Face au risque de récession et à la pression occidentale, l'Opep+ va-t-elle changer de stratégie ?

L'Opep+, qui réunit ce mercredi les pays membres de l'Opep et les autres producteurs emmenés par la Russie, doit statuer sur un nouvel accord sur son niveau de production. Mise sous pression par les Etats-Unis et l'Europe pour pomper davantage de brut, l'Arabie saoudite doit également tenir compte de la Russie, sous sanctions occidentales, ainsi que du risque de récession de l'économie mondiale, synonyme de baisse de la demande pétrolière.
(Crédits : Reuters)

Les pays de l'Opep+ se réunissent ce mercredi à Vienne pour discuter de leur stratégie de production de pétrole pour les prochains mois, alors que les Etats-Unis et l'Europe depuis des mois une augmentation de leur production.

Jusqu'à présent, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), emmenée par Ryad, et ses alliés conduits par Moscou, ont résisté aux appels à ouvrir davantage les vannes pour juguler l'inflation alimentée par les prix de l'énergie. Mois après mois, les 23 membres s'en sont tenus à des ouvertures marginales de leurs vannes.

Mais l'accord actuel arrive à son terme: sur le papier, ils ont retrouvé les niveaux de production pré-pandémie. Au printemps 2020, le groupe avait choisi de laisser sous terre des millions de barils de pétrole, pour ne pas inonder le marché avec un brut qu'il ne pouvait absorber pour cause d'effondrement de la demande. Ces coupes drastiques font désormais partie du passé et il s'agit de décider d'une nouvelle trajectoire.

Après les rencontres éclair de ces derniers mois, "il y a beaucoup plus d'incertitude cette fois-ci", note Craig Erlam, analyste chez Oanda.

Prévue par visioconférence, la réunion doit débuter à 15 heures à Vienne (Autriche), au siège du cartel.

Riyad sous pression

Comment l'Arabie saoudite, chef de file de facto de l'alliance et un des seuls membres à disposer de capacités de production supplémentaires, va-t-elle répondre à la requête de la Maison Blanche et aux diverses pressions occidentales? Loin de ses propos sur un Etat "paria" après l'assassinat du journaliste dissident Jamal Khashoggi, Joe Biden s'est rendu pour la première fois en tant que président des Etats-Unis en Arabie saoudite mi-juillet. Son objectif: convaincre le royaume de pomper davantage pour freiner l'envolée des prix du carburant.

Lire aussiJoe Biden à Riyad : les leçons d'un échec

"Ryad et ses alliés devront décider s'il convient d'accéder à sa demande en augmentant sensiblement leur production ou de faire preuve de solidarité envers la Russie en gardant la même ligne", résume Tamas Varga, chez PVM Energy.

La réunion montrera si "le groupe est encore uni, à quel point il est déterminé à rééquilibrer le marché et si le président Biden a une quelconque influence sur le cartel", abonde Craig Erlam.

La semaine dernière, le président français Emmanuel Macron était lui aussi à la manœuvre en recevant le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Lire aussiAprès Joe Biden, Emmanuel Macron courtise à son tour Mohammed ben Salmane

A l'issue d'une rencontre dénoncée par les défenseurs des droits de l'Homme, les deux dirigeants ont dit souhaiter "intensifier la coopération" pour "atténuer les effets en Europe, au Moyen-Orient et dans le monde" de la guerre en Ukraine.

Le risque d'une chute des cours en cas de récession

Mais la récente baisse relative des prix du pétrole, sur fond de craintes de récession, pourrait pousser l'Opep+ à jouer la prudence. Les deux références mondiales du brut évoluent autour du seuil des 100 dollars le baril, loin des sommets atteints début mars - le Brent de la mer du Nord avait culminé à 139,13 dollars et le WTI américain à 130,50 dollars. D'autant que le cartel profite de la donne actuelle: l'économie de l'Arabie saoudite a enregistré une forte croissance au deuxième trimestre 2022, dopée par l'or noir.

Quelle que soit la décision prise, elle "risque d'avoir peu d'impact" sur les marchés, avertit Craig Erlam. L'alliance peine en effet à respecter les quotas affichés, du fait de crises politiques à rallonge ou encore du manque d'investissements et d'entretien des infrastructures pendant la pandémie. La production russe, sous le joug des sanctions occidentales en lien avec l'invasion de l'Ukraine, est également diminuée.

Dans ces conditions, l'une des solutions pour l'Opep+ serait d'autoriser les pays qui le peuvent, notamment l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, à augmenter leur production pour compenser les pertes de production des autres pays producteurs, tout en gardant le niveau total de production.

(avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 03/08/2022 à 15:11
Signaler
Quand bien même le cartel doperait sa production il faudra raffiner ce pétrole et faute d'investissements des compagnies pétrolières dans le raffinage sur fond de bashing des énergies fossiles cela sera impossible. Donc la crise énergétique est inév...

à écrit le 03/08/2022 à 9:20
Signaler
Nous sommes à la merci des producteurs de pétrole et les sanctions sur énergie sur la Russie on va tout le droit dans le mur nous le constatons pot de terre contre fer

à écrit le 03/08/2022 à 9:20
Signaler
Nous sommes à la merci des producteurs de pétrole et les sanctions sur énergie sur la Russie on va tout le droit dans le mur nous le constatons pot de terre contre fer

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.