditisme était lé...

à écrit le 07/11/2019 à 19:06
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"Nous avons besoin de plus d'expansionnisme, de plus d'investissement. L'Europe ne peut pas être la seule zone à ne pas le faire", encore un qui oublie que notre planète a des limites physiques. L'expansionnisme, c'est la guerre. Est-ce cela qu'il ve...

à écrit le 07/11/2019 à 18:58
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Le constat est assez réaliste et peu contestable. En revanche les conclusions qu'il en tire colle mal à son action. Et surtout met en évidence l’inconvénient d’être membre d'une UE largement sous domination US.

à écrit le 07/11/2019 à 18:55
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Très circonstanciel de sa part, mais pas faux, pour une fois.

à écrit le 07/11/2019 à 18:44
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C' est bien là l' avis de Trump, se retirer d' un truc qui lui coûte et dans l' esprit qui l' habite, cesser de casser le monde, démondialiser et rentrer à la maison mais des forces profondes sont à la lutte aux states et qui refusent d...

à écrit le 07/11/2019 à 18:40
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En fait ce que veut dire M. Macron : ( si j’ai bien compris) il veut que l’Europe stoppe les adhésions ( Albanie et macédoine du nord )et que l’Europe devient plus expansionniste ( comme les usa) et investissent plus ( comme les usa ) Je ne suis pas...

à écrit le 07/11/2019 à 18:10
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Et le droit d'ingérence reconnu à chaque nation au nom des droits de l'homme. Que ne propose-t-on un référendum d’autodétermination pour le peuple kurde de tradition démocratique? Ce serait la naissance éventuelle d'un Kurdistan libre qui empiéterait...

le 07/11/2019 à 18:52
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...les Corses et les Catalans sont d'accord avec vous . Les criméens aussi. En revanche j'ai quelques doutes pour la France l'Espagne et l'Ukraine.

à écrit le 07/11/2019 à 17:32
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Vraiment très inquiétant que notre président qui ne prend aucune initiative histoire de ne froisser aucune oligarchie critique le fonctionnement oligarchique dont il est le produit fini, à un moment faudrait être cohérent. Par ailleurs il critiqu...

le 07/11/2019 à 18:19
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La publicité ça fait «  vendre ».

à écrit le 07/11/2019 à 16:45
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un certain Nicolas Sarkozy qui a fait réintégrer la France dans le commandement intégré en 2009. Le processus de pourrissement est en cours depuis la seconde guerre du Golfe, quand GW Busch a voulu emmener l'OTAN dans ses délires guerriers. C'est ...

à écrit le 07/11/2019 à 16:40
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Je me souviens quand il y a eu le nettoyage ethnique en 1990-1993 de Sebrenisca par la Serbie , ça n’a pas empêché que l’OTAN bombarde la Serbie , ça n’a pas empêché l’adhésion de la Serbie en UE et ce qui se passe aujourd’hui aussi. Le plus enn...

à écrit le 07/11/2019 à 16:39
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Il ne manque pas d'air !!!!le plus mauvais élève veut donner des lecons sur le budget !!!!! de l'endettement nous en faisons depuis plus de 40 ans si c'etait bon nous le saurions

à écrit le 07/11/2019 à 16:18
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Ce que Macron oublie de dire, hors du "grand machin" de l'OTAN, est qu'il est nécessaire d'urgence de faire décroître les surpopulations mondiales, à commencer par l'Inde, la Chine, l'Afrique et l'Amérique latine... En folle et stupide surabondance d...

le 07/11/2019 à 17:30
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Tu ne veux toujours pas donner l'exemple en suivant ton leader ? Tu sais ça donnerait du poids à tes... "arguments" !

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