Fuite des capitaux : la Chine s'attaque aux investissements directs à l'étranger

La Chine veut contrôler les investissements directs à l'étranger, en hausse de plus de 50% depuis le début de l'année. Pékin y voit une manière détournée pour les entreprises chinoises de faire sortir des capitaux du pays.
Anaïs Cherif
Pékin veut entre autres limiter les "méga-acquisitions" de plus de 10 milliards de dollars (soit 9,43 milliards d'euros).

Acquérir du savoir-faire et de la technologie... Les entreprises chinoises étaient jusqu'ici largement incitées à investir à l'étranger. Mais Pékin veut freiner la cadence. La deuxième économie mondiale souhaite contrôler davantage les investissements directs à l'étranger de ses entreprises, selon le Wall Street Journal. Objectif : limiter les fuites de capitaux.

Trois types de restrictions pourraient être appliquées jusqu'à septembre 2017 :

  • interdiction des "méga-acquisitions" de plus de 10 milliards de dollars (soit 9,43 milliards d'euros)
  • interdiction des investissements immobiliers de plus de 1 milliard de dollars pour les entreprises d'Etat
  • interdiction des investissements de plus de 1 milliard de dollars qui sortent du coeur d'activité de l'entreprise chinoise acheteuse

Et ce n'est pas tout. Les paiements à l'étranger de plus de 5 millions de dollars devront également être approuvés par Pékin, selon l'autorité des opérations étrangères de Shanghaï, rapporte le South China Morning PostDes responsables de la Commission nationale pour le développement et la réforme, du ministère du Commerce, de la Banque populaire de Chine et de l'Administration nationale du contrôle des changes (SAFE) ont déclaré que Pékin continuerait d'encourager une saine augmentation des investissements à l'étranger, a rapporté l'agence officielle Xinhua selon Reuters.

Hausse des investissements directs à l'étranger depuis 2014

Depuis 2014, les investissements directs à l'étranger des entreprises chinoises ont explosés dans tous les secteurs - de l'hôtellerie à la haute technologie. Ils avoisinent déjà les 146 milliards de dollars depuis le 1er janvier 2016. Un chiffre en hausse de plus de 50% par rapport à la même période l'an passé, selon les chiffres officiels rapportés par le Wall Street Journal. En février, le géant chinois ChemChina annonçait par exemple son désir de racheter l'agrochimiste suisse Syngenta pour 43 milliards de dollars (soit 37,9 milliards d'euros).

L'élément déclencheur de cette frénésie : la dépréciation du yuan face au dollar, entamée en 2014 après une décennie de hausse face au billet vert. A la mi-novembre, le yuan a atteint son plus bas depuis 6 ans. Cette baisse du renminbi - nom officiel de la monnaie chinoise - fait craindre à Pékin une fuite des capitaux. Selon Bloomberg, l'équivalent de 1.000 milliards de dollars ont quitté la Chine en 2015. Soit sept fois plus qu'en 2014.

| LIRE AUSSI : L'effet Trump pousse le yuan au plus bas depuis 6 ans face au dollar

Anaïs Cherif
Commentaire 1
à écrit le 03/12/2016 à 17:07
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"Acquérir du savoir-faire et de la technologie...", plutôt "placer" (planquer) du pognon à l'Ouest pendant qu'il en est encore temps.

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