En Norvège, les conservateurs se maintiennent de justesse au pouvoir

Au pouvoir depuis 2013, la coalition de droite norvégienne a profité du recul du parti travailliste aux législatives pour remporter un scrutin très serré. Les travaillistes ont eu des difficultés à mobiliser les classes moyennes.
Grégoire Normand
La Première ministre Erna Solberg au centre après les résultats des législatives le 11 septembre 2017.

C'est une victoire à l'arraché. La droite a remporté de justesse les élections législatives organisées ce lundi en Norvège face au parti travailliste en perte de vitesse ces dernières semaines. La Première ministre norvégienne sortante Erna Solberg est la première conservatrice en plus de 30 ans à enchaîner un second mandat dans ce pays scandinave. Les sondages avaient pendant longtemps prédit une victoire des travaillistes et de leurs alliés mais le gouvernement a finalement profité d'un regain de popularité à mesure que s'inversait la courbe des prix du pétrole

Une courte majorité

Après le dépouillement de 95% des bulletins, les conservateurs et le parti du progrès, soutenus par deux petites formations, ont remporté 89 sièges sur 169, soit une courte majorité. Devant ses partisans rassemblés à Oslo, Erna Solberg a déclaré :

"Cela ressemble à une victoire éclatante. (...) Nos solutions ont fonctionné. Nous avons créé des emplois", a-t-elle poursuivi, prévenant toutefois: "Des challenges nous attendent. (...) Les revenus du pétrole vont être plus bas. Nous devons tous prendre nos responsabilités.(...) Nous devons rester prudents".

Son camp est en passe de perdre sept mandats par rapport aux dernières élections de 2013, ce qui relativise cette victoire en demi-teinte.

De son côté, le chef de file des travaillistes a qualifié ces résultats de "grande déception"Son parti, qui dénonce la ligne anti-immigration défendue par le parti du progrès, reste la principale force d'opposition du pays, avec 49 sièges au Parlement.

Une coalition fragile

Malgré cette victoire, le nouveau gouvernement devrait démarrer son nouveau mandat sur des bases relativement fragiles. A lui seul, le parti conservateur rassemble 45 sièges au Parlement soit trois de moins que lors des précédentes élections, ce qui augmente sa dépendance sur les petits partis et augure possiblement d'une moindre stabilité gouvernementale. Par ailleurs, des divisions pourraient apparaître sur le thème de l'accueil des réfugiés par exemple entre le parti du progrès (anti-immigration) et le parti démocrate chrétien. Ce dernier a prévenu Erna Solberg que son soutien aux décisions du gouvernement ne serait en rien automatique. "Nous ne donnerons pas de garantie pour les quatre prochaines années", a déclaré le chef de file du parti populaire chrétien, Knut Arild Hareide.

Cette fragile coalition pourrait compliquer l'exercice du pouvoir pour la cheffe du gouvernement. Interrogé par l'AFP, le politologue à l'Université d'Oslo, Knut Heidar juge également "peu probable que le gouvernement tienne quatre ans" de plus. "Je pense que la question de l'immigration, ou peut-être celle des rapports centre-périphérie, finira par pousser les démocrates-chrétiens à le faire chuter."

La dépendance au pétrole mise en cause

Pour l'un des plus gros producteurs d'hydrocarbures d'Europe de l'Ouest, le résultat du scrutin pourrait avoir des conséquences sur l'avenir de production de l'or noir. Les libéraux, force de soutien de la coalition gouvernementale, sont opposés aux prospections d'hydrocarbures. Et la crise déclenchée par la baisse du cours du baril depuis l'été 2014, a fortement diminué les revenus issus du pétrole pour le Royaume. Le géant norvégien, Statoil, a arrêté plusieurs grands projets de prospection dans les zones arctiques difficiles d'accès. Sur le marché du travail, cela s'est traduit par une perte de 25.000 postes dans l'industrie pétrolière.

> Lire aussi : Norvège : le fonds souverain passe les 1.000 milliards de dollars, soit 2,7 fois le PIB

Sur le plan politique, les écologistes n'ont pas franchi le seuil des 4% de suffrages aux législatives pour obtenir au moins un siège au Parlement. Ce qui ne devrait pas faciliter la diversification économique du pays nordique.

Des projections optimistes

Pour ce pays peuplé de 5 millions d'habitants, les perspectives économiques sont au beau fixe. Selon les derniers chiffres publiés par la banque centrale de Norvège, la croissance annuelle envisagée pour la période 2017-2020 (supérieure à 2%) est en hausse constante après plusieurs années de baisse consécutive entre 2012 et 2016.

Par ailleurs, les prévisions en ce qui concerne le chômage semblent également favorables à la majorité nouvellement élue au Parlement. Après avoir atteint un pic à 5% en 2016 (son plus haut niveau depuis 20 ans), il est retombé à 4,3% et devrait continuer à baisser dans les prochaines années.

Grégoire Normand
Commentaires 6
à écrit le 13/09/2017 à 9:40
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Ouais enfin en Norvège par exemple ils n'ont pas de prisons juste des centres ouverts de détentions et les "conservateurs" là bas n'ont jamais remis le concept en question, ce qui est logique ça leur coûte bien moins cher et leur taux de récidive est...

à écrit le 12/09/2017 à 19:14
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La Norvège, le pays qui fait du gras.

à écrit le 12/09/2017 à 18:23
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Tiens tiens, un pays qui n'est pas dans l'Euro...

le 13/09/2017 à 7:09
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La Norvège n'est même pas dans l'UE... et vous voulez prouver quoi ? Qu'un pays géré avec rigueur s'en sort bien, qu'il soit ou pas adhérent à l'UE et utilisateur ou pas de l'€ ? Ceci étant, la Norvège n'est pas membre de l'UE mais elle accède (moye...

à écrit le 12/09/2017 à 17:09
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l'immobilier a remplacé l'oil&gas comme moteur de l'économie : - https://www.bloombergquint.com/onweb/2016/09/08/housing-is-the-new-oil-for-battered-norway - https://www.bloomberg.com/news/articles/2017-07-07/richest-scandinavians-are-now-less-addi...

à écrit le 12/09/2017 à 16:54
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d'après un article Bloomberg du 23 février dernier (https://www.bloomberg.com/news/articles/2017-02-23/richest-scandinavians-aren-t-working-as-much-in-new-millennium), la dépense publique de la Norvège est passée de 51% PIB en 2007 à 58% aujourd'hui....

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