En pleine flambée des températures, les pays du G20 échouent à s'entendre sur la réduction des énergies fossiles

Les ministres de l'Energie des pays du G20, réunis en Inde samedi, n'ont pas réussi à s'accorder sur un calendrier permettant de réduire progressivement le recours aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon).
La Grèce devrait connaître une vague de chaleur de 16 à 17 jours
La Grèce devrait connaître une vague de chaleur de 16 à 17 jours (Crédits : GUGLIELMO MANGIAPANE)

Réunis à Goa en Inde, les ministres de l'Energie des pays du G20, n'ont pas réussi à trouver un consensus sur la réduction progressive de l'utilisation des combustibles fossiles pour produire de l'électricité. Alors qu'ils avaient prévu de communiquer une position commune sur le sujet à la fin de cette réunion de quatre jours, ils ont  renoncé en raison de désaccords. Notamment sur le triplement des capacités d'énergie renouvelable d'ici à 2030. Résultat : leur déclaration finale ne mentionne même pas le charbon, pourtant l'un des gros contributeurs au réchauffement climatique. Problème : il est encore l'une des principales sources d'énergie de beaucoup d'économies en développement dont l'Inde, pays le plus peuplé au monde, ou la Chine, deuxième économie mondiale.

Cet échec à s'accorder intervient malgré la volonté affichée en mai à Hiroshima par les dirigeants du G7 d' « « accélérer  » leur « « sortie  » des énergies fossiles, et alors que les températures mondiales atteignent des records, causant vagues de chaleur, inondations et incendies.

Deux positions

Pour expliquer cette impasse, l'Inde, qui préside le G20, a expliqué que certains des membres souhaitaient une réduction des énergies fossiles « unabated », c'est-à-dire non adossées à des dispositifs de captage ou de stockage de carbone, « conforme aux différentes circonstances nationales ». En revanche, d'« autres ont une opinion différente sur le fait que les technologies de captage et stockage de carbone répondent à ces besoins ».

Un projet de document consulté vendredi soir par Reuters mentionnait « l'importance de faire des efforts pour réduire progressivement les combustibles fossiles sans système de capture carbone, conformément aux différentes circonstances nationales ». Finalement, la déclaration a été modifiée et traduit les doutes de certains pays que les technologies de capture et d'élimination du carbone puissent répondre aux préoccupations liées à l'usage des énergies fossiles.

La France réclame une sortie d'urgence des énergies fossiles

Une coalition de dix-huit pays, dont la France et l'Allemagne, menée par les Îles Marshall, réclame « une sortie urgente des énergies fossiles » et « un pic des gaz à effet de serre d'ici à 2025 », estimant que « l'humanité ne peut pas se permettre d'attendre ». Ce groupe de pays réclame une diminution de 43% des émissions mondiales d'ici à 2030 par rapport à 2019, afin de respecter la limite des 1,5°C de hausse des températures d'ici à la fin du siècle par rapport à l'ère pré-industrielle, conformément aux calculs des experts climat des Nations unies. Par rapport à l'ère pré-industrielle, le monde connaît aujourd'hui un réchauffement proche de 1,2°C sous l'effet de l'activité humaine, essentiellement de l'utilisation des combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz).

Mais beaucoup de pays en développement estiment que les pays riches, plus gros pollueurs, doivent financer davantage la transition énergétique. C'est le cas de l'Inde notamment, qui s'est fixée un objectif de zéro émission nette pour 2070, soit 20 ans plus tard que beaucoup d'autres pays. Un rapport préparant la présidence de l'Inde au G20 a calculé à 4.000 milliards de dollars par an le coût de la transition énergétique et souligné l'importance d'un financement à bas coût pour les transferts de technologies et les pays en développement, une demande récurrente de New Delhi.

Certains gros producteurs de pétrole sont également réticents à une sortie rapide des combustibles fossiles. Ed King, du réseau de communication sur le climat GSCC, a notamment reproché à la Russie et l'Arabie saoudite le manque de progrès dans les négociations de samedi. Ces pays ont « bloqué les efforts pour un accord sur un triplement des énergies propres visant à réduire les énergies fossiles », a-t-il déploré sur Twitter.

Le PDG de la compagnie pétrolière des Emirats arabes unis Adnoc, Sultan Al Jaber, qui présidera les négociations de la COP28, a déclaré qu'il s'attendait à ce que les combustibles fossiles continuent à jouer un rôle, même réduit, avec l'aide, controversée, de dispositifs de captage ou de stockage de carbone. Il a toutefois estimé que leur réduction était « inévitable » et « essentielle », mais que le réalisme interdisait de s'en passer du jour au lendemain.

 Les pays du G20 ont également rejeté les mesures exhortant les pays développés à mobiliser conjointement 100 milliards de dollars par an pour l'action climatique dans les pays en développement pour 2020-2025.

(Avec AFP et Reuters)

Vague de chaleur de 16 à 17 jours en Grèce, mercure en hausse aux Etats-Unis

La Grèce vit « probablement » la plus longue canicule jamais enregistrée dans son histoire avec des températures attendues au-dessus de 44°C ce week-end, pendant que la vague de chaleur record frappant le sud des Etats-Unis risque de progresser à travers ce pays.

« Nous allons probablement subir une vague de chaleur de 16 à 17 jours, ce qui n'est jamais arrivé auparavant dans notre pays », a déclaré Kostas Lagouvardos, le directeur de recherche à l'Institut pour la recherche environnementale et le développement durable de l'Observatoire national d'Athènes, à la télévision ERT.

En Grèce, tous les sites archéologiques vont continuer à garder portes closes aux heures les plus chaudes. Les touristes ne seront autorisés à entrer dans la célèbre Acropole d'Athènes que jusqu'à 11H30 dimanche.

« Il faut une vigilance absolue (...) car les moments difficiles ne sont pas passés », a prévenu le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

« Nous faisons face à une nouvelle canicule » et « à un éventuel renforcement des vents » qui attisent déjà depuis lundi plusieurs incendies autour de la capitale, a-t-il ajouté.

En 24 heures, 46 nouveaux incendies se sont déclenchés dans le pays, selon les pompiers. Sur l'île touristique de Rhodes, où un feu de forêt fait rage depuis cinq jours, plus de 20 bateaux ont participé samedi à une opération d'évacuation de plus de 1.500 personnes. A la surface de la mer, le mercure était de 2 à 3°C au-dessus de la normale, ont annoncé samedi les services météorologiques. Des températures allant jusqu'à 45°C sont attendues pour dimanche dans la région de Thessalie (centre).

Mercure en hausse aux Etats-Unis

Aux Etats-Unis, environ 80 millions de personnes vont subir des températures de 41°C et plus ce week-end, alertent les services météorologiques américains (NWS). Elles pourraient monter à plus de 46°C à Phoenix en Arizona (sud-ouest), qui subit actuellement sa plus longue vague de chaleur jamais enregistrée : vendredi, le mercure a dépassé les 43°C pour le 22e jour d'affilée.

A 500 km de là, en Californie, la Vallée de la Mort et ses températures les plus élevées de la planète attirent les touristes, ces derniers voulant se prendre en photo aux côtés d'un écran affichant des températures toujours plus extrêmes. Certains attendent que le record absolu sur Terre - 56,6°C enregistrés à cet endroit en 1913 -, contesté par certains experts, soit battu. Un homme de 71 ans y est mort en début de semaine et les gardes du parc national de la Vallée de la Mort soupçonnent que « la chaleur a joué un rôle » dans son décès, ce qui en ferait le second de l'année dans ces circonstances.

Pour la suite du mois de juillet, la canicule devrait se déplacer vers le centre des Etats-Unis, du côté des Rocheuses et des grandes plaines du Midwest, selon l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA).

Au Canada, en revanche, des pluies torrentielles s'abattent sur la province de la Nouvelle Ecosse (est), transformant les routes en torrents. Quelque 20.000 clients du fournisseur d'électricité Nova Scotia Power étaient toujours sans courant en milieu de matinée samedi.

Le mois de juillet est en voie de battre le record du mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre, non seulement depuis que l'on prend des mesures mais aussi depuis des « centaines, si ce n'est des milliers d'années », a déclaré à la presse le climatologue en chef de la Nasa, Gavin Schmidt. Cela n'est pas seulement dû à El Niño, le phénomène climatique cyclique qui prend sa source dans l'océan Pacifique et entraîne une augmentation des températures mondiales, a-t-il précisé. Pour ce spécialiste, les températures extrêmes vont persister car « nous continuons d'émettre des gaz à effet de serre dans l'atmosphère ».

(AFP)

Commentaires 20
à écrit le 24/07/2023 à 9:43
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Désolé de vous contredire, mais il ne fait pas si chaud que ça sur la moitié nord de la France, voire de l'Europe. On a même un été un peu pourri sur les bords. Mais c'est tellement plus cool de croire tous les messages alarmistes des médias, griff...

à écrit le 23/07/2023 à 9:21
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Malheureusement, la conscience mondiale n'existe pas: s'entrechoquent seulement les émotions et les cupidités....On connait les pays les plus pollueurs, les sites les plus polluants, les activités les plus polluantes: Se posent aussi les questions au...

à écrit le 23/07/2023 à 9:05
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La France toujours prête a se tirer une balle dans le pied pour masquer la seule cause de tous les dérèglements climatiques et sociaux; un monde passé de 2 milliards en 1950 à 8 milliards en 2022. On ne peut pas nourrir et transporter 8 milliards d'i...

à écrit le 23/07/2023 à 8:58
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Bref ! S'ils veulent rester dans le club select du G20, il faut faire de la monnaie avant tout ! ;-)

à écrit le 23/07/2023 à 8:22
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Tellement de mégas riches qui ont tellement d'influences sur les politiciens de tous les pays et tellement d'intérêts à polluer de façon générale, après eux le déluge, Nietzsche avait prévenu seuls ceux qui avaient de l'esprit auraient du posséder ma...

à écrit le 23/07/2023 à 7:24
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Un sujet brûlant jamais abordé : Quelle perception ont les pays exportateurs de fossiles de notre "transition énergétique" ? On navigue dans une rhétorique quasi religieuse qui suppose que tous les humains sur terre seraient évidemment d'accord pour ...

le 23/07/2023 à 11:15
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@OfficierFred. Eh bien voilà une réaction pleine de bon sens et d'intelligence, quel bien ça fait. Un grand Merci. Bien à vous.

le 23/07/2023 à 15:16
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Pas mieux.

à écrit le 22/07/2023 à 22:24
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Les pays riches doivent sacrifier leur économie de toute manière apocalypsogène au profit des énergies renouvelables et surtout oeuvrer pour des économies d'énergie. Ils doivent donner Le Cap. Les pays riches doivent montrer l'exemple. S'il ne le fon...

le 23/07/2023 à 11:25
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Ça n'est pas aussi simple que cela. La situation de la planète en fin de siècle ne dépendra pas tant de ce qui sera fait dans les pays développés (exemple OCDE) d'ici là, mais plutôt de ce qui sera réalisé dans les pays émergents (y compris en Chine ...

à écrit le 22/07/2023 à 21:21
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Le sujet est clos. POINT. En gros : "Demerden sie sich".

à écrit le 22/07/2023 à 21:09
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La doxa ambiante persiste alors qu'il y a une vision alternative du "développement durable" (certes, un abus de langage aujourd'hui) sur le plan économique. Celle-ci est basée sur une conception systémique de l’économie, selon laquelle le capital nat...

à écrit le 22/07/2023 à 20:01
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Bonjour, Et oui , ils est difficile de réduire les énergies fossiles... Surtout dans les pays pauvres... Maintenant, nous devons imposée une taxe au frontière sur les énergies carbonées... Que dire de la Chine et autre pays par le monde... Maint...

le 22/07/2023 à 20:16
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Les pays pauvres voilà les coupables. Un peu de sérieux les vrais enjeux sont dans nos pays et nos importations... le reste ??? Peanuts. Après je vous rassure vu que tous les modèles sont entrain d'exploser la planète va vite siffler la fin de ...

à écrit le 22/07/2023 à 19:48
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Un monde de bla-bla et un vrai monde. Devinez dans quel monde évoluent nos représentants..

à écrit le 22/07/2023 à 19:12
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Tellement de mégas riches qui ont tellement d'influences sur les politiciens de tous les pays et tellement d'intérêts à polluer de façon générale, après eux le déluge, Nietzsche avait prévenu seuls ceux qui avaient de l'esprit auraient du posséder ma...

le 22/07/2023 à 20:18
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Les mégas riches s'en tapent. Les émeutes viendront du bas comme toujours

le 22/07/2023 à 20:32
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2023 - 1972 = 51 ans et non pas 40 ans. Qui élit les politiques? Qui a vénéré la société de consommation durant des décennies? Seulement les riches? Qui s'est laissé aussi facilement "éduquer à l'ignorance "? Qui a vénéré, dans un souci utopique de g...

le 23/07/2023 à 8:41
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Bon quand vous voulez pour diffuser mes messages d'amitiés aux nostalgiques du troisième reich svp, merci.

à écrit le 22/07/2023 à 19:11
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Hahaha, pendant que l'Europe baveuse bien à gauche se suicide, les mêmes découvrent que l'inde et la chine font open bar au charbon et que c'est un tiers de l'humanité, alors on va bientôt découvrir les torcheres africaines mais qui ne donnent ...

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