Etats-Unis : une gouverneure de la Fed ferme la porte à une baisse des taux en 2024

Malgré les attentes des marchés financiers, une gouverneure de la banque centrale américaine a déclaré hier n'envisager aucune baisse des taux directeurs cette année. Un point du vue qui contraste avec celui des responsables de la Banque centrale européenne qui envisagent une première baisse des taux directeurs en juin.
Pour rappel, la Fed a, le 1er mai, maintenu ses taux dans la fourchette de 5,25 à 5,50%.
Pour rappel, la Fed a, le 1er mai, maintenu ses taux dans la fourchette de 5,25 à 5,50%. (Crédits : Reuters)

Le point de vue peut étonner à l'heure où la plupart des experts anticipent dans un futur proche un assouplissement de la politique monétaire des banques centrales du monde entier. Mais selon, Michelle Bowman, une gouverneure de la banque centrale américaine (Fed), ce scénario ne semble pas être privilégié.

Une affirmation qu'elle a partagée vendredi dans une interview accordée à l'agence de presse économique Bloomberg. La gouverneure a aussi précisé qu'elle s'attendait à ce que les taux, qui sont depuis juillet au plus haut depuis plus de 20 ans, restent à ce niveau « plus longtemps ». « Cela reste mon scénario de base », a-t-elle averti.

L'inflation américaine en cause

Pour rappel, la Fed a, le 1er mai, maintenu ses taux dans la fourchette de 5,25 à 5,50%. Quelques mois plus tôt, pourtant, la Réserve fédérale envisageait de commencer à les baisser dans le courant de l'année. Mais le rebond de l'inflation américaine depuis janvier l'a poussée à reporter ce mouvement, afin d'éviter une nouvelle flambée des prix.

En mars, l'inflation en terre nord-américaine a en effet grimpé à 2,7% sur un an, selon l'indice PCE privilégié par la Fed - celui qu'elle souhaite ramener à 2%. Un chiffre qui grimpe à 3,5% selon un autre indice, le CPI, dont les données pour avril seront publiées mercredi.

 « Plus de temps que prévu »

Fort de ces données, le président de la Fed, Jerome Powell, a donc prévenu qu'il faudrait sans doute « plus de temps que prévu » avant d'avoir confiance dans la baisse de l'inflation, et donc de pouvoir commencer à baisser les taux.

Et ce n'est pas Michelle Bowman qui le contredira : dans son interview à Bloomberg, elle veut en effet observer « plusieurs mois de progrès » avant de pouvoir envisager d'enclencher quelconque baisse. Il lui faudra, dit-elle, « probablement un certain nombre de réunions du comité monétaire de la Fed aussi avant que je sois à l'aise avec ça ». Pour rappel, la Fed se réunit toutes les six semaines.

Lire aussiMalgré le rebond de l'inflation, la Fed maintient ses taux inchangés et écarte une hausse

Début avril, le président de la Fed d'Atlanta, Raphael Bostic s'est aussi montré prudent, tout en étant moins radical que sa consœur. Dans une interview à la chaîne CNBC, le haut cadre a indiqué que l'institution pourrait finalement se contenter d'une seule baisse des taux au dernier trimestre de l'année 2024. Ce, alors que les marchés financiers en espèrent deux ou trois.

A l'origine, lors de la dernière réunion de la Réserve fédérale, le 21 mars dernier, les membres du comité de la Fed (FOMC) avaient annoncé tabler sur trois baisses des taux de 0,25 point de pourcentage cette année. Un chiffre en baisse par rapport à la précédente réunion en décembre dernier, à l'issue de laquelle ils avaient évoqué trois ou quatre baisses afin de ramener les taux à 4,6% à la fin de 2024.

La BCE prêt à baisser ses taux dès le mois de juin

La situation aux Etats-Unis contraste avec celle de la zone euro, où l'inflation devrait revenir à 2% en 2025. Hier, la Banque centrale européenne (BCE) a ainsi jugé « plausible » de commencer à baisser ses taux directeurs en juin, si l'inflation maintient sa trajectoire à la baisse.

« Il a été considéré comme plausible que le Conseil des gouverneurs (...) soit en mesure de commencer à assouplir » ses taux actuellement à leur plus haut « lors de la réunion de juin », explique donc un compte-rendu de réunion de la BCE. Ceci, à la condition que la batterie d'indicateurs supplémentaires dévoilés d'ici là confirment « les perspectives d'inflation à moyen terme », qui voient la progression de l'indice revenir à 2% en 2025, après 2,3% en 2024.

Lire aussiLa BCE persiste et signe : la baisse des taux se profile pour le mois de juin

Cependant, la BCE reste prudente. D'après l'institution, l'incertitude en zone euro demeure sur la désinflation dans les services et les évolutions des salaires, sur l'environnement géopolitique, et sur ce que va justement décider la Réserve fédérale américaine sur ses taux. Dans ce contexte qui n'exclut pas un retour temporaire de l'inflation, « le cycle d'assouplissement de la BCE se poursuivra lentement, probablement à raison de 25 points de base par trimestre », selon les économistes d'Unicredit, interrogés par l'AFP hier.

Pour mémoire, en avril dernier, la BCE a décidé de laisser ses taux inchangés, le principal d'entre eux sur les dépôts campant à 4,0%, c'est-à-dire son niveau atteint en septembre dernier. « Quelques membres » autour de la table du conseil avait tout de même plaidé pour desserrer la vis monétaire dès avril, jugeant que les conditions économiques étaient réunies.

La Banque d'Angleterre sur la même ligne que la BCE

En Angleterre, la perspective d'une baisse des taux dans les prochains mois est aussi un scénario possible. Si la Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu jeudi son taux directeur à 5,25%, elle s'est en revanche dite « optimiste » quant à un reflux de l'inflation qui devrait lui permettre de baisser ses taux dans les prochains mois.

« Avec les progrès réalisés pour s'assurer que l'inflation reste autour de 2% (...), il est probable que nous aurons besoin de baisser les taux lors des prochains trimestres et de rendre la politique monétaire moins restrictive, peut-être plus que prévu par le marché », a ainsi déclaré hier le gouverneur de l'institution, Andrew Bailey, lors d'une conférence de presse. Et d'ajouter : « Un changement du taux d'intérêt en juin n'est ni exclu ni un fait accompli », a précisé le gouverneur de la BoE à la presse.

Lire aussiRoyaume-Uni : l'économie britannique sort de la récession et affiche une croissance plus forte que prévu

Pour rappel, après avoir flambé jusqu'à 11% fin 2022, l'inflation est largement retombée au Royaume-Uni, à 3,2% sur un an en mars La BoE s'attend à ce que l'inflation tombe au mois d'avril vers sa cible de 2%, largement grâce à un abaissement du prix réglementé de l'électricité. Et la croissance britannique s'est établie à +0,6%, lors des trois premiers mois de l'année, alors que les économistes tablaient sur une progression de 0,4%. Le Royaume-Uni sort donc de la récession dans lequel il était tombé fin 2023.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 11/05/2024 à 18:31
Signaler
L' Economie Financière est une structure artificielle qui va de crise en crise

à écrit le 11/05/2024 à 17:59
Signaler
"Etats-Unis : une gouverneure de la Fed ferme la porte à une baisse des taux en 2024" Pendant ce temps J. Powell aux ordres du régime Biden persiste à subventionner les GAFAM (cf. rachats d'obligations privées) aux frais du contribuable américa...

à écrit le 11/05/2024 à 15:19
Signaler
La puissance américaine qui dit aux riches de se calmer.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.