En visite en Arabie Saoudite, Xi Jinping avance ses pions dans le Golfe (5G, armée...)

Le président chinois Xi Jinping clôt ce vendredi une visite de trois jours en Arabie Saoudite. Au menu : près de 30 milliards de dollars de contrats signés avec son principal fournisseur de pétrole. Au-delà de l'énergie, Pékin tente de pousser ses exportations militaires et technologiques dans le Golfe, longtemps restées le cœur de la politique étrangère américaine.
Le roi saoudien Ben Salmane et Xi Jinping lors d'une rencontre à Riyad jeudi.

Xi Jinping a repris goût aux voyages. Après deux ans sans avoir quitté le sol chinois, Xi Jinping achève ce vendredi une visite de trois jours en Arabie Saoudite, après l'Ouzbékistan en septembre et l'Indonésie pour le G20 en novembre. Autant de destinations soigneusement choisies pour y renforcer les intérêts de la deuxième économie du monde.

Comme prévu, les questions économiques ont dominé les échanges à Riyad. Comme c'est d'usage lors de telles tournées diplomatiques, une vingtaine de contrats ont été signés selon les médias saoudiens pour une valeur de plus de 27 milliards de dollars. Ces accords portent sur les infrastructures en associant l'Arabie Saoudite à l'initiative chinoise des « nouvelles routes de la soie » et évidemment sur l'énergie.

Premier fournisseur de pétrole de Pékin

L'Arabie saoudite demeure le principal fournisseur de pétrole de la Chine, une ligne d'approvisionnement que Pékin veut sécuriser dans un contexte d'incertitudes économiques et géopolitiques. Le Royaume est également la principale destination des investissements chinois (20%) au Moyen-Orient. Xi Jinping ne se contente pas d'échanger avec la famille royale saoudienne, mais tisse sa toile auprès des autres pays du Golfe.

Ce vendredi, le président chinois participe à deux sommets distincts. D'abord avec les six Etats du Conseil de Coopération du Golfe riches (Qatar, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et aussi les Saoudiens), dont Pékin est le premier partenaire commercial sur fond d'échanges dominés par les énergies fossiles. Une autre rencontre, plus large, se tient dans la journée avec d'autres dirigeants du monde arabe dont les chefs d'Etat d'Egypte, de Tunisie et les Premiers ministres d'Irak et du Maroc.

Plus que des contrats d'énergie

La coopération économique sino-arabe dépasse le simple cadre de l'énergie et s'étend à la technologie et même à l'équipement militaire. Les Emiratis disent vouloir commander à la Chine 12 avions militaires, un contrat annoncé en février alors que ses négociations avec Washington pour l'achat de F-35 patinent.

En mars, Pékin a par ailleurs signé un contrat avec Riyad pour lui fournir des drones militaires. Les Etats de la région s'intéressent également à la technologie 5G chinoise, notamment les monarchies les plus fortunés qui rêvent de bâtir de nouvelles villes intelligentes.

Autant d'initiatives qui ne laissent pas Washington de marbre. L'alliance historique entre les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite connaît de profondes tensions depuis que Riyad a refusé cet automne d'augmenter la production de pétrole à la demande de Joe Biden pour faire retomber les cours du brut.

Réaction de Washington, premier partenaire militaire dans la région

Les Etats-Unis s'agacent aussi de voir que leur partenaire saoudien ne s'aligne pas sur sa stratégie d'isolement de l'économie russe en pleine guerre en Ukraine, notamment par un plafonnement du prix du baril russe que seul le G7 applique depuis vendredi dernier.

Washington se méfie donc de voir Pékin avancer ses pions auprès d'un Etat théoriquement allié mais actuellement brouillé. Jeudi, la Maison Blanche a rappelé qu'elle suivait attentivement les initiatives de la diplomatie chinoise dans cette région qui a longtemps été le cœur de la politique étrangère américaine.

« Nous sommes conscients de l'influence que la Chine veut gagner dans le monde entier », dont le Moyen-Orient, a affirmé mercredi John Kirby, un des porte-parole de Joe Biden sur les questions internationales. Avant de rappeler que l'administration américaine ne comptait demander « à aucun pays de choisir entre les Etats-Unis et la Chine ». Mais les Etats-Unis sont selon lui « bien placés pour dominer cette compétition stratégique ».

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Commentaires 2
à écrit le 09/12/2022 à 20:56
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L'Arabie Saoudite se prépare à des jours difficiles avec l'oncle Sam. L'Irak devrait revenir en force 💪.

à écrit le 09/12/2022 à 14:22
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Ne manquez pas de lire "Oxymore" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. L'auteur observateur attentif de la Chine, le pays de son père, nous dévoile les desseins secrets de la Chine avec l'installation de la 5G en France. Vous découvrirez un très "croust...

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