Après Joe Biden, Emmanuel Macron courtise à son tour Mohammed ben Salmane

Le président français veut renouer avec l'Arabie Saoudite, membre du G20, acteur majeur du marché pétrolier et pièce maîtresse du jeu diplomatique du Moyen Orient. Riyad est devenu incontournable dans un monde bouleversé par le conflit ukrainien, qui alimente la crise énergétique, une inflation inédite et de nouvelles tensions internationales.
Le président français, Emmanuel Macron, accueillant  au palais de l'Elysée Mohammed ben Salmane le prince héritier du Royaume de l'Arabie saoudite.
Le président français, Emmanuel Macron, accueillant au palais de l'Elysée Mohammed ben Salmane le prince héritier du Royaume de l'Arabie saoudite. (Crédits : Reuters)

Depuis l'assassinat, le 2 octobre 2018, du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, critique du pouvoir royal saoudien, dans les locaux du consulat de l'Arabie saoudite à Istanbul (Turquie), le prince héritier Mohammed ben Salmane, dit MBS, accusé d'en être le commanditaire, était persona non grata dans les démocraties occidentales.

Mais, depuis, le contexte international a changé, en raison d'une crise énergétique qui s'est amplifiée depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Ainsi, le président des Etats-Unis Joe Biden s'est rendu récemment au Royaume pour normaliser les relations. Jeudi, MBS était reçu par le président français Emmanuel Macron pour un « dîner de travail » à l'Elysée.

« Intensifier la coopération »

S'il n'y a rien de concret qui a filtré de cette réunion, les deux responsables politiques ont indiqué vouloir « intensifier la coopération » pour « atténuer les effets en Europe, au Moyen-Orient et dans le monde » du conflit ukrainien, a fait savoir la présidence française.

Le président français a souligné « l'importance de poursuivre la coordination engagée avec l'Arabie saoudite dans la perspective de la diversification des approvisionnements énergétiques des Etats européen». Le Royaume saoudien est le premier exportateur mondial de brut avec la Russie, mais est le seul pays producteur de pétrole à disposer de capacités d'extractions de pétrole supplémentaires, évaluées à 2 millions de barils par jour, estiment les experts.

Depuis l'invasion, les pays occidentaux cherchent à convaincre, sans succès, l'Arabie saoudite d'ouvrir les vannes afin de soulager les marchés, et calmer les prix du baril qui ont dépassé durant des mois le seuil des 100 dollars, ce qui a provoqué une hausse de l'inflation à travers le monde, notamment aux Etats-Unis, où elle a atteint des sommets inégalés en 40 ans (9,1% en juin sur un an), mettant sous pression le gouvernement avant les élections de mi-mandat cette année.

Ryad justifie son refus en invoquant ses engagements vis-à-vis de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP+), l'alliance pétrolière qu'il codirige avec Moscou.

Précédé par le nouveau président des Emirats arabes unis

La semaine dernière, Emmanuel Macron a reçu à Paris le nouveau président des Emirats arabes unis, Mohammed ben Zayed al-Nahyane, pays membre lui aussi de l'Opep et engagé également dans l'accord Opep+, disposant lui aussi de capacités supplémentaires de production. Les deux pays ont ainsi signé à cette occasion un « accord de partenariat stratégique global sur la coopération énergétique ».

Autre point de la discussion, la guerre au Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique où l'Arabie saoudite, avec les Emirats Arabes Unis, est enlisée depuis plus de sept années dans un affrontement avec les Houthis, des rebelles proches de l'Iran, et dont le coût humain et financier ne cesse de croître. Lors du dîner de travail, Emmanuel Macron a « salué les efforts » de l'Arabie saoudite « en faveur d'une solution politique, globale et inclusive sous l'égide des Nations Unies ». La guerre a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés. Une trêve nationale, en vigueur depuis début avril, a donné un peu de répit à une population confrontée à l'une des pires tragédies humanitaires au monde et à une situation de quasi famine.

La visite du prince héritier à l'invitation de l'Elysée a scandalisé les défenseurs des droits de l'Homme et la gauche en France, qui ont accusé Emmanuel Macron de sacrifier les droits de l'Homme au « pragmatisme » économique.

« Je pense que les Français ne comprendraient pas, dans un contexte où l'on sait que la Russie coupe, menace de couper et recoupe l'approvisionnement en gaz (...) qu'on ne discute pas avec les pays qui sont précisément producteurs d'énergie », s'est défendu la Première ministre Elisabeth Borne, affirmant qu'il ne s'agissait pas de « remettre en cause notre engagement en faveur des droits de l'Homme ».

Dans le communiqué publié à l'issue de la rencontre, le dernier paragraphe mentionne cette question, de manière lapidaire : « dans le cadre du dialogue de confiance entre la France et l'Arabie saoudite, le Président de la République a abordé la question des droits de l'Homme en Arabie ».

(avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 31/07/2022 à 22:57
Signaler
Bonjour, ( petit histoire) La France a refusé de vendre des char Leclerc, ils y a quelques années a se pays ... S'est vrais, s'est tellement mieux qu'ils dépense leur pétrole dollars en char américains, voir allemand... Bien sûr, comme cela cela ,...

à écrit le 30/07/2022 à 10:07
Signaler
M0hammed ben Salm9ne tient tout simplement l'Eur0pe dans sa mains. Derrière ces invitati0ns se cache tout simplement une d6mande l'aumône. Pitoyable sachant que la Russ1e est prête à nous fournir en pétr0le et gaz pour pas cher, mais à la demande d...

à écrit le 29/07/2022 à 18:55
Signaler
De toutes façons, s'ils veulent vendre leur pétrole un bon prix, l'Occident est tout désigné. Si nos économies s'écroulent, ils s'écroulent aussi. La suite, c'est la guerre. A suivre attentivement ce qui va se passer au Moyen Orient, ce qui est auj...

le 30/07/2022 à 7:48
Signaler
est il plus frequentable que m poutine non mais ceci sera pour l 'HISTOIRE

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.