Gaza  : l'aide humanitaire attendue va pouvoir transiter par l'Egypte

L'aide humanitaire attendue par les Palestiniens de la bande de Gaza va pouvoir commencer à transiter par le passage de Rafah, à partir de l'Egypte voisine de l'enclave. Le président américain Joe Biden dit avoir obtenu l'accord du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
L'eau et la nourriture manquent pour les 2,4 millions d'habitants de Gaza, privés aussi d'électricité, après le siège imposé par Israël depuis le 9 octobre à l'enclave.
L'eau et la nourriture manquent pour les 2,4 millions d'habitants de Gaza, privés aussi d'électricité, après le siège imposé par Israël depuis le 9 octobre à l'enclave. (Crédits : IBRAHEEM ABU MUSTAFA)

Le président américain Joe Biden n'a pas fait qu'apporter son soutien à Israël lors de sa visite éclair à Tel-Aviv. Il a aussi affirmé avoir obtenu du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de « laisser jusqu'à 20 camions traverser » au passage de Rafah, le seul qui ne soit pas contrôlé par Israël. Toutefois, cette aide ne pourra vraisemblablement pas arriver avant vendredi en raison de travaux à faire sur la route, détruite par les bombardements israéliens. L'eau et la nourriture manquent pour les 2,4 millions d'habitants de Gaza, privés aussi d'électricité, après le siège imposé par Israël depuis le 9 octobre à l'enclave, déjà soumise à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

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Biden a averti Israël de ne pas faire les « erreurs » américaines après le 11-Septembre

Le porte-parole de la présidence égyptienne a confirmé que  Abdel Fattah al-Sissi et Joe Biden, qui se sont entretenus au téléphone mercredi soir, s'étaient mis d'accord « sur l'acheminement de l'aide humanitaire vers la bande de Gaza via le terminal de Rafah, de manière durable ». Auparavant, le président américain avait assuré qu'Israël avait donné son feu vert. « Israël n'empêchera pas l'aide humanitaire depuis l'Egypte tant qu'il s'agit de nourriture, d'eau et de médicaments pour la population civile dans le sud de la bande de Gaza », avait confirmé le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Le président américain a aussi averti Israël de ne pas faire les « erreurs » américaines d'après le 11-Septembre. « Ce qui nous distingue des terroristes est que nous croyons en la dignité fondamentale de chaque vie humaine », a déclaré Joe Biden. Si cela n'est pas respecté, « alors les terroristes gagnent ».

Israël a mis une condition. Cette aide ne transitera pas par son territoire, tant que les otages détenus par le Hamas ne seront pas libérés. Le mouvement palestinien affirme détenir entre 200 et 250 otages, au moins 199, selon Israël. Par ailleurs, les Etats-Unis ont mis leur veto mercredi à une résolution du Conseil de sécurité qui appelait à une « pause humanitaire », Washington reprochant au texte de ne pas mentionner le « droit d'Israël à se défendre ». A Pékin, le président chinois Xi Jinping a déclaré de son côté au Premier ministre égyptien que son pays souhaitait « travailler avec l'Egypte afin d'apporter plus de certitude et de stabilité à la région et au monde ».

L'ONU demande qu'une centaine de camions arrivent quotidiennement à Gaza,

Si l'accord communiqué par Washington marque une avancée, la quantité d'aide annoncée reste très loin des besoins signalés. Le directeur des affaires humanitaires de l'Onu, Martin Griffiths, a déclaré mercredi devant le Conseil de sécurité que l'objectif onusien était d'avoir une centaine de camions d'aides arriver quotidiennement à Gaza, comme c'était le cas avant le début du conflit. De son côté, la Russie annonce la livraison prochaine de 27 tonnes d'aide humanitaire aux civils.

Joe Biden va aussi s'adresser ce soir aux Américains depuis le Bureau ovale sur la « réponse des Etats-Unis aux attaques terroristes du Hamas contre Israël et à la brutale agression de l'Ukraine par la Russie », a fait savoir mercredi sa porte-parole Karine Jean-Pierre. Selon une source proche des discussions interrogée mardi par l'AFP, la Maison Blanche veut réclamer une enveloppe commune de 100 milliards de dollars pour l'Ukraine, Israël, Taïwan et la crise migratoire à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Or si les adversaires républicains de Joe Biden sont hésitants sur l'aide militaire à l'Ukraine, ils sont au contraire les premiers à réclamer un appui musclé à Israël, une posture plus décidée sur l'immigration, et une attitude très ferme face à la Chine.

Le bilan humain à l'hôpital de Gaza reste incertain

Par ailleurs, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien, la frappe mardi soir sur l'hôpital Ahli Arab, dans le centre de Gaza, a fait au moins 471 morts parmi des déplacés du conflit qui s'abritaient dans l'enceinte de l'établissement. Probablement beaucoup moins, a toutefois affirmé un haut responsable européen du renseignement, évoquant sous couvert de l'anonymat d'un maximum de 50 morts.  Les photos et vidéos de l'AFP montrent des dizaines de corps dans des draps, des sacs mortuaires noirs ou sous des couvertures. Dans une vidéo authentifiée par l'AFP, on voit des flammes s'élever dans la nuit de ce qui semble être la cour d'un bâtiment.

Photos à l'appui, un porte-parole de l'armée israélienne Jonathan Conricus a répété que « ce n'est pas une bombe israélienne car il n'y a pas de cratère sur les photos » lors d'un point de presse dans la nuit de mercredi à jeudi. Joe Biden a aussi mis hors de cause son allié américain. « Sur la base des informations que nous avons eues jusqu'à maintenant, il semble que (la frappe) soit le résultat d'une roquette hors de contrôle tirée par un groupe terroriste à Gaza », a déclaré le locataire de la Maison Blanche, qui assure avoir des éléments probants venant du Pentagone.

La rue arabe crie sa colère

Selon le Jihad islamique, un groupe allié du Hamas, classé comme lui organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, c'est une bombe larguée par un avion de l'armée israélienne qui a causé la tragédie. Des milliers de personnes ont manifesté mercredi en soutien aux Palestiniens au Caire, près de l'ambassade d'Israël à Amman, et à Tunis devant l'ambassade de France, l'un des pays accusés d'être des « alliés des sionistes » dans cette guerre. Des Palestiniens ont aussi manifesté en Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, aux cris de « Libérez, libérez la Palestine ». La tension est forte aussi à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, ainsi qu'en Cisjordanie où 64 Palestiniens, dont 18 enfants, ont été tués depuis le 7 octobre, selon le dernier bilan de l'ONU.

(Avec agences)

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